Centrafrique : « Pourquoi Kagamé et ses rwandais doivent quitter notre pays dans les meilleurs délais »: Exploitation illégale des ressources naturelles et autres richesses de la RDC

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Rappel des faits

La République démocratique du Congo, située au cœur de l’Afrique équatoriale centrale, a une superficie de 2 267 600 kilomètres carrés et une population évaluée actuellement à 50 millions d’habitants. Elle est dotée d’une biodiversité remarquable, de ressources minérales et forestières très riches et de sols fertiles se prêtant à l’agriculture (voir carte). Ces conditions favorables, surtout dans l’est du pays, sont à l’origine de l’occupation actuelle et de la lutte pour l’exploitation des ressources naturelles.

Les troubles, qui ont essentiellement touché la partie est du pays, ont commencé en 1994-1995 par l’afflux de réfugiés provoqué par la guerre dans le pays voisin du Rwanda. Ce soudain afflux de centaines de milliers de réfugiés, parmi lesquels se trouvaient des membres de l’Interahamwe, a créé une nouvelle dynamique démographique dans la sous-région, brutalement perturbé le délicat équilibre des écosystèmes et provoqué des problèmes de sécurité le long de la frontière avec le Rwanda.

La situation s’est détériorée encore en 1996 lorsque la guerre a éclaté entre les forces zaïroises et l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL), le mouvement rebelle dirigé par Laurent-Désiré Kabila et soutenu par les forces angolaises, ougandaises et rwandaises. Cette conquête de l’est de ce qui était alors le Zaïre a fondamentalement modifié le jeu des forces dans la région ainsi que l’exploitation des ressources naturelles. Auparavant, la distribution se faisait (par des moyens légaux et illégaux) par l’intermédiaire d’entreprises congolaises locales, dans la plupart des cas des entreprises dirigées par des civils. Ces méthodes traditionnelles ont été rapidement remplacées par de nouvelles structures. En même temps que de nouveaux acteurs intervenaient, de nouvelles règles ont été mises en place pour l’exploitation des ressources naturelles. Les troupes étrangères et leurs « amis » ont ouvertement participé à cette exploitation dans les « territoires libérés », encouragés indirectement par le dirigeant de l’AFDL, Laurent-Désiré Kabila.

En août 1998, des hostilités ont éclaté de nouveau dans le nord, l’ouest et l’est du pays, cette fois entre les forces rwandaises et ougandaises, d’une part, et l’armée congolaise aidée par les armées de l’Angola, de la Namibie et du Zimbabwe et par des forces soudanaises et tchadiennes, d’autre part. Le Soudan et le Tchad ont depuis lors retiré leurs forces de la République démocratique du Congo.

II. Exploitation illégale des ressources naturelles et autres richesses

L’exploitation illégale des ressources de la République démocratique du Congo par le Rwanda, le
Burundi et l’Ouganda revêt différentes formes : confiscation, exploitation directe, monopole forcé et fixation des prix. La confiscation et l’exploitation directe des richesses ont atteint des proportions telles que la guerre en République démocratique du Congo est devenue une « affaire » très lucrative. Avant, toutefois, de définir les différentes formes d’exploitation illégale et leurs modalités, il importe d’examiner les structures préexistantes qui ont facilité le processus.

A. Les structures préexistantes
qui facilitent l’exploitation illégale

L’exploitation illégale des ressources du pays par des étrangers avec la participation de Congolais a commencé avec la première « guerre de libération » en 1996. Les rebelles de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL), appuyés par des militaires angolais, rwandais et ougandais se sont emparés des régions est et sud-est du Zaïre. Au fur et à mesure de leur progression, l’homme qui était alors à la tête de l’AFDL, le défunt Laurent-Désiré Kabila, avait signé des contrats avec un certain nombre de sociétés étrangères. De nombreux récits et documents indiquent que dès 1997, une première vague de « nouveaux hommes d’affaires » parlant uniquement anglais, kinyarwanda et kiswahili était déjà en activité dans l’est de la République démocratique du Congo. C’est alors qu’on a commencé à signaler de fréquents vols de bétail, de café en grains et autres ressources. Au moment où éclata la guerre d’août 1998, Ougandais et Rwandais (officiers supérieurs et leurs associés) se rendaient parfaitement compte du potentiel de ressources naturelles que recélait l’est du pays et savaient où les trouver. Pour certains historiens, les forces ougandaises ont joué un rôle déterminant dans la conquête des régions de Wasta, Bunia, Beni et Butembo lors de la première guerre.

Des nombreux récits entendus à Kampala, il ressort que les partisans de la décision de s’engager dans le conflit en août 1998 se recrutaient parmi les officiers supérieurs qui avaient servi dans l’est du Zaïre pendant la première guerre et qui avaient déjà une idée des bonnes affaires que l’on pouvait réaliser dans la région. Certains témoins clefs, qui avaient servi dans les premiers mois du conflit dans les rangs de la faction rebelle du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), ont dit que les forces ougandaises se tenaient prêtes à entrer dans le pays et à occuper les régions dans lesquelles étaient situées les mines d’or et de diamants. Le Groupe a été informé par diverses sources qu’à la fin de septembre 1998, ces forces avaient entamé des discussions avec le général Salim Saleh concernant la création d’une société qui approvisionnerait l’est de la République démocratique du Congo en marchandises diverses tandis que l’on en importerait les ressources naturelles. Ce projet ne s’est jamais matérialisé sous la forme envisagée, mais selon ces sources, des discussions sur ce sujet et d’autres opérations possibles auraient également eu lieu avec le Président ougandais Yoweri Museveni.

Si la sécurité et des raisons politiques ont été invoquées comme motivation première de la décision des dirigeants politiques d’entrer sur le territoire est de la République démocratique du Congo, tout indique que certains officiers de l’état-major avaient sans nul doute des desseins plus obscurs, à savoir des objectifs économiques et financiers. Quelques mois avant que n’éclate la guerre de 1998, le général Salim Saleh et le fils aîné du Président Museveni se seraient rendus dans la région. Un mois après l’ouverture des hostilités, le général James Kazini se livrait déjà à des activités commerciales. Selon des sources dignes de foi, il connaissait les secteurs dont on pouvait tirer le plus grand profit et s’était immédiatement organisé de manière à ce que le commandement local serve partout leurs communs objectifs économiques et financiers.

Liens financiers et commerciaux. Dès les premiers mois de la rébellion, la structure et les réseaux financiers étaient déjà en place. Au coeur de cette structure, se trouve la Banque de commerce, du développement et d’industrie (BCDI) sise à Kigali. Selon certaines sources, les Présidents Paul Kagamé du Rwanda, Museveni et le défunt Laurent-Désiré Kabila s’étaient, à l’époque de la rébellion de l’AFDL, entendus quant à la récupération des ressources financières et à l’usage qui en serait fait. De nombreuses sources ont déduit de cette collaboration que les trois dirigeants étaient actionnaires de la BCDI, ce qui n’était pas le cas.

L’exemple suivant illustre la nature des transactions et des liens financiers entre la BCDI, la Citibank de New York qui lui servait de correspondant, et certaines sociétés et particuliers : dans une lettre signée par J. P. Moritz, Directeur général de la Minière de Bakwanga (MIBA), société d’exploitation de diamants, adressée à Ngandu Kamenda, le Directeur général de MIBA donnait à celui-ci instruction de verser 3,5 millions de dollars à la Générale de commerce d’import/export du Congo (COMIEX), société appartenant au défunt Président Kabila et à certains de ses proches alliés tels le Ministre Victor Mpoyo, à partir d’un compte de la BCDI, par l’intermédiaire d’un compte ouvert à la Citibank. Cette somme représentait la contribution de MIBA à l’effort de guerre de l’AFDL.

Réseau de transports. Les activités illégales ont également bénéficié de l’ancien réseau de transport qui existait avant la guerre de 1998. Celui-ci est constitué d’importantes compagnies aériennes et sociétés de transport routier, dont certaines ont aidé les troupes de l’AFDL dans leur guerre contre le régime de Mobutu. Le trafic des marchandises transportées s’effectue toujours de la même manière. Des marchandises ou des armes entrent par la voie aérienne dans le pays tandis que des ressources naturelles ou leurs produits dérivés en sortent. Une femme d’affaires qui opère dans la région depuis quelque temps, Mme Aziza Kulsum Gulamali, par exemple, utilisait déjà ce réseau dans les années 80. Elle affrétait des appareils de la compagnie Air Cargo Zaïre pour transporter des armes à destination des forces rebelles Hutu (FDD) au Burundi et transportait au retour des cigarettes en contrebande. Depuis 1998, des avions décollent des aéroports militaires d’Entebbe et de Kigali transportant des armes, du matériel militaire, des troupes ainsi que des marchandises diverses pour le compte de certaines sociétés. Ils sont chargés au retour de café, d’or, ou transportent des diamantaires et des représentants de certaines sociétés et, dans certains cas, des troupes. Le Groupe conclut que c’est sur la base de ces réseaux et structures préexistants que se développe l’exploitation actuelle des ressources naturelles en République démocratique du Congo.

Source : Rapport du Groupe d’experts sur l’exploitation illégale des ressources naturelles et autres richesses de la République démocratique du Congo

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