Centrafrique : Plaidoyer pour l’équilibre des pouvoirs et la liberté d’action afin de récupérer notre souveraineté et notre indépendance pleines et entières

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Plaidoyer pour l’équilibre des pouvoirs et la liberté d’action afin de récupérer notre souveraineté et notre indépendance pleines et entières
« Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir », Montesquieu (1689-1755), L’esprit des lois (1748).
1.La Constitution du 30 Mars 2016 nous rappelle qu’elle est « la loi suprême » à laquelle nous devons tous « respect, loyauté et fidélité et dont [le] Préambule est partie intégrante ». Or, les alinéas 6 et 7 de ce même Préambule proscrivent « toute gestion familiale, clanique, patrimoniale et partisane de la chose publique » et soutiennent avec vigueur la construction d’un « Etat de droit fondé sur une démocratie pluraliste, le respect de la séparation et de l’équilibre des pouvoirs en vue de garantir la sécurité des personnes et des biens, la protection des plus faibles, notamment des personnes, des minorités et le plein exercice des libertés et des droits fondamentaux ».
2.En clair, notre Constitution, outre le fait de s’ériger dès le Préambule contre le clanisme, le clientélisme, le tribalisme établit un lien mécanique, je dirais même organique, entre l’Etat de droit au triple pilier (démocratie pluraliste, séparation des pouvoirs et équilibre des pouvoirs) et les trois notions suivantes :
• la sécurité des personnes et des biens,
• la protection des plus faibles,
• et le plein exercice des libertés et des droits fondamentaux.
En somme la question de la sécurité et des libertés est consubstantielle à l’existence effective des trois piliers ci-dessus :
démocratie pluraliste, séparation des pouvoirs et équilibre des pouvoirs. Les premiers ne vont pas sans les seconds.
3. Or de 2016 à 2021, le déficit de sécurité et de liberté pour les Centrafricains était scandaleusement criant. Des trois piliers constituant l’Etat de droit, tel que défini par la Constitution, celui qui nous fit le plus cruellement défaut durant cette période sans nul doute fut « l’équilibre des pouvoirs ».
Nous avons expliqué ailleurs dans une publication antérieure comment la Pr Danièle DARLAN avait sciemment contribué à détricoter les mécanismes et garde-fous qui assuraient aux institutions républicaines un équilibre des pouvoirs, et cela au profit d’une hyper-présidentialisation, alors même que le Chef de l’Etat de l’époque dans sa pratique politique présentait toutes les tares que le peuple centrafricain rejette avec la dernière
rigueur dans son Préambule (gestion familiale, clanique, patrimoniale et partisane de la chose).
4.Nous ne reviendrons pas non plus sur les nombreux cousins, cousines, neveux, nièces, beaux-frères, belles-sœurs, gendres, bels-oncles, amis, collègues et intimes du Président TOUADÉRA qui furent nommés avec complaisance aux plus hautes fonctions politiques, administratives, militaires et à la tête de sociétés parapubliques.
Les nombreux scandaleux financiers comme de corruption active/passive et de détournements de deniers publics qui ont émaillé son mandat de 2016-2021 ont été suffisamment commentés par la presse qui en ont fait leurs choux gras pour ne plus à avoir à s’y attarder là-dessus.
5.Investis le 30 mars 2021 lors d’une cérémonie boudée par quasiment tous les Chefs d’Etat de la planète à l’exception du Président du Burundi, Son Excellence le Général-Major Evariste NDAYISHIMIYÉ, dont la véritable raison du déplacement était la revenue des troupes du contingent burundais de la force onusienne en Centrafrique (MINUSCA), le Président du MCU s’apprête à rempiler avec la volonté affichée de s’octroyer la même hyper-concentration de tous les pouvoirs entre ses mains au profit de sa clientèle.
Sauf qu’en 2021, le danger de cette toute-puissance-nuissance est encore plus effrayant qu’en 2016. S’il est vrai que lors du premier mandat TOUADÉRA l’autocrate suranné a dirigé lui-même le pouvoir de l’Etat pour son propre bénéfice jusqu’à la fin du 3ème trimestre de l’année 2020. A partir de l’automne 2020,
c’est très clairement la mafia russe, représentée successivement par Valéry ZAKHAROV, le patron des mercenaires russes de Wagner en Centrafrique, et Vladimir TITORENKHO, l’ambassadeur de la Fédération de Russie en RCA, qui a pris les rênes du régime de Bangui.
6.C’est en effet, un secret de polichinelle que les dirigeants de facto de l’Exécutif centrafricain depuis la fin de l’année 2020 sont Valéry ZAKHAROV et Vladimir TITORENKHO qui se servent de Faustin Archange TOUADÉRA comme d’un pantin, à qui ils imposent leur agenda propre. Ainsi, l’hyper-présidentialisation si l’opposition démocratique la laisse se mettre en place ne sera plus cette fois-ci comme en 2016-2021 au service du potentat TOUADÉRA mais de celui de puissances étrangères liées au crime organisé international, à la société de mercenariat russe WAGNER. Ce serait un précédent extrêmement dangereux dans notre histoire.
7.Par conséquent, la nécessité d’un contrepoison se fait urgence pour la survie de la jeune démocratie centrafricaine. Or, comme nous les avons, une grande partie des pouvoirs du Président de la République n’existent en réalité que grâce à la majorité qui le soutient à l’Assemblée Nationale. Sans cette majorité à l’Assemblée Nationale, l’opposition arracherait la toute-puissance-nuissance des mains de Valéry ZAKHAROV et de Vladimir TITORENKHO.
Le fait d’avoir couplé l’élection présidentielle avec les élections législatives a eu comme conséquence que le hold-up du 18 janvier 2021
n’a pas donnée de majorité à TOUADÉRA. S’il avait été un stratège politique, il aurait dû organiser d’abord l’élection présidentielle pour, peut-être un mois après, organiser les législatives. Un tel calendriers lui aurait été plus favorable, car cela lui aurait permis de s’impliquer davantage dans la campagne des législatives afin de demander aux populations de lui donner une majorité écrasante à l’Assemblée Nationale pour qu’il puisse travailler en toute liberté.
8.Cette grossière erreur de TOUADÉRA doit absolument être exploitée à fond par l’opposition pour aller compact, en rang serré et imposer «l’équilibre des pouvoirs » par le contrôle du Perchoir, du Bureau de l’Assemblée Nationale et les Bureaux des Commissions. Comme je le fis remarquer ailleurs, ce sera l’occasion de faire parler les articles 53
et 54 de la Constitution pour imposer la Cohabitation aux Russes Valéry ZAKHAROV et Vladimir TITORENKHO.
9.Une fois le gouvernement de cohabitation mis sur pied, l’opposition pourra enfin jouir de la liberté d’action que j’appelle tant de mes vœux. Liberté d’action pour interroger la nature des contrats qui lient le gouvernement centrafricain et les mercenaires russes afin de
les résilier, de livrer à la justice Valéry ZAKHAROV ou à défaut de l’expulser lui et ses mercenaires. Idem pour les mercenaires rwandais. Liberté d’action pour expulser l’ambassadeur russe Vladimir TITORENKO qui a franchi le Rubicond.
10.Les fauteurs de troubles et diviseurs russes du peuple centrafricain ainsi neutralisés, le gouvernement pourrait dès lors créer les conditions du dialogue inclusif en commençant au préalable par signer l’armistice avec la CPC pour mettre fin à cette guerre sordide et stupide. L’armistice signé, les soldats de la CPC cantonnés, la CEEAC et les partenaires de la RCA pourraient enfin aider à l’organisation de ce fameux dialogue inclusif pour la réconciliation nationale véritable, seul chemin pouvant nous autoriser à déployer nos politiques économiques de relance de l’appareil productif, de création d’emplois et d’amélioration des conditions de vie (lutte contre la misère, éducation, santé, culture,…) des Centrafricains.
11.Le schéma est limpide : Union sacrée de l’opposition→ contrôle de l’Assemblée Nationale→ Equilibre des pouvoirs→ Gouvernement de cohabition→ Liberté d’action→ Neutralisation Valéry ZAKHAROV et de ses mercenaires, expulsion de Vladimir TITORENKO→ Signature de l’armistice, cantonnement de la CPC→ Organisation du Dialogue Inclusif, Réconciliation Nationale→ Décollage économique.
12.L’implémentation de la doctrine de l’équilibre des pouvoirs et de la liberté d’action néantise totalement la guéguerre que se livrent actuellement les caciques du MCU pour la Primature, car dans tous les cas de figures la nomination unilatérale par TOUADÉRA d’un quelconque Premier Ministre sera nul et en effet. Au maximum 60 jours après, le PM et son gouvernement seront renversés par l’Assemblée Nationale. TOUADÉRA le sait très bien. Alors même que Mme DARLAN lui a livré le pouvoir sur un plateau d’argent le 18 janvier 2021, il n’a toujours pas révélé le nom du locataire de la tour Pétroca.
Pourtant, il avait tout le temps nécessaire pour faire son choix. Simplement, il sait qu’il ne peut donner aucun nom avant le 3 Mai 2021. Même s’il croit avoir rallié des partis politiques à sa cause, ces derniers vont bouffer son argent mais le 3 Mai 2021 ils se joindront à l’opposition pour le contrôle de l’Assemblée Nationale.
13.Le calcul est très simple, dans un gouvernement de cohabitation il y a plus de places pour les gens que dans un gouvernement MCU. Sans compter les nominations dans les cabinets, les entreprises parapubliques, les préfets, sous-préfets, les fonctionnaires internationaux, etc. Le MCU devra alors caser ses gens uniquement au
Palais de la Renaissance, alors tous les autres postes seront pour la coalition de l’opposition. Il reste encore un mois avant l’Apocalypse pour le MCU.
14.Parallèlement, il ne reste plus au CRPS, KNK, RDC, MLPC, URCA,MKMKS, MDD, CDE, BTK, MDI-PS, KELEMBA-PDS, PNCN, PATRIE, RLC, UNDPC, PPLD, PCUD, CDRC, MUD, PUR, MDREC…et j’en passe à se mettre au travail dans les plus brefs délais pour matérialiser l’union sacrée de l’opposition démocratique pour la reconquête effective du pouvoir après avoir remporté les législatives, pour garantir la sécurité et la jouissances des liberté et des droits fondamentaux aux Centrafricains.
Fari Tahéruka SHABAZZ

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