Centrafrique : révélations sur les en – dessous des bruits de bottes en cours….

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CENTRAFRIQUE: JUSTE AU MOMENT OU UNE COALITION REBELLE S’ACTIVE DANS LA LOBAYE, LES GROUPES ARMÉS LES PLUS REPRÉSENTATIFS ET MALÉFIQUES SUSPENDENT LEUR PARTICIPATION Á L’ACCORD DE KHARTOUM ET AUX PROCESSUS DE PAIX ET DE DDRR
Par Patrick Pèlato et Jean-Pierre Wakéré

La communication zéro du gouvernement sur la situation qui prévaut dans la Lobaye démontre s’il en est besoin que le président Touadéra et ses hommes qui croient diriger le pays ne maîtrisent plus rien, ils ne sont au courant de rien, ils n’ont plus les bonnes informations et manquent de capacités d’investigations, de prospectives et d’anticipation sur les évènements. Cela est d’autant vrai que l’ancien président François Bozizé Yangouvonda avait quitté le lointain Ouganda qui n’a pas de frontières directes avec la RCA et est venu entré tranquillement à Bangui, sans que Touadéra, à travers ses services et institutions de renseignements, ne soient capables d’alerter. Ils n’étaient simplement pas au courant. Et le ministre de l’Incommunication, porte-silence du gouvernement, ainsi que le porte-parodie de la présidence de la République, avaient balbutié aux micros des journalistes qui leur étaient tendus, allant jusqu’à parler de « simples rumeurs » (sic) ce que le banguissois lambda savait déjà comme une vérité irréfragable. Y a-t-il encore un capitaine, un matelot et un patron-barreur dans le bateau Centrafrique?
Selon plusieurs sources concordantes dont celles indépendantes, des hommes armés et bien organisés, se trouveraient à cheval sur la RCA et le Congo-Brazzaville, depuis presque un (1) an, quelque part dans la Lobaye. Des recrutements auraient été faits très discrètement et les recrues seraient pour la plupart des anciens miliciens anti-balaka, des anciens militaires retraités de force ou par erreur.
Les lieutenants de l’ancien comzone anti-balaka de la Lobaye Alfred Yékatom alias Rombhot, détenus à la CPI depuis un (1) an, seraient les principaux agents recruteurs, sinon des chargés de mission pour le travail de casting. Et apparemment, tout se serait bien placé parce que les recrues sont pour la plupart des gens qui savent manier des armes de guerre. Parmi eux, il y aurait plusieurs spécialistes des armes lourdes qui ont été envoyés à la retraite sans la moindre précaution, alors qu’ils n’auraient pas encore des remplaçants de ces soldats expérimentés. Ces rebelles se ravitailleraient régulièrement dans les localités qui leur sont proches et seraient déjà en contact avec les faux bergers qui ont envahi la Lobaye avec leurs troupeaux de bœufs.
De mémoire de Centrafricain, c’est pour la première fois dans l’histoire de la Lobaye que des peuls et bergers ont fait de la Lobaye leur zone de pâturage idéale.
De mémoire de chercheur, c’est pour la première fois que des bergers gardiens de bœufs se munissent d’armes de guerre de destructions massives pour protéger leurs bœufs dans la Lobaye. Hier, ils n’étaient pas nombreux et ils détenaient seulement des chicottes (sahourou), des bâtons, et rarement des arcs et flèches pour accompagner leurs bœufs au pâturage.
Phénomène bizarre, d’autres hommes armés sont arrivés quatre mois après les bergers et peuls armés convoyeurs de troupeaux de bœufs, avec comme mission de détruire les premiers arrivés. Les nouveaux arrivés assimilés aux peuls ouddas et akous, aux mbarara et autres, venus du Tchad pour la plupart, ont commencé par mener une campagne de dénigrement des premiers qu’ils traitent comme étant des gens très mauvais, qui vont détruire les champs des paysans, tuer à coups d’armes les paysans autochtones victimes des turpitudes des bœufs, au cas où ces autochtones osaient se plaindre ou seraient tentés de se venger. Mais tout cela est faux. C’est une manœuvre trompe-l’œil.
En effet, les localités et villages entiers des communes de Boganangone, Boda, Bogongo-Gaza (Bolemba), Nola (Boucoco), M’Baïki, Pissa (arrondissement de Bobangui) et surtout la Lessè où est implantée la grande société de palmerais dénommée Palme d’Or, sont envahies depuis bientôt un (1) an par des bergers islamisés et hyper-armés, au vu et au su des autorités locales, régionales et nationales. Les premiers arrivés disent à qui veut entendre qu’ils travailleraient pour le président Faustin-Archange Touadéra. Autrement dit, ce sont les bœufs du chairman qu’ils gardent et font grassir pour que la vente puisse lui rapporter gros. Et puisque c’est le nom du chef de l’Etat qui est avancé, personne n’ose leur dire d’aller ailleurs. Certains bergers auraient même présenté à des paysans de la Lobaye des documents individuels signés par le président Touadéra qui les autoriseraient à sillonner le pays dans tous les sens pour paître leurs troupeaux. Mais tout cela est du faux savamment organisé.
En effet, il est possible que ce soit quelqu’un ou un groupe de personnes, proches ou non du chef de l’Etat ou se disant collaborateur de ce dernier, qui ait monté ces documents avec la signature et le cachet officiels du chef de l’Etat, pour extorquer de l’argent à ces bergers. Seulement, la réalité démontre autre chose: les (faux) bergers peuls arrivés les premiers font semblant de dire qu’ils sont persécutés par ceux qui viennent d’arriver et qui sont non seulement leurs coreligionnaires, mais aussi des gens qui savent manier des armes de tout calibre. Ils font semblant de ne pas s’entendre mais bizarrement, ils avancent résolument vers Bangui la capitale. N’eût été la présence des soldats FACA et des mercenaires russes à Bérengo à Bobangui que ces mercenaires déguisés eu bergers peuls seraient déjà arrivés à Bossongo (50 km de la capitale), selon des sources introduites.
Dans les mêmes circonstances de temps et de lieu, des personnes suspectées d’être des rebelles basés à la frontière Congo-RCA et RCA-Tchad, seraient déjà entrées en contact avec les frères ennemis peuls et assimilés (akous, ouddas, mbarara, etc.), tous venus du Tchad et ayant en commun trois choses: le métier de convoyage de bœufs, le maniement des armes, l’expérience des rébellions et mercenariats (tous seraient des anciens « zaraguinas » ou coupeurs de route). On apprend que ce sont les éléments de Martin Koumtamadji alias Abdoulaye Miskine, la plupart de double nationalité (tchadienne et centrafricaine) et parlant couramment trois langues (l’arabe tchadien, le sangö de la RCA et le lingala du Congo) qui seraient ensemble avec ces bergers spéciaux à qui ils apprendraient le chemin et la langue nationale sangö. Du coup, on peut en déduire que tout ce beau monde roule pour une seule personne, sinon une seule cause.
Certes, les Forces armées centrafricaines (FACA) sont allés déloger quelques peuls armés dans le secteur Bobangui après échanges de tirs. Mais reste la situation des affrontements qui auraient eu lieu entre certains éléments de la Garde présidentielle (GP) qui ont été envoyés au front alors que ce n’est pas leur rôle d’être les premiers à aller combattre avant la police, la gendarmerie et les FACA. Il y aurait des morts comme le révèle le compatriote Henri Grothe dans un post. Les épouses des GP tués sur le champ d’honneur sont allées manifester au camp de Roux le vendredi 24 avril dernier pour réclamer la vérité sur les circonstances du décès de leurs maris et la possibilité de récupérer leurs corps pour inhumation dans la dignité. Cela dit ce que ça dit.
On veut nous faire croire que « L’affaire Lobaye » n’est qu’un conflit entre des frères ennemis bergers, mais cela est faux. C’est plus profond que cela. On n’a pas dit la vérité au président Touadéra et les choses risquent de prendre bientôt une autre allure notamment avec les groupes armés qui ont décidé de suspendre leur participation aux activités qui vont dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord de paix de Khartoum. Du coup, ils retirent leurs représentants de toutes les institutions de la République et les organes de mise en exécution, de surveillance et de suivi de l’Accord de paix de Khartoum.
Nous y reviendrons.
Patrick Pèlato et Jean-Pierre Wakéré
Source: MEDIAS+

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