Centrafrique : qui a incendié le marché central de M’Baïki ?

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Dans la nuit du lundi 3 au mardi 4 mai 2021, une flamme a ravagé le marché préfectoral de M’Baïki, faisant ainsi partir en fumée les échoppes de plusieurs commerçants. « Ce sont des sujets musulmans qui y tenaient boutique, mais qui étaient obligés de partir du fait de la crise sécuritaire et inter – communautaire de 2013, suite au coup d’état de la Séléka, qui sont à l’origine de cet incendie », ont clamé certains habitants de la localité. « Le fait de s’être opposé à leur retour précipité ou plutôt de l’avoir soumis à une concertation préalable et une évaluation de la situation, sous la supervision des autorités municipales et préfectorales, avec l’implication du ministère en charge de la réconciliation, de l’imam et des responsables religieux, leur a déplu et sous l’effet de la colère, ils ont décidé de mettre le feu au marché », ont – ils conclu.

En effet, selon des informations en notre possession, les commerçants de confession musulmane qui vivaient jadis à M’Baïki et qui avaient fui le pays pour trouver refuge à l’extérieur pour une bonne partie, certains au Mali, d’autres au Tchad, seraient depuis un certain temps de retour en Centrafrique et se trouveraient au Km5. La plupart d’entre eux exerçaient des activités de boutiquiers, de vendeurs, de grossistes au marché central de M’Baïki et y possédaient des échoppes, des boutiques ou des épiceries. En un mot, des biens meubles et immeubles dont ils ont été dépossédés depuis leur départ. Dans la projection de leur retour dans la localité, ils auraient rencontré le président de la délégation spéciale à Bangui.

Mais, au lieu de discuter, d’abord, de cette demande hautement sensible avec le sous – préfet et le préfet, une fois rentré dans sa zone de juridiction, et sensibiliser, ensuite, les autochtones qui se sont accaparés de leurs lieux de commerce et de leurs boutiques, d’une part, et tous ceux qui ont occupé leurs maisons afin de les libérer, d’autre part, ce dernier a préféré tenir dans la foulée une réunion avec les « Koli et Ouali Gara ». Non seulement séance tenante, il les a sommés de libérer les lieux, mais surtout il s’est plaint de ce que ces derniers ne paient jamais leurs droits et taxes, alors que les commerçants musulmans, eux, s’en acquittaient régulièrement.

C’est ainsi qu’une semaine plus tard, ces commerçants musulmans ont quitté Km5 à bord de trois véhicules pour M’Baïki. Après de chaudes discussions avec les nouveaux maîtres des lieux, il s’en seraient suivis des engueulades, les autochtones s’étant donc opposés à ce retour précipité sans une rencontre préalable, dans le cadre de la réconciliation nationale, avec la collaboration de toutes les autorités locales, administratives et politiques nationales. Sur ce, c’est dans la nuit du jour où ces échanges ont eu lieu que le marché central a été incendié. Tous les habitants ont été unanimes, par conséquent, pour reconnaitre que ce sont les commerçants musulmans venus de Bangui qui ont mis le feu aux baraques au moyen de carburants versés tout autour du marché et qui se sont retirés par la suite de la ville, emmenant avec eux le seul musulman qui était resté et qui n’avait jamais quitté la ville.

Mais aussi invraisemblable et révoltant que cela puisse paraître, ni le maire, ancien militant du KNK débauché depuis lors par le MCU, ni le sous – préfet, ni le préfet tous les deux militants fieffés du MCU n’ont daigné prendre la parole pour expliquer à l’opinion nationale ce qui s’est passé ces dernières vingt – quatre heures à M’Baïki et demander l’ouverture d’une enquête. A en croire que tous trouvaient normal cet acte crapuleux et criminel ou en connaissaient les auteurs, et n’osaient pas du tout en à parler. Un silence assourdissant qui dérange et qui ne peut que tout naturellement soulever des questionnements.

Qu’est – ce que se sont dit le maire Pascal KIKI et ces commerçants avant qu’ils ne fissent le déplacement de M’Baïki ? Pourquoi l’acte criminel est – il intervenu au moment où ils se trouvaient dans la ville ? Et pourquoi sont – ils partis quelques minutes seulement après l’incendie ? Et si cet incendie n’était pas commis par les commerçants musulmans venus de Bangui, mais par d’autres personnes qui voudraient par ce geste raviver les tensions inter-communautaires entre les musulmans et les autres, à un moment où des nouvelles de nouveaux bruits de bottes venant de la CPC se font de plus en plus insistantes, dans un contexte socio – politique, institutionnel, sécuritaire et humanitaire de plus en plus tendu ? Comment le ministère de l’administration du territoire ne s’était – il pas impliqué en collaboration avec le ministère en charge de la réconciliation nationale dans la gestion de ce dossier ?

Dans tous les cas,  ces sources ont révélé que le maire Pascal Kiki, le sous – préfet, le préfet et tous ceux qui les ont nommés, en savent trop qu’ils ne veuillent bien nous en dire.

La rédaction

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