Centrafrique : « Nous ne pouvons pas verser de l’huile sur le feu ; nous sommes issus de ce système », selon le général Jérôme Bouba

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Tels sont les mots qui sont sortis de la bouche du général de brigade Jérôme Bouba, dans une interview à la presse gouvernementale, après une audience qui leur a été accordée, à lui et au général Dolle – Waya, par le ministre de la sécurité publique et de l’intérieur le général Wanzet, assurant l’intérim du ministre de la défense nationale, en mission. Cette mise au point faisait suite aux folles rumeurs de démission de 3 généraux de leurs fonctions ou des forces armées centrafricaines circulant depuis le début du mois d’avril, à Bangui, sur les réseaux sociaux et dans les médias.

Afin de rassurer l’opinion nationale et internationale, le général Jérôme Bouba, au nom du collectif des officiers, a cru bon de déclarer que si cette information devait s’avérer exacte, en ce qui concerne le général Gailloty qui a régulièrement adressé au chef suprême des armées et à ses chefs hiérarchiques les plus immédiats et directs, une demande de mise en disponibilité, conformément aux dispositions statutaires de l’armée, il n’en était pas ainsi pour lui et son collègue Dollé – Waya. Considérant les difficultés auxquelles le gouvernement est actuellement confronté, reconnaissant les efforts qu’il ne cesse de déployer, et étant issus du système, ils ne peuvent pas prendre le risque de verser de l’huile sur le feu.

Voilà, une mise au point qui a dû siffler très fort dans les oreilles de tous les patriotes, de tous les combattants de la liberté et de tous les républicains qui existent encore dans ce qui reste un tout petit encore du pays de B. Boganda et qui n’ont jamais douté, une seule fois, de la bravoure, de l’élan patriotique et de la flamme de la liberté devant caractériser cette armée centrafricaine, même si dans un passé récent, elle avait pris ses jambes à son cou face à la fulgurante avancée des vendeurs de thé de la Séléka, leur abandonnant villages, communes, sous – préfectures, préfectures, tout le pays, poudrières, armes et effets militaires, et livrant ainsi la population à la merci de ces méchants, sadiques et criminels envahisseurs.

Illo tempore, on avait dit que le général François Bozizé ne lui avait pas donné des armes et pis, qu’elle était politisée, ethniticisée, indisciplinée, tribalisée, non – professionnelle et singulièrement exclusive. Mais que dire cette fois – ci ? Depuis le 30 mars 2016, n’a – t – elle été restructurée, formatée, formée et modélisée, après la prise de pouvoir par le président Toudéra, grâce aux appuis multiples et multiformes de l’EUTM, la France, des USA, la Fédération de la Russie et de la Chine ? Qu’a – t – elle in fine retenu de ces nombreux et interminables stages de perfectionnement, de remise à niveau, de maîtrise de la technicité, du rôle de l’armée dans un Etat démocratique comme le nôtre, de la défense de l’intégrité du territoire national, de la protection des biens et des personnes et de la préservation des intérêts fondamentaux de l’Etat, conformément aux dispositions de la constitution ?

Absolument rien. Rien du tout. Mieux, les mêmes tares, les mêmes vices, les mêmes cupidités et les mêmes réflexes de désertion en temps de guerre, de non – assistance à la population civile et non – armée, de soumission au pouvoir contre les valeurs de la République demeurent et continuent de faire recettes. La peur, la lâcheté, la fuite de responsabilité, la médiocrité, la partialité, la corruption et la trahison du peuple qui s’étaient substitués à l’amour pour la patrie, au sens du devoir élevé, à l’engagement jusqu’au sacrifice suprême, à la compétence, à l’impartialité et à l’intégrité  et qui servent désormais de mode d’ascension sociale et de critères d’éligibilité à des hautes fonctions de l’Etat, semblent avoir encore de beaux jours dans l’armée centrafricaine. Beaucoup d’argent décaissé, trop d’énergies et beaucoup de ressources humaines, matérielles et financières consenties et dépensées, pour rien du tout et  aucun changement. C’est tout simplement ce que la plèbe peut et doit retenir de la dernière sortie médiatique du général Jérôme Bouba, de surcroît ci – devant chef d’état – major.

En somme, un général de pacotille, bradé de galons, carriériste, tout le contraire de ces généraux qui font la fierté et comble leur peuple d’honneur, de dignité et de respectabilité, et fait non pas pour assurer la défense de l’intégration du territoire dont plus de 80% sont occupés par des groupes armés et être présent à la frontière, – comme un miles romanus,insensible au sommeil et aux morsures des reptiles,  brave, courageux, intrépide, patriote engagé et prêt à mourir pour la patrie, à aider le plus faible, à dénoncer l’injustice, à combattre l’exclusion et la persécution, à secourir les orphelins et les veuves, et à être à l’écoute de la masse laborieuse, silencieuse, opprimée et écrasée, et à lutter contre la corruption et les privilèges –, mais plutôt  pour déguerpir comme un lapin devant l’ennemi, laisser femmes, enfants et personnes du 3ème âge  entre les mains des égorgeurs, leur céder la terre de nos ancêtres et de nos aïeux, laisser souiller la mémoire de nos morts et martyrs, et assurer la protection de ceux qui sont au pouvoir et les servir.

Dans un contexte de grogne sociale généralisée, suite au morcellement de la République en régions militaires placées sous l’autorité des groupes armés et des mercenaires au détriment des militaires de carrière, à leurs nominations dans le gouvernement, à la présidence, à la primature et dans les entités périphériques, en lieu et place des fonctionnaires et agents de l’Etat, en violation des dispositions de l’article 28 de la constitution et au lendemain de l’appel du GTSC à la résistance citoyenne contre le régime du président Touadéra pour haute trahison, parjure et forfaiture d’Etat, cette réaction n’est ni plus ni moins qu’un acte de coup d’état contre la République et le peuple centrafricain, d’une part, et une insulte à la mémoire de toutes les victimes de cette crise.

Fort heureusement, le peuple qui détient le pouvoir souverain saura se révolter un jour comme viennent d’en faire la démonstration les Algériens et les Soudanais, en exigeant non seulement la démission de leurs dirigeants qui ont failli mais surtout le départ de tous leurs  complices, hauts gradés, opérateurs économiques véreux et corrompus, etc.

La rédaction

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