Centrafrique : qui est Enguerrand Rochefort, le français qui a racheté les actifs de TotalEnergies ?

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Le banquier d’affaires français de 46 ans, repreneur de la filiale locale de TotalEnergies dans le pays, est un proche d’Eric Besson, ancien ministre de l’Industrie sous Nicolas Sarkozy. Il est à la tête de la holding Rochefort & Associés, spécialisée dans le conseil en fusions acquisitions.

Le montant de la transaction reste à ce jour secret, mais un  deal 100% français a bel et bien été conclu en août dernier pour la reprise de la filiale de TotalEnergies en République centrafricaine par la banque d’affaires Rochefort & Associés, à travers une société de création récente dénommée TransAfrica Market Oil (Tamoil). Après avoir mobilisé des trésors de diplomatie pour aplanir les dissensions qui ont profondément parasité les relations entre les autorités centrafricaines et TotalEnergies et qui sont en grande partie à l’origine du départ de la junior pétrolière française, notamment au sujet d’une dette fiscale de plus de 2 milliards Fcfa que le géant pétrolier français refusait de régler à l’Etat au motif que celui-ci avait accumulé d’importants impayés d’environ 1 million d’euros (environ 650 millions Fcfa) liés aux subventions des carburants, Enguerrand Rochefort, le PDG de Rochefort & Associés, a fait entreprendre des travaux de réhabilitation sur une partie des 28 stations-services qui formaient le réseau Total sur l’ensemble du territoire centrafricain. Le montant de l’investissement, a-t-il révélé lui-même à la chaîne française Rfi, s’élève jusque-là à plusieurs millions d’euros.

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La reprise de Total Centrafrique illustre sa volonté de développer ses activités dans le pays, « en s’inscrivant dans la continuité tout en impulsant un nouvel élan via la relance de l’activité aéroportuaire, la réouverture progressive des stations en province et la sécurisation comme le renforcement des approvisionnements en produits pétroliers, dans le meilleur intérêt de la Centrafrique et des Centrafricains », soulignait-il y a quelques mois. Par ailleurs gérant de la société Science Media France, qui mène diverses activités dans les services financiers hors assurance et caisse de retraite, Enguerrand Rochefort, 46 ans, proche d’Eric Besson, ancien ministre français de l’Industrie sous Nicolas Sarkozy, est bien connu à Bangui, où il travaille sur des investissements à hauteur de 15 millions d’euros avec l’opérateur de téléphonie mobile Telecel, leader du secteur en RCA. A la tête de la banque d’affaires indépendante Rochefort & Associés, spécialisée dans le conseil stratégique en fusions acquisitions (buy-side, sell-side) et en financement en France et à l’international, Enguerrand Rochefort est lié à des associés en France, en Chine et en Afrique du Nord. Avant l’aventure Tamoil en téléchargement en Centrafrique, ses domaines d’intervention couvraient les énergies, la gestion des déchets, la santé (Biotech, Medtech, Pharma), le transport et le tourisme, l’immobilier, etc. Les Camerounais Tradex et Neptune Oil, deux autres prétendants à la reprise des actifs de Total Centrafrique, voient ainsi leur rêve de prendre le contrôle de cet empire s’envoler, sauf changement d’avis de la Task-force mise en place en septembre dernier par le président centrafricain,  Faustin Archange Touadera, pour superviser le processus de ce rachat qui concerne également les 25% des parts de TotalEnergies dans le capital de la Société centrafricaine de stockage des produits pétroliers (Socasp). Toutefois, Neptune Oil dont le PDG Antoine Ndzengue est membre du conseil d’administration de Tamoil, et  qui dispose d’une expertise avérée en la matière s’en tire à bon compte. Il est assuré de préserver sa collaboration avec la nouvelle entreprise pour les approvisionnements en jet-fuel pour avions, en super et gasoil, grâce à une convention existante entre les deux parties.

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Air France

Sur le terrain, toutes les stations-services du portefeuille de Total existantes en dehors de Bangui avaient fermé, d’abord après le coup d’Etat militaire de 2013 contre François Bozizé, puis à la suite de l’offensive militaire foireuse, fin 2020, des rebelles de la Coalition des patriotes pour le changement (Cpc) dirigée par l’ancien président, contre Faustin-Archange Touadéra. Mais, Enguerrand Rochefort, qu’on dit par ailleurs en très bons termes avec le pouvoir de Bangui, fait ouvertement fi des tensions sécuritaires persistantes en provinces, lesquelles sont marquées par la prolifération de groupes armés. A preuve, il s’apprête non seulement à rouvrir six stations-services du réseau susmentionné dans les localités de Bossangoa, Mbaïki, Bouar, Bossembele, Sibut et Berberati (sud et ouest du pays) dès le début de l’année 2024, mais également à relancer avec Tamoil la fourniture de kérosène à l’aéroport international de Bangui M’poko, suspendue depuis plus d’un an.

Pour ravitailler à nouveau sur place à Bangui les grands vols commerciaux, Tamoil devrait préalablement souscrire des assurances pour couvrir les compagnies aériennes, à commencer par Air France qui s’approvisionne depuis un an et demi au Cameroun ; ou encore Ethiopian Airlines qui vient d’achever la mise en place de trois nouvelles rotations à Bangui. Alors que le climat des affaires en République centrafricaine est encore loin d’être des plus favorables, Tamoil qui hérite du statut de principal importateur et distributeur des produits pétroliers dans le pays naguère détenu par Total, devra relever un défi majeur : juguler les pénuries de carburants qui frappent de manière structurelle le pays depuis plusieurs années, principalement du fait de son enclavement. La Centrafrique n’a pas de façade maritime et doit souvent procéder par des importations depuis le Congo, via le fleuve Oubangui qui est régulièrement confronté à un problème de décrues. Ou encore par voie terrestre via le Cameroun. Un détour qui a comme conséquence le renchérissement du coût du transport et par ricochet, du prix du litre de carburant malgré le mécanisme de subvention qui a coûté pas moins de 12 milliards Fcfa à l’Etat en 2022, selon la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac).

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EcoMatin

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