Centrafrique : quels sont les plans de l’Angola pour régler le cas Bozizé ?

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Lors du sommet de la Conférence internationale pour l’Afrique des Grands Lacs le 13 septembre en Angola, la crise centrafricaine sera au centre des débats. En attendant, Luanda s’active pour régler au plus vite le casse-tête que représente François Bozizé.

Selon nos informations, la diplomatie angolaise n’a pas coupé le contact avec François Bozizé, réfugié depuis huit mois dans le maquis centrafricain, d’où il coordonne officiellement la Coalition des patriotes pour le changement (CPC, alliance de groupes armés). Les échanges sont encore réguliers entre l’ancien président et les équipes du président de la Commission de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), l’Angolais Gilberto Da Piedade Verissimo.

Ce dernier est la cheville ouvrière de Luanda, qui prépare activement le sommet de la Conférence internationale pour l’Afrique des Grands Lacs (CIRGL, actuellement présidée par le chef de l’État angolais João Lourenço), lequel doit avoir lieu le 13 septembre prochain dans la capitale angolaise. Lui aussi en première ligne, le ministre des Affaires étrangères, Téte António, s’était rendu à Bangui le 5 juillet dernier afin de s’entretenir avec le président Faustin-Archange Touadéra.

L’objectif de l’Angola est en premier lieu de favoriser la mise en place d’un dialogue national centrafricain le plus inclusif possible, c’est-àdire comprenant l’opposition pacifique mais aussi armée. Selon nos informations, la CEEAC et la CIRGL n’ont ainsi pas abandonné l’espoir de rassembler autour d’une même table certains groupes armés entrés en rébellion sous la bannière de la CPC – comme ce fut le cas dans le cadre des accords de paix de Khartoum en 2019.

« LA POSTURE DE FAUSTIN-ARCHANGE TOUADÉRA N’A PAS CHANGÉ »

Plusieurs chefs de groupes armés, qui se tiennent relativement en retrait depuis le coup de force russo-centrafricain du début de l’année, ne seraient pas contre une participation, mais exigent des garanties de sécurité et des contreparties, ainsi qu’il en avait été à Khartoum il y a deux ans. « Ils ont laissé passer l’offensive russe et attendent que la
situation s’enlise de nouveau. Plus les négociations durent, plus la situation leur redevient favorable », confie un diplomate à Bangui.

Nouvel exil pour Bozizé ?

François Bozizé, qui assure officiellement la coordination de la CPC, participera-t-il lui-même au futur dialogue ? Selon nos sources, Gilberto Da Piedade Verissimo ne l’exclut pas, mais la posture de Faustin-Archange Touadéra, qui s’oppose à la présence de son prédécesseur et en a fait une ligne rouge à ne pas franchir, n’a pas changé. L’hypothèse semble donc peu probable et une deuxième option est par conséquent envisagée.

Luanda étudie en effet la possibilité de trouver à François Bozizé un lieu d’exil où il échapperait aux poursuites lancées contre lui par la justice centrafricaine. Ce scénario nécessiterait l’accord de Bangui, qui renoncerait à réclamer une extradition, et la participation des Nations unies, qui lui a imposé des sanctions en 2014 pour avoir appuyé
financièrement et matériellement des milices anti-balaka lors de la crise de 2013.

Gilberto Da Piedade Verissimo était présent à Bangui ce 26 août afin de s’entretenir avec le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, le Sénégalais Mankeur Ndiaye. Le cas de François Bozizé était au menu des discussions. Le président de la commission de la CEEAC s’était également rendu le 2 août à Kinshasa pour évoquer le dossier centrafricain avec le président Félix Tshisekedi, lequel suit de près la situation à travers François Beya Wa Kasonga, son conseiller spécial en matière de sécurité.

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Jeune Afrique

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