Centrafrique : rupture de l’ordre constitutionnel…..

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Éditorial du quotidien L’hirondelle du 28 Octobre 2022

RCA : Rupture de l’ordre constitutionnel…

En Centrafrique, plus rien ne sera comme avant. Depuis la destitution illégale de Danielle Darlan, Président de la Cour constitutionnelle, l’ordre républicain est rompu. Si les juristes disent qu’en dehors du cadre de la loi, c’est l’anarchie, nous y sommes de plus belle depuis quelques jours.

Le pouvoir de Bangui qui vient d’ouvrir cette nouvelle fracture politico-juridique et institutionnelle par sa grande soif de créer un empire dans la République, sera tenu pour seul responsable devant le Peuple et devant l’histoire.

Comment comprendre cet inquiétant recul démocratique pendant que de plus en plus les peuples commencent à manifester une réelle soif de justice, d’équité, d’égalité et de libertés ? Les derniers événements survenus en Centrafrique témoignent à suffisance le caractère foncièrement cynique et ostentatoirement tyrannique du régime du Professeur Faustin Archange Touadera ; lequel croit détenir de Dieu le pouvoir de régner à vie et sans partage.

En plus d’avoir créé par cette boulimie un vrai choc politico-juridique et institutionnel, le régime a aussi systématiquement détruit tous les acquis de liberté en Centrafrique. Le Père fondateur Barthélémy Boganda et le Docteur Conjugo seraient donc morts pour rien. A défaut de souiller leurs mémoires, le pouvoir tyrannique de Bangui leur a infligé une seconde mort.

Face à cette nouvelle forme de gouvernement imposée par l’ogre de Bangui, il est donc bien difficile de parler de l’exercice légal de la lutte démocratique. Car, si la Loi est le rempart des citoyens, le dernier coup d’État constitutionnel vient de placer le Peuple dans une situation où il est contraint de vivre sans un défendant.

Des jours après la manœuvre dilatoire du régime contre la Loi et ceux qui l’incarnent, il est ostentatoirement offensant de constater le mutisme des partenaires du pays ainsi que des institutions régionales et sous-régionales. Tout se passerait comme si de façon tacite le coup d’État constitutionnel est salué par les uns et les autres. Le Peuple doit prendre acte !

Après avoir fait sauter « Danielle », c’est clair que dans le viseur, le pouvoir aura à imposer la répression de toutes les voix discordantes. Le nouveau régime de terreur qui a su s’imposer, pourra contraindre des opposants, des leaders de la société civile à l’exil.

D’ailleurs, dans son dernier rapport, Reporters Sans Frontières (RSF) faisait déjà mention des graves atteintes à la liberté de la presse en Centrafrique. Tous ces indicateurs témoignent que l’ordre républicain est déjà rompu. A nous de tirer toutes les conséquences.

Au regard de ce tableau sombre, il y a surtout le sentiment d’autosuffisance du pouvoir, qui croit écraser pour mieux gouverner. La seule bonne nouvelle est que l’histoire de ce pays n’est jamais effacée. Hier, il y eut des régimes réfractaires au respect des principes et des lois, leur fin a été toute aussi peu glorieuse. Ce que l’on ne saurait souhaiter pour le Président Touadera. En persévérant dans son entêtement, le Chef de l’Etat doit se laisser convaincre qu’il a définitivement rompu avec son Peuple.

LHRD…

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