Centrafrique : Quand Mme Darlan et la cour constitutionnelle se substituent à l’ANE et au comité stratégique d’appui au processus électoral

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Le 6 février 2020, la Cour Constitutionnelle [peut-on encore l’appeler ainsi ?] (CC) organisait à destination des partis politiques une rencontre pour parler de la question du probable (inéluctable?) glissement électoral.

Sans grande surprise la Présidente de la CC, Pr Danièle DARLAN, dont il manque seulement qu’elle apparaisse sur l’organigramme du MCU, et son collègue le Vice-président WABOÉ, qui dans un pays normal en sa qualité de privatiste n’a rien à faire à la CC, se sont présentés comme les indéfectibles soutiens de la vision du Chef de l’État, le Pr Faustin Archange TOUADÉRA. La Présidente du CC, en contradiction flagrante avec la lettre et l’esprit de la Constitution du 30 Mars 2016, a osé affirmer que la question de la sécurité des Centrafricains ne la concernait pas, n’était pas de son ressort et qu’il fallait vaille que vaille aller aux élections. Selon elle, la date du 30 Mars devrait être sacralisée. Peu importe que cela passe par des montagnes de cadavres de Centrafricains innocents !

Etant donné que tous les kits de campagne (t-shirts, casquettes, posters, etc.) à l’effigie de TOUADÉRA et flanqués des dates des élections ont déjà été imprimés, livrés et offerts « gracieusement » (😅) au MCU par un pays « frère ». Il fallait donc à tout prix que ces élections se tiennent à la date déjà inscrite sur ces kits de campagne stockés dans des contenairs à l’abri des curieux. Donc normal que les sicaires politiques et juridiques du régime honni défendent becs et onglee le respect À TOUT PRIX de la date du 27 DÉCEMBRE 2020. Aussi quand à la fin de cet atelier, la CC a distribué de la documentation et un chronogramme, on n’a pas été étonné de lire ceci : « 30-03-21 Au plus tard, Installation du Président élu PAR la CC » [c’est nous qui mettons le « PAR » en majuscule pour appuyer sur cette information de taille].

Donc si on comprend bien les choses, désormais c’est la CC qui élit le Président de la République Centrafricaine. Et ce, en parfaite violation radicale de l’article 35 de la Constitution du 30 Mars 2016 qui nous dit que le « Président de la République est élu au suffrage universel direct ».  Du coup, avec ce nouvel élément, tout nous apparaît plus clair. On comprend mieux pourquoi la Présidente de la Cour Constitutionnelle, Pr Danièle DARLAN, est aux abonnées absentes quand des actes réglementaires anti-constitutionnels signés par le Chef de l’Etat, Pr Faustin-Archange TOUADÉRA, nommant des étrangers, des mercenaires, des miliciens aux plus hautes fonctions politiques, militaires et administratives de l’Etat, en flagrante violation des dispositions de l’article 28. Cela s’inscrirait en fait dans un programme et un agenda… pré-établi. Tout est donc bouclé, circulez il n’y a plus rien à voir. Puisque le dernier mot revient constitutionnellement à la CC.

Alors, on pourra toujours nous dire que non c’est juste une coquille ou un lapsus lingua qui s’est glissé sur le chronogramme fourni par la CC aux partis politiques. Mais enfin, ce lapsus est tout de même révélateur de cette pluie de Décisions et Avis malheureux prononcés par la CC. Les faits sont là, têtus, intangibles et indestructibles. Qui peut les contester ?  Cette dynamique de la CC dans le soutien aveugle à un régime spécialisé dans le viol systématique et  systémique de la Constitution et des droits et libertés des Centrafricains est devenu la norme au point qu’un très haut magistrat en soit venu à déclarer sur les ondes radios que l’Accord de Khartoum serait SUPRANATIONAL. S’il a pu tenir ces propos sans être inquiété intellectuellement ou même professionnnellement, c’est qu’il pensait dire une lapalissade ayant cours chez les « puissants » du pays comme de la Communauté Internationale à l’instar d’un Smaïl CHERGUI menaçant de sanctions non pas les groupes armés mais les personnes critiquant la nouvelle Bible qu’est l’Accord de Carton. Fort heureusement, le peuple, Souverain Primaire, ne l’a pas loupé.

Le proverbe disait donc vrai : « C’est quand le voyage se prolonge que le caractère se dévoile ». Petit à petit, la CC dévoile son jeu.

Fari Tahéruka SHABAZZ

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