
POLITIQUE
À Libreville, Touadéra renoue le dialogue avec Macron
Selon les informations de Jeune Afrique, le président centrafricain s’est entretenu, à sa demande, avec son homologue français en marge du One Forest Summit. Coulisses.
Invité par la France et par le Gabon à participer au One Forest Summit, que coorganisent à Libreville ses homologues Emmanuel Macron et Ali Bongo Ondimba, le président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra (FAT), a profité de l’événement pour s’entretenir avec son pair français dans l’après-midi du 2 mars, avant le début du sommet des chefs d’État, qui s’est déroulé au Palais du bord de mer.
Aux côtés d’Ali Bongo Ondimba
Leur hôte, Ali Bongo Ondimba, a également participé à ce rendez-vous. Le Gabon a en effet récemment pris la tête de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), que Paris souhaite voir en première ligne sur le dossier centrafricain.
Le réchauffement des relations entre la France et le Gabon a quant à lui été scellé par la visite d’Emmanuel Macron à Libreville, la première d’un chef d’État français depuis 2010. Aucune feuille de route précise n’a été établie. Mais, du côté de l’Élysée, on estime que la reprise des contacts entre FAT et Macron est « une fin en soi ».
La rencontre du 2 mars intervient alors que les relations entre Paris et Bangui, mises à mal depuis plusieurs années par l’influence grandissante des mercenaires russes du groupe Wagner en Centrafrique, ont atteint un niveau critique en décembre 2022 avec le départ des derniers soldats français.
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Mais, comme l’a révélé Jeune Afrique le 24 février, le président centrafricain tente d’améliorer ses relations avec l’Élysée, une partie de son entourage estimant que l’influence de Wagner à Bangui est devenue trop envahissante. Pour faire passer ce message, il a notamment dépêché à Paris, au début de 2023, un spécialiste du renseignement ayant rang de ministre.
Le rôle clé de Paul Kagame
Emmanuel Macron souhaite, pour sa part, dans le cadre de ces discussions, s’appuyer sur le Rwanda. Kigali est en effet devenu l’un des partenaires clés de la France en Afrique, le président français s’étant beaucoup rapproché, au cours de ces cinq dernières années, de Paul Kagame. Ce dernier est aussi devenu un acteur clé à Bangui, où il déploie des troupes dans le cadre de la mission onusienne, la Minusca, ainsi qu’à titre bilatéral.
L’entretien entre Touadéra et Macron est-il le signe d’un retour de la France au premier plan dans le dossier centrafricain ? La diplomatie française avance avec une extrême prudence. Paris attend en effet des « signes tangibles » attestant de l’évolution du pouvoir centrafricain sur des questions précises, et incite notamment Bangui à lutter contre les multiples campagnes de désinformation visant les intérêts français en Centrafrique. Ces derniers mois, le groupe français Castel – qui produit la bière centrafricaine Mocaf – a par exemple été la cible d’une propagande anti-française alimentée et soutenue par les mercenaires du groupe Wagner.
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Faustin-Archange Touadéra, qui était accompagné des ministres Obed Namsio (directeur de cabinet) et Sylvie Baïpo-Temon (Affaires étrangères), a ensuite assisté à la première partie du One Forest Summit. Il a quitté le sommet quelques heures avant sa conclusion, afin de
se rendre à Douala.
Jeune Afrique