Centrafrique : rendre à César

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RENDRE À CÉSAR/ Monsieur Touadera et les siens ont attendu d’abord d’usurper la souveraineté nationale avant de dénier à Alexandre Ferdinand Nguendet ( parce que ce dernier s’est opposé à leur coup d’Etat constitutionnel) la qualité « d’ancien chef de l’Etat » dont il se prévalait.
Lorsqu’on est rigoureux, et c’est mon cas, on se garde de se départir de l’objectivité et on s’attache aux faits ( il paraît qu’ils sont têtus).
À l’évidence, M. Alexandre Ferdinand Nguendet ne peut être considéré comme un ancien chef de l’Etat de la transition. Pour la simple et la bonne raison qu’un intérim n’a pas vocation à octroyer une qualité.
Tenez: le président du Parti de l’Unité du Kpalé (PUK) est contraint à la démission à la suite de la publication de l’une de ses sextapes. Selon le règlement intérieur du PUK, c’est le secrétaire général qui assure l’intérim du président en cas de démission jusqu’à l’élection d’un nouveau président dans un délai de 10 jours. Question: peut-on attribuer la qualité de président du PUK au secrétaire général (qui conserve d’ailleurs ses fonctions au sein du parti) pour avoir assuré un intérim de 10 jours ? La réponse est bien évidemment non!
Deuxième exemple: le directeur général de l’Agence de régulation des télécommunications du Kpalé est accusé de harcèlement moral par l’une de ses collaboratrices. Il démissionne et son intérim est assuré par le directeur administratif et financier pour évacuer les affaires courantes, en attendant la nomination d’un nouveau directeur général. Ce DAF peut-il se prévaloir de la qualité de directeur général de l’Agence de régulation des télécommunications de Kpalé? Absolument pas.
Car l’intérim ( nom masculin) est défini par Le Robert comme l’Intervalle de temps pendant lequel une fonction vacante est exercée par une autre personne que le titulaire.
Il s’ensuit qu’en assumant l’intérim du chef de l’Etat de la transition après sa démission comme le prévoyait la Charte de la transition en attendant l’élection du titulaire, Alexandre Ferdinand Nguendet ne peut nullement se targuer d’avoir cette qualité. C’est ce que commandent l’éthique et le bon sens. Du reste, il avait conservé ses fonctions de président du Conseil national de transition après l’élection de Madame Samba Panza.
Mais pourquoi a-t-il bénéficié de cette qualité?
À cause de la faiblesse de M. Touadera et de sa volonté de disposer d’une clientèle politique. Et ce, au détriment des caisses de l’Etat qu’il confond allègrement avec des propres poches.
En accordant les avantages réservés aux anciens présidents de la République à M. Nguendet, Touadera et les siens entendaient acheter son allégeance. Ce faisant, ils lui ont attribué la qualité « d’ancien chef d’Etat » de fait. Désormais, seule une décision judiciaire peut l’en priver. Avec comme conséquence de lui réclamer les indemnités indûment perçues.
Comme on le voit, ce n’est plus à Touadera ou à son ministre de la justice ( de l’injustice plutôt) de lui retirer cette qualité. Tenter de le faire c’est se rendre coupable d’arbitraire.
Fait le 23 novembre 2022
Adrien Poussou

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