Centrafrique : Responsabilité !

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RESPONSABILITÉ ! [Tribune, Centrafrique, 27.05.2019]

Avertissement

La situation sécuritaire, politique, économique, sociale et humanitaire de la République Centrafricaine va de mal en pis. Jusqu’aux repères, en termes de valeurs et de principes, qui sont totalement brouillés. Il importe cependant, par ces temps sombres, de rappeler le cap, encore et encore, avec toujours le souci du Centrafricain et, comme aiment à l’énoncer ceux qui n’en ont que faire, du peuple souverain. C’est la raison d’être de cette tribune et de celles qui la suivront. Les principes, les valeurs et la perspective qui sont et seront mis en exergue à travers ces tribunes sont ceux qui doivent enfin, selon le collectif Citoyens Debout et Solidaires Centrafrique (CDS-CA), être pris comme socles de la politique nationale, pour une sortie de crise durable, pour une normalisation de la situation politique, économique et sociale de la République Centrafricaine, pour le décollage du pays, enfin. L’auteur de ces tribunes intervient ici en sa qualité de membre et Président du collectif Citoyens Debout et Solidaires Centrafrique (CDS-CA).

La tribune

Le pouvoir ne confère pas seulement la puissance, il impose aussi la responsabilité, c’est-à-dire l’obligation de répondre des actes de puissance ainsi que de leurs conséquences et l’obligation d’employer cette puissance dans l’intérêt du plus grand nombre et pour la protection des citoyens.

Du moins devrait-il en être ainsi dans un Etat qui prétend être un ordre constitutionnel démocratique.

Un pouvoir qui ignore la responsabilité est un pouvoir arbitraire, tyrannique, parce qu’obéissant uniquement au bon vouloir du Prince.

Un pouvoir qui se soustrait à sa responsabilité est un pouvoir démissionnaire de fait, qui crée par lui-même les conditions de sa déchéance ou de sa révocation par les citoyens.

La responsabilité est une chaîne, qui va de la plus petite puissance à la plus grande, et dans laquelle un fil continu est tendu entre le sommet du pouvoir et les actes qui sont, soit posés par les représentants de ce pouvoir, soit exécutés en son nom, soit accomplis sous sa juridiction. Briser cette chaîne, rompre ce fil, revient à tronquer la responsabilité, à en faire une coquille vide ou une simple vitrine.

Le degré de responsabilité est fonction du degré de puissance. La responsabilité des subalternes est à leur hauteur, petite et limitée. Celle des chefs doit être à leur grandeur : générale et la plus exigeante.

Le chef est responsable essentiellement parce qu’il est chef, censé exercer les pouvoirs d’un chef : ordonner, contrôler, sanctionner, protéger.

Le chef est responsable des actes posés par les personnes placées sous son autorité, que ce soit parce que ces actes ont été ordonnés par lui ou parce que ce chef n’a rien fait pour empêcher qu’ils soient posés.

La République Centrafricaine d’aujourd’hui est le royaume des pouvoirs sans responsabilité.

Il faut que cela change.

Sidiki est et doit être tenu pour responsable des massacres ignobles – plus de 50 morts – planifiés et commis sur la population civile par ses hommes à Paoua et dans la région ce 22 mai 2019, et il doit en être tiré toutes les conséquences ;

Darassa est et doit être tenu pour responsable des crimes odieux – plus de 120 morts – commis par ses troupes en cette fin avril 2019 à Zangba et dans la région, et il doit en être tiré toutes les conséquences ;

Tout chef de groupe armé est et doit être tenu pour responsable des exactions de ses éléments en arme, commis hier, aujourd’hui ou demain, et il doit en être tiré toutes les conséquences, comme cela a été fait pour Bemba, pour Rambo, pour Ngaissona, pour Andjilo.

Toute autorité de l’Etat, plus particulièrement les plus hautes autorités de l’Etat, à savoir M. Touadéra, Président de la République, M. Ngrébada, Premier Ministre, et M. Ngon Baba, Président de l’Assemblée Nationale, doivent être tenus pour responsables des crimes et des délits qu’ils ont ordonné ou qu’ils ne se sont pas donnés les moyens de prévenir ou de réprimer.

Les autorités nationales de contrôle et de répression ont la responsabilité d’y pourvoir, comme cela a été fait pour Bokassa, à défaut de quoi elles engagent leur propre responsabilité.

Quant à nous, citoyens, notre responsabilité première est d’agir pour que notre pays devienne un Etat où puissance se conjugue avec responsabilité, un pays de pouvoir responsable.

Ne pas le faire serait nous rendre responsables, aux yeux du monde et, surtout, aux yeux des générations futures de Centrafricains, du maintien de notre pays et de ses habitants sous le joug de pouvoirs tyranniques et sanguinaires.

L’heure est donc venue de conjuguer notre hymne : « Brisons la tyrannie ». Nous serons ainsi, enfin, sur la voie de « briser la misère ».

Jean-François AKANDJI-KOMBE, Citoyen Debout et Solidaire, Président de CDS-CA

VISITER LE SITE INTERNET DE CDS-CA

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