CENTRAFRIQUE : Á BOUAR COMME AU KM5-BANGUI, LES DÉMONS DE L’INSÉCURITÉ ONT ENCORE FRAPPÉ

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CENTRAFRIQUE : Á BOUAR COMME AU KM5-BANGUI, LES DÉMONS DE L’INSÉCURITÉ ONT ENCORE FRAPPÉ
Par Cyrus-Emmanuel Cyrus Sandy

Les récents évènements survenus dans l’enclave musulmane du Km5 à Bangui et dans les localités des villes de Bouar, Baboua et Besson dans la Nana-Mambéré participent de la logique stratégique des groupes armés ex-Séléka de créer de l’insécurité afin d’empêcher l’organisation des élections législatives et présidentielle dont la première phase capitale devrait démarrer à la fin de ce mois de juin avec notamment les opérations d’enregistrement des électeurs, préalables aux autres opérations électorales. En effet, si les citoyens en âge de voter refusent d’aller s’inscrire sur le grand registre électoral ouvert à cet effet, c’est qu’il n’y aura pas d’élection car il ne peut y avoir de vote sans votants.
Cela dit, la concomitance des dramatiques évènements de Bouar et du Km5 doit être comprise comme le message du mercenaire peul camerounais Abbas Sidiki adressé aux Centrafricains au nom de ses pairs chefs de groupes armés allogènes et notamment le mercenaire peul nigérien Ali Darras Mahamat de l’UPC, et le mercenaire salamath tchadien Mahamat Alkhatim, lesquels ne veulent pas des élections dans les zones qu’ils contrôlent et qui représentent plus des ¾ du territoire centrafricain. Et si l’on examine bien la récente situation au Km5, ce sont des mercenaires et commerçants tchadiens et soudanais qui sont à l’origine du concert armé des mardi et mercredi derniers. Et pour cause.

LE CAS DE BOUAR
Que ça soit le camp militaire Leclerc qui soit attaqué par les éléments de 3R de Sidiki et sans motif par ailleurs, voilà qui prouve à suffisance l’instinct belliqueux de ces ouvriers et marchands de la mort de l’ex-Séléka. Et le fait d’attaquer précisément le Centre de formation des Unités spéciales mixtes de sécurité (USMS) qui vient à peine de finir la formation du premier groupe des nouveaux soldats de la paix et de la sécurité dans nos provinces, composés des soldats de l’armée régulière (FACA) et des ex-combattants des groupes armés 3R de Sidiki, FDPC d’Abdoulaye Miskine et Anti-balaka ailes Ngaïssona et Mokom, voilà qui est un message à prendre au sérieux.
En ciblant les militaires de Bouar, Sidiki et ses éléments voulaient pousser les FACA à la riposte qui allait conduire à de véritables combats armés qui leur donneraient l’occasion de faire appel à d’autres mercenaires et rebelles musulmans étrangers afin de provoquer le chaos dans toute la région Ouest qui est la seule région économiquement rentable du pays. Ils cherchent donc à asphyxier financièrement la RCA.
Heureusement, la riposte des FACA a été foudroyante et mémorable: plus de cinq (5) assaillants ont été tués, tandis qu’une dizaine de soldats loyaliste ont eu des petites blessures. Ces FACA sont des hommes et non des femmelettes comme le pensent ces démons de 3R.
Mieux, l’acte militaire posé à Bouar par Sidiki et ses éléments, signifie:
1-que le groupe armé 3R avait envoyé ses éléments pour la formation dans le cadre de la mise en œuvre des opérations USMS dans le seul but de connaître la tactique et les stratégies des FACA, leurs moyens d’action, le terrain dans lequel ils doivent évoluer dorénavant et le comportement des officiers, sous-officiers, gradés et hommes de rang de l’armée nationale, en vue de préparer des contre-stratégies et actions conséquentes;
2-qu’ils ne sont pas pour les objectifs des USMS qui visent à pacifier et à sécuriser les zones qu’ils contrôlent;
3-qu’ils ne sont ni pour le désarmement et la démobilisation, ni pour le placement de leurs éléments sous le commandement et la discipline des officiers FACA qu’ils considèrent par ailleurs comme des ennemis purs et simples avec lesquels il faut en découdre;
4-qu’ils ne vont jamais collaborer avec les forces loyalistes, les FACA;
5-qu’ils se retirent dès lors de l’Accord de paix de Khartoum/Bangui du 6 février 2019 parce qu’ils ne veulent pas se soumettre à l’autorité de l’Etat représenté dans les zones qu’ils contrôlent par les préfets, les sous-préfets, les maires et conseillers municipaux, les responsables et agents de la police, de la gendarmerie, de l’armée, de la douane, des eaux et forêts, de la police municipale, de l’agriculture, de l’élevage, de la santé, du commerce, des affaires sociales, etc. Et donc ils ne reconnaissent pas l’autorité du président Touadéra, du Premier ministre Ngrébada et des membres du gouvernement. C’est donc une déclaration de guerre qui vient d’être faite au peuple centrafricain.
A travers leur acte, Sidiki et ses hommes se sont carrément mis en dehors de la république et se croient au-dessus de la Constitution, des lois et institutions de la République. Ils humilient ainsi tout le peuple centrafricain. Il est temps de leur faire sentir la rigueur de la loi.

LE CAS DU KM5, LE GRAND CHAMP DE TIR DE BANGUI
Le grand centre commercial de la capitale Bangui a été encore une fois perturbé et endeuillé par les actes des hors-la-loi étrangers qui se cachent derrière des activités commerciales pour marcher sur les lois et institutions de la République. Et comment?
De sources concordantes, les Collectifs des commerçants tchadiens et soudanais (CCTS) ont attaqué avec des armes lourdes le mercredi 10 juin à 4h du matin la base du groupe d’auto-défense dirigé par Ahamat alias « Kamba ti wa », le deuxième adjoint du défunt ‘’Force’’. Cette attaque a été programmée et planifiée depuis longtemps. C’est la suite logique des combats de janvier 2020 et surtout l’assassinat le 22 avril 2020 de Zakaria Atahir par les CCTC.
Pour rappel, le défunt Zakaria Atahir est le grand frère du général autoproclamé Mahamat Atahir alias «Appo», un des tristement célèbres chefs miliciens du Km5. Le corps sans vie de Zakaria a été découvert devant la boulangerie Béa-Rex. On accuse les hommes proches des CCTS d’avoir tué ce milicien d’origine tchadienne dans les locaux de l’ex bar-dancing Punch Coco.
Zakaria Atahir a été accusé d’avoir dénoncé les commerçants trouble-fêtes du Km5 aux autorités de la place et à la MINUSCA. C’est donc pour se venger de lui et régler le compte de ses coéquipiers et alliés que les CCTS ont recruté des rebelles du Tchad et des miliciens ndjandjawides soudanais qui étaient venus à Bangui comme des convoyeurs de bœufs dans des camions.
Il est de notoriété publique qu’au Km5, ces tueurs professionnels tchadiens et soudanais opèrent au nom des CCTC. Ils se déguisent en veilleurs de nuit chaque fois qu’ils veulent attaquer les groupes d’autodéfense ou les commerçants ciblés par leurs utilisateurs.
Lors d’une rencontre consacrée à la question sécuritaire organisée dans l’enceinte du commissariat de police du 3ème arrondissement et qui réunissaient les CCTC avec les autres groupes d’autodéfense, le ministre de l’Intérieur chargé de la Sécurité publique, le Général Henri Wanzet-Linguissara avait fait des vives observations au Comité de crise des CCTS à qui il a demandé de restituer leurs armes ainsi que les armes laissées par feu chef milicien You, le 1er adjoint de ‘’Force’’ à l’époque. C’est depuis cette date que Zakaria Atahir a été étiqueté comme traitre et pris pour cible par les CCTS. Ce sont ces mercenaires venus du Tchad et du Soudan qui l’avaient tué lâchement.
De sources locales dignes de foi indiquent par ailleurs que des entrepreneurs politiques et militaires influents au Km5 auraient sollicité de Abbas Sidiki la mise à leur disposition de ses éléments pour renforcer les CCTS du Km5 dans la perspective « d’actions d’envergure et décisives », dont la date risque de coïncider avec celle des élections. Ils veulent mettre Bangui à feu et à sang en vue de provoquer un changement anticonstitutionnel du pouvoir ou rendre le pays ingouvernable à la fin du mandat du président Touadéra en vue de provoquer une transition politique qui sera dirigée par un homme qu’ils auront imposé militairement, parce qu’ils disent que les FACA n’ont pas la force, le courage, l’effectif, les moyens matériels et logistiques qu’il faut pour leur faire face.
Tels sont les enjeux de la dernière crise sécuritaire à Bouar et au Km5 à Bangui.
Qu’attend le gouvernement pour nettoyer les écuries d’Augias du Km5 et arrêter et traduire à la Cour pénale internationale (CPI) Abbas Sidiki, Ali Darras, Mahamat Alkhatim et leurs lieutenants?
La paix, la sécurité et la réussite des prochaines élections sont à ce prix et à ce prix seulement.
Cyrus-Emmanuel Sandy
Source: MEDIAS+ 12.06.2020

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