Centrafrique : Pourquoi l’opposition démocratique ne participera pas aux élections locales prévues en 2024 !

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Paris, le 27 mars 2024

A

la Très Haute Attention de son Excellence

Mme l’Ambassadrice Linda Thomas-Greenfield,

Représentante permanente  des Etats – Unis auprès de l’Onu

799 United Nations Plaza New York, NY 10017

Etats – Unis

 

Objet: Pourquoi l’opposition démocratique ne participera pas aux élections locales prévues en 2024 en République centrafricaine

Madame l’Ambassadrice,

 

Nous soussignés, Jean – Pierre Mara, ancien Député de la Circonscription  de Mala, située dans la préfecture de la Kémo et Edouard Yamalet, Journaliste indépendant et Directeur de Publication du Letsunami.net, avons le très respectueux honneur de venir par la présente note porter à votre haute attention les raisons du refus de l’opposition démocratique de prendre part effectivement aux élections locales prévues en République Centrafricaine en 2024, et demander à votre pays, les Etats – Unis, premier contributeur financier de la Minusca de ne pas financer leur organisation pour « Déficit Démocratique ». Cette décision est justifiée rationnellement par l’implication totale des mercenaires du Groupe Wagner dans le système électoral. Leur partialité pour le pouvoir de Bangui ne garantit aucun respect du code d’intégrité électorale qui encourage et protège des élections justes et équitables ainsi que l’application de mesures spécifiques visant à sécuriser l’intégrité en fonction des normes et bonnes pratiques relatives aux élections démocratiques dont la stricte observation avait permis au candidat Faustin Archange Touadéra d’accéder au pouvoir le 30 mars 2016.

En effet, l’Imposteur de Bangui a réussi, avec la complicité active de la communauté internationale, à faire main basse  sur toutes les institutions en charge de l’organisation (ANE) et de l’arbitrage (Cour constitutionnelle) de toutes les consultations électorales, qu’elles soient locales ou nationales. Dans l’optique de tuer et liquider la démocratie, il a fait former les membres de l’ANE dont le président, Me Mathias Barthélémy Morouba, en Russie. Après avoir limogé la présidente de la Cour constitutionnelle Mme Darlan Danièle, lauréate du prestigieux prix Femmes de Courage du Département d’Etat américain, le 8 mars 2023, en la méconnaissance totale de la loi, Touadéra a confié la gestion de la Cour constitutionnelle à l’un de ses obligés aux fins de  mieux contrôler les résultats, selon le modèle russe. Pour ce faire, il a fait configurer les ordinateurs de l’ANE par les Russes qui contrôlent tout le processus électoral. De ce fait, toutes les élections organisées dans ces conditions ne peuvent pas respecter les critères établis par le code de l’intégrité électorale.  Telles sont exposées ci – dessus les raisons fondamentales qui amènent l’opposition politique centrafricaine à ne pas prendre part à une élection organisée  par Touadera avec le soutien des mercenaires du Groupe Wagner et rwandais.

Madame l’Ambassadrice,

Selon un communiqué de presse en date du 23 février 2021 publié par le secrétaire d’état américain Anthony J. Blinken, il a été publié ce qui suit : « La confirmation  aujourd’hui par le Sénat de Linda Thomas-Greenfield au poste de représentante permanente des États-Unis auprès des Nations Unies renforce l’engagement du président Biden à restaurer et à étendre le leadership américain sur la scène mondiale. L’ambassadeur Thomas-Greenfield est un diplomate chevronné, profondément attaché aux valeurs américaines et le bon choix pour reconstruire la position de notre nation à l’ONU et dans d’autres enceintes multilatérales. Je la félicite pour sa confirmation et j’attends avec impatience notre partenariat au service du peuple américain et de ses intérêts ».

Depuis leur indépendance (1776), votre pays, les Etats – Unis, contribue inlassablement à promouvoir et défendre des valeurs que les Américains veulent universelles, qui fondent et régissent l’organisation et le fonctionnement de leur société. Ces valeurs reposent sur des principes intangibles que le gouvernement des Etats – Unis travaille à propager dans le monde sans aucune quelconque restriction. Elles s’appellent démocratie, liberté, justice, respect des droits de l’homme, état de droit, égalité, liberté d’expression, laïcité, égalité homme et femme, etc. C’est ici l’occasion pour nous aujourd’hui de vous rappeler que c’est grâce à feu Daniel Simpson, l’Ambassadeur des Etats – Unis en République Centrafricaine qui, lors de la marche pacifique du 1er août 1992, avait pris fait et cause pour l’opposition démocratique centrafricaine dans sa lutte pour la Démocratie, allant jusqu’à assister aux obsèques du Dr Conjugo, lâchement assassiné par les gendarmes du général Kolingba, que le peuple centrafricain était parvenu à institutionnaliser la gouvernance démocratique de sa société, par le suffrage universel direct, comme seul mode d’accession au pouvoir.

Si, après une transition politique de 2014 au 30 mars 2016, le candidat Faustin Archange Touadéra avait été élu, au suffrage universel direct, conformément à une constitution écrite et adoptée par le peuple centrafricaine, suite au Forum de Bangui de 2015, depuis lors, la République Centrafricaine est devenue une petite république socialiste soviétique, tenue d’une main de fer par ce dernier, entièrement pris en otage par les mercenaires du Groupe Wagner et rwandais, en application des accords bilatéraux qui lui garantissent à jamais une assurance – vie. Ceux-ci tuent impunément, violent, volent, incendient des villages et greniers et contraignent leurs habitants qu’ils confondent à tort à des rebelles de la CPC, à de fréquents et permanents déplacements, et « sodomisent » même les éléments des forces armées centrafricaines. Fort de ses pouvoirs autocratiques et absolus, avec la complicité de la communauté internationale, il a été déclaré élu par l’ANE par seulement 17% du corps électoral, à l’issue des élections groupées du 27 décembre 2020, marquées singulièrement par des actes de graves irrégularités dont l’incontestabilité a fini par leur ôter tout critère de démocratie, de sincérité, de crédibilité, de transparence, de liberté, d’inclusivité, et de résultats apaisés, et desquelles plus de 300.000 Centrafricains ont été délibérément exclus.

En dépit des réclamations faites par tous les candidats à la présidentielle de 2020 dont une copie a été adressée au secrétaire général de l’Onu Antonio Guterres, et malgré le Rapport du Groupe de Travail des Experts de l’Onu sur la situation des droits de l’homme présentée au conseil de sécurité, le 25 juin 2021, les Etats – Unis ont continué de collaborer avec le régime de l’Imposteur et du Criminel de Bangui. Même si Joe Biden et Anthony J. Blinken ont réussi à inscrire le nom des mercenaires du Groupe Wagner sur la liste des organisations internationales terroristes au monde et que des sanctions intelligentes ont été prises à l’encontre de certains de ses  dirigeants et de certaines de ses entreprises, les Etats – Unis n’ont de cesse de financer avec l’argent du peuple américain la Minusca dont la représentante est de nationalité rwandaise et prend ses directives directement de Kigali dont les forces spéciales sont présentes en Centrafrique, tuent, violent, et pillent nos ressources comme en République Démocratique du Congo.

De ce fait, elle fait parvenir des rapports erronés au secrétariat général de l’Onu et ne peut qu’induire en erreur et orienter négativement la position officielle des Etats – Unis sur le dossier Centrafricain. C’est ainsi qu’elle a utilisé les moyens matériels et logistiques de l’Onu pour aider l’Imposteur de Bangui à organiser les dernières consultations référendaires, boycottées par le peuple centrafricain à la demande de l’opposition démocratique, ayant abouti fort étonnamment à l’adoption de la constitution scélérate du 30 août 2023. C’est ainsi qu’elle a manipulé le secrétaire général de l’Onu pour convaincre les Etats – Unis à financer les élections locales de 2024 ou 2025 auxquelles l’opposition démocratique ne participera jamais.

Afin de vous permettre d’avoir une idée sur la gravité de la situation politique en République Centrafricaine, nous vous prions de bien vouloir prendre connaissance des Propos Liminaires du Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution, tenus le 29 décembre 2023, lors d’une Conférence animée à Bangui par Me Crépin Mboli – Goumba et Me Nicolas Tiangaye.

Madame l’Ambassadrice,

Si l’opposition démocratique centrafricaine a accueilli favorablement la mesure d’exclusion de la République Centrafricaine de l’AGOA pour «  absence de démocratie et violations massives des droits humains », d’une part, et les sanctions intelligentes prises à l’encontre de certaines personnalités du Groupe Wagner et à l’égard de certaines de ses entreprises, d’autre part,  elle s’interroge cependant sur la responsabilité directe et indirecte des Etats – Unis, en sa qualité de premier contributeur des opérations de maintien de la paix, dans le laxisme total de la Minusca, sa collaboration étroite avec les mercenaires du Groupe Wagner et les forces spéciales rwandaises et ses accointances avec l’Imposteur de Bangui.

En effet, les importants enjeux politiques et personnels des résultats d’une élection peuvent être la source de plusieurs problèmes d’intégrité. Ils peuvent susciter des comportements non éthiques qui visent à influencer les résultats de l’élection. C’est pourquoi un ensemble de normes de « bonne conduite » – un comportement éthique largement accepté – est essentiel pour préserver l’intégrité électorale. Cependant, ces normes ne sont pas une condition suffisante. Il faut que le processus soit basé sur les principes et les valeurs inhérents à une élection juste, équitable et compétitive. Les plus importants sont l’équité qui encourage la confiance du public envers le processus électoral et la responsabilisation de tous les administrateurs et fonctionnaires électoraux et participants, qui doivent être redevables de leurs actions.

Malheureusement, avec l’implication des mercenaires du Groupe Wagner dans l’organisation des élections, l’observation scrupuleuse de toute intégrité électorale n’est pas possible. Tout simplement parce que depuis le  succès de Vladimir Poutine et du parti Russie unie, lors des élections législatives de décembre 2003, de nombreux débats sont entretenus sur le caractère démocratique ou autoritaire du régime politique russe. Lorsqu’ils cherchent à le définir, les observateurs recourent à des qualifications singulières qui illustrent leur perplexité : « démocratie dirigée », « autoritarisme bureaucratique », « militocratie libérale »… Tous s’accordent cependant à reconnaître la prééminence du pouvoir exécutif et, en premier lieu, du président de la Fédération de Russie dans le jeu politique russe. Depuis sa première élection, en 2000, Vladimir Poutine exploite cet avantage afin de monopoliser le pouvoir politique.

Dans un contexte où chaque secteur de la vie politique, institutionnelle et socio – économique du pays est minutieusement contrôlé par ces « Affreux Blancs », au – delà de tout doute raisonnable pouvant rapporter des preuves contraires, les prochaines élections locales seront organisées en dehors de tout cadre légal, réglementaire et fondamentalement respectueux des nobles principes édictés par le code d’intégrité électorale. Y prendre part serait tout simplement servir de faire – valoir à l’Imposteur de Bangui et au renforcement de son autoritarisme néronien, à l’exemple des scrutins groupés du 27 décembre 2020.

Madame l’Ambassadrice,

Pour ne pas que votre pays, les Etats – Unis, puisse financer ces élections locales prochaines sur la base d’un système inféodé au modèle socialiste soviétique, contraire aux valeurs qui sont les siennes, et participer, de ce fait et par ce fait, à la consécration d’un régime autocratique et terroriste en République Centrafricaine, nous vous prions d’user de tous les moyens à votre disposition pour contraindre le Conseil de sécurité à :

« Mettre fin aux soutiens à la mise en œuvre de l’accord de Khartoum. Mettre un terme au soutien politique et financier des initiatives qui alimentent la corruption du gouvernement, l’économie de guerre et l’impunité, telles que les aides destinées à la mise en œuvre de l’accord de Khartoum. Favoriser plutôt un processus novateur basé sur le dialogue national, régional et international en vue de fournir un cadre politique capable de répondre aux nombreux défis découlant d’une guerre par procuration ; S’assurer que les élections sont transparentes et démocratiques. Assurer un contrôle vigoureux de l’intégralité du processus électoral effectué par un organisme indépendant, tenir le gouvernement centrafricain pour responsable et assurer la participation de la société civile. Refuser de reconnaître le futur gouvernement centrafricain comme légitime en cas de constat de fraude électorale majeure, modifier les priorités de financement et cesser tout soutien budgétaire ; Cibler des réseaux entiers qui déstabilisent systématiquement les initiatives de réponse à la crise, en particulier ceux liés au crime organisé transnational. Mener des enquêtes sur des individus et des entités liés aux réseaux de crime organisé transnational, en mettant l’accent sur des représentants du gouvernement et des hommes d’affaires internationaux, et imposer toutes sanctions adaptées ; Lutter de manière efficace contre le trafic de minerais provenant des zones de conflit en RCA. L’UE devrait s’assurer de la mise en œuvre efficace de son nouveau Règlement sur les minerais provenant de zones de conflit, qui entrera en vigueur en janvier 2021, particulièrement concernant la lutte contre les trafics d’or vers l’UE provenant des zones de conflit centrafricaines. Le Conseil de sécurité de l’ONU devrait ajouter au mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) des mesures concrètes ciblant l’économie de guerre et les réseaux criminels ; Poursuivre en justice les crimes économiques et financiers. Soutenir la Cour pénale spéciale de la RCA, la Cour criminelle internationale et d’autres juridictions nationales compétentes pour effectuer des enquêtes sur les crimes financiers et les poursuivre en justice », comme l’avait proposé l’Ong américaine The Sentry.

Dans l’attente d’une suite favorable, et en comptant sur la capacité de la diplomatie américaine à travailler inlassablement au départ des mercenaires du Groupe Wagner et rwandais et à l’adoption des sanctions intelligentes contre Touadéra et ses plus proches collaborateurs,

Nous vous prions, Madame l’Ambassadrice, de bien vouloir recevoir toutes nos salutations les plus respectueuses.

 

Ont signé :

 

Jean -Pierre Mara                                               Edouard Yamalet

Ancien Député de Mala                                 Journaliste Indépendant

DP de www.letsunami.net

Membre de l’Association les 12 Apôtres et Disciples

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