Centrafrique : nouvelle grogne dans l’armée

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NOUVELLE GROGNE DANS L’ARMEE: DES CHEFS DE CORPS, OFFICIERS, SOUS-OFFICIERS, GRADES ET SOLDATS FACA PAS D’ACCORD AVEC LA NOMINATION AUX GRADES DE CAPORAL ET CAPORAL-CHEF DE 150 CIVILS FORMES EN ANGOLA PENDANT 6 MOIS SEULEMENT SANS RECRUTEMENT REGULIER
Osons le dire: La République centrafricaine vient d’éviter de justesse une mutinerie de l’armée dont la majorité de ses serviteurs, du grade de soldat de 2e classe à celui de général, contestent le projet de nomination aux grades de caporal (CAP) et caporal chef (CC) des civils ramassés en catimini et envoyés en Angola en juillet 2019 pour une formation militaire de six (6) mois et qui sont récemment revenus à Bangui. C’est ce qu’on a appris de la bouche même de plusieurs officiers, sous-officiers, gradés, soldats et des anciens de la grande muette qui se sont rapprochés de notre rédaction pour faire des déballages. La situation est potentiellement explosive. Voyons !
Il s’agit de 150 individus ramassés comment on ne sait, sans voie de concours, sans enquête de moralité, sans visites médicales, sans petit test de niveau, sans vérification de leur aptitude physique et psychique, sans aucun dossier existant à l’état-major, et qui étaient envoyés en Angola où ils seraient formés pendant six (6) mois. Dès leur arrivée en Angola en juillet 2019, ils étaient répartis en deux groupes. L’un a été formé dans le domaine militaire. L’autre, dans le domaine de la police (renseignements).
De retour à Bangui récemment, ils seraient répartis dans les corps suivants:
-50 dans les FACA et affectés dans la Garde présidentielle (GP);
-50 dans la Gendarmerie;
-50 dans la Police.
    Si on ne sait pas que ceux qui sont orientés dans la Police et la Gendarmerie ont été bien accueillis et acceptés, on sait mieux, par contre,  que  ceux qui ont été affectés dans l’armée sont contestés par 99% des serviteurs de ce corps, du petit soldat à l’ancien général. Tous disent NIET à cette manière de « faire de l’armée une poubelle, un réceptacle de n’importe quel voyou, un lieu de refuge des bandits et ratés sociaux » (sic).
    La cérémonie de présentation des 150 inconnus qui devait être accompagnée de celle du port de leurs galons de caporal et caporal-chef, avait connu un fiasco le samedi 15 février dernier, malgré la présence du chef de l’Etat, chef suprême des armées. La farouche opposition de la plupart des chefs de corps, des officiers et autres soldats qui ont déjà passé quelques années dans l’armée après leur incorporation régulière, aurait amené le ministère de la Défense nationale à ne pas prendre la décision d’incorporation et de nomination des 150 inconnus aux grades de caporal et caporal-chef. Même ceux qui étaient aussi recrutés en catimini et envoyés en Guinée pour une formation militaire d’au moins 6 mois ne sont pas d’accord avec ce qui allait se passer, car ils ne sont pas encore nommés caporal ou caporal-chef. « Alors pourquoi seulement ceux fraichement venus de l’Angola et qui n’ont pas encore fait leur preuve? » , s’insurge un des ressortissants de l’Ecole militaire de la Guinée.
    Le CEMA était visiblement paniqué ce samedi au lieu de la grande cérémonie. « Des gens n’ont pas caché leur mécontentement et ont ouvertement menacé d’entrée en mutinerie au cas où le CEMA persistait dans son intention de faire signer par la ministre de la Défense une décision en faveur des 150 inconnus », a révélé une source militaire digne de foi et proche du dossier.
Aussi, à en croire les cinq (5) chefs de corps qui ont ouvert le bal de l’opposition à la nomination de 150 revenants d’Angola aux grades de CAP et CC, le clan présidentiel aurait recruté 150 civils qu’il a envoyés en Angola en juillet dernier sans l’avis ni le concours du ministère de la Défense nationale, encore moins de l’Etat-major général des armées qui est pourtant, de droit et de tradition, la seule institution nationale et militaire habilitée à organiser le recrutement des civils pour les former dans les domaines militaires et autres, au pays ou à l’étranger.
« N’étant pas associé en amont ni en aval à la sélection de ces gens-là et ignorant tout de la procédure de leur recrutement, de la moralité, de l’identité, de la nationalité et de l’état de santé des 150 personnes, nous, chefs de corps, officiers, sous-officiers et la plupart de nos éléments qui ont été régulièrement recrutés dans l’armée, avons émis un avis défavorable au projet de nomination de ces inconnus dans les grades qui ne s’obtiennent pas par ailleurs après 6 mois seulement de formation commune de base et sans expérience sur le terrain et dans les milieux militaires. Cela ne s’est jamais passé dans notre armée. Et dans aucun pays du monde l’armée se fonctionne comme ça », rapporte un officier sous couvert d’anonymat.
    Un capitaine FACA s’est par ailleurs déclaré « prêt à prendre la tête d’une mutinerie au cas où le chef d’état-major et le chef suprême des armées s’entêteraient à nommer des civils inconnus du registre de l’armée aux grades de caporal et de caporal-chef ». « Moi qui vous parle, j’avais commencé comme simple soldat recruté par voie de concours, formé à Bouar et au camp Kassaï où j’ai obtenu mes CAT 1 et CAT 2. J’ai fait mes preuves de soldat loyal, discipliné et bon sur le terrain, avant d’être nommé caporal après 10 ans de loyaux services rendus à la nation. J’ai ensuite suivi des stages de formation pratique et professionnelle avant de devenir sous-officiers, officiers subalternes, officiers. J’ai senti la souffrance du métier avant d’être ce que je suis aujourd’hui. Beaucoup de mes anciens et jeunes sont sortis comme simples soldats de 2è classe et ont fait leur preuve sous le drapeau et sous le soleil pendant des années avant de devenir caporal. Mais des inconnus ramassés où on ne sait et formés dans quelles conditions et où on ne sait en 6 mois seulement, être nommés caporal et caporal-chef? Franchement, cela est inacceptable. J’ai l’impression que Touadéra est en train de constituer sa propre milice qu’il veut payer aux frais de l’Etat en les incorporant dans l’Armée en violation des procédures de recrutement dans l’armée. L’armée ne fonctionne jamais comme ça. Sinon, on n’a qu’à nous renvoyer tous de l’armée ou mettre en place le DVA pour nous faire partir, comme ça nous ne serons pas témoins ni victimes de cette dérive de l’armée. J’ai franchement envie de péter les plombs ! », déclare-t-il, très en colère.
    Jusqu’à quand Touadéra, cesseras-tu d’abuser de notre confiance et de notre patience? Il est temps d’arrêter. Sinon, la colère des FACA te sera fatale !
    Le temps nous le dira.
Affaire à suivre.
Jean-Paul Naïba

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