Centrafrique : Quand le premier ministre Firmin Ngrébada fait l’apologie des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité

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Depuis plus de 24 heures, circulent sur les réseaux sociaux et dans certains organes de la presse écrite locale, proches du pouvoir de Bangui, des images des jeunes gens blessés,  et assis et ensanglantés dans une grande cour, autour desquels sont exposées par terre des amulettes et des armes artisanales, d’une part, et celles de plusieurs corps sans vie allongés à même le sol dans cette même cour et de nombreuses dépouilles mortelles entassées sens dessus – dessous  à l’arrière des véhicules militaires, d’autre part.

Alors que l’opinion tant nationale qu’internationale, des observateurs avertis de la politique centrafricaine et certains professionnels des médias cherchent à savoir d’où elles proviennent exactement, et où se sont déroulés les combats au cours desquels sont survenus ces morts, le premier ministre Firmin Ngrébéda, dans un post publié sur sa page Facebook, il y a plus de 22 heures au moment où nous mettons sous presse cet article, est quant à lui plus affirmatif et plus formel : « Sous l’autorité du Président de la République, nous saluons nos forces de défense et de sécurité et nos alliés qui ont fait une offensive sur les ennemis de Boyali, le premier village après Birlo, dans la sous-préfecture de Bossembélé, situé à 10 km de LAMBI (axe Boali-Bossembélé) avec un lourd bilan dans leur camp et la prise de plusieurs prisonniers transférés ce jour à Bangui ». Cette jubilation qui n’est rien d’autre qu’une apologie de crimes a été reprise par le Pr Alain Lamessi sur sa même  page en ces termes : « Bravo aux Faca et aux forces militaires alliées qui font du bon travail de nettoyage à sec ! La peur a vraiment changé de camp ».

Seulement cette version avancée par la 3ème personnalité est remise en cause par le maire de la ville de Boda Aimé Barthélemy Pilapete qui, après sa sortie de cachette, a constaté le départ des rebelles et le retour des Faca soutenues par les mercenaires russes du Groupe Wagner et a déclaré ce qui suit : « « Il n’y a pas eu de combats, puisque la ville était vidée. Ils sont partis d’eux-mêmes. C’est dans les 48 h passées qu’il y a eu des détonations d’armes vers la route de Bangui, à quelques kilomètres de la ville. Mais ce matin avec l’arrivée de ces forces-là, il n’y a pas eu d’échanges de tirs. » Ce témoignage a été corroboré par d’autres sources locales indépendantes selon lesquelles « contrairement à ce qui inonde la toile, la réalité est toute autre : Au début, les violents affrontements se sont déroulés à Ndanga à 25 km de la ville de Boda. Les pertes en vies humaines de combattants de deux camps étaient relativement nombreuses ; il s’en était suivi un calme soudain, le temps que les combattants de la coalition CPC se retiraient à Boda. Entre-temps, la coalition gouvernementale composée des russes, de rwandais et FDS ont attendu le lendemain à 9h 30 pour se déployer dans la ville après que tous les combattants de la CPC avaient reçu ordre de se retirer de la ville, donc il n’y a jamais eu la bataille de Boda ».

Alors, si les images macabres qui sont publiées sur la page Facebook du premier ministre Firmin Ngrébada ne proviennent pas des combats qui se seraient déroulés dans les faubourgs de la ville de Boda, résulteraient – elles effectivement de la bataille de Boyali sur l’axe Boali – Bossembélé comme l’a mentionné ce dernier dans son post ? Si nous ne disposons pas de témoignages probants y relatifs émanant des sources locales, l’un des portes – parole de la CPC Abakar Sabone a reconnu dans une sortie médiatique qu’il n’y a jamais eu d’affrontements ces derniers temps avec les éléments de la garde présidentielle, les Faca et leurs supplétifs rwandais et russes du Groupe Wagner. « Pour camoufler les lourdes défaites que nous leur avons infligées tout dernièrement au PK 22 sur l’axe Damara et à Boali, ils s’en sont pris à des jeunes gens et à des civils qu’ils ont maquillés en dommages collatéraux et confondus à des éléments Anti – Balaka, après les avoir torturés et froidement abattus. Ce sont des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité dont Touadéra et la Minusca seront tenus pour responsables tôt ou tard ». Une thèse soutenue par de nouvelles sources en provenance de Boda : « Selon plusieurs témoins joints au téléphone dans la ville de Boda, la coalition du gouvernement devient de plus en plus nerveuse, et du fait de la présence massive des renforts rebelles autour de la localité, les russes ont accusé plusieurs jeunes d’être des espions à la solde de la CPC et beaucoup d’entre eux ont été arrêtés et menottés injustement pour être transférés manu militari à M’Baïki ».

Ainsi donc, comme à Sibut au village Kpabé où la septuagénaire Albertine Bikossé a été lâchement canardée devant sa case, à Grimari où un camion de transport de marchandises et de personnes a été délibérément  ciblé, entraînant plusieurs pertes en vies humaines dont un humanitaire et de nombreux blessés, à Boali et M’Baïki où des populations civiles ont été prises pour des rebelles et traitées comme tels, c’est maintenant au tour de Boda et ses communes environnantes de subir la furie macabre de Touadéra et ses supplétifs rwandais et russes avec la complicité active des soldats onusiens placés sous la responsabilité directe du représentant spécial du secrétaire général de l’Onu Mankeur Ndiaye. Il est par conséquent grand temps que la Coalition de l’opposition démocratique, la Ligue Centrafricaine des Droits de l’Homme, les ongs de défense des droits de l’homme et la CPC puissent se saisir de cette affaire et réclamer justice en déposant une plainte près le Tribunal de Paris contre le premier ministre Firmin Ngrébada, ses laudateurs en mal de garanties et stabilités alimentaires, à l’exemple du sociologue Alain Lamessi, et tout naturellement un certain « Menteur Ndiaye ».

Jean – Paul Naïba

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