Centrafrique : « Nous irons à Bujumbura pour exiger la condamnation très ferme de Touadéra par l’Ua pour coup d’état constitutionnel, son départ et le retour à l’ordre constitutionnel », selon un membre du BRDC 

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Depuis les deux décisions d’Alger de 1999 jusqu’à l’adoption de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance, le 30 janvier 2007, en passant par la Déclaration sur le cadre pour une réaction de l’OUA face aux changements anticonstitutionnels de gouvernement en 2000, l’Acte constitutif de l’Union africaine et le Protocole portant création du conseil paix et sécurité de l’Union africaine de 2014, l’Union africaine (UA) a fait du rejet de changements anticonstitutionnels de gouvernement son cheval de bataille. Les liens entre ces changements et les conflits qu’ils occasionnent sont tellement étroits qu’il convient de les prévenir et de les gérer, non seulement au niveau de l’Ua, mais aussi au sein des communautés économiques régionales qui se sont à leur tour dotées d’organes chargés de la prévention, de la gestion et du règlement des conflits. L’importance du mécanisme de rejet par l’Ua des changements anticonstitutionnels réside dans le fait que ces derniers « constituent l’une des causes essentielles d’insécurité, d’instabilité, de crise et même de violents affrontements en Afrique ». 

C’est pourquoi, afin de faire face aux conséquences de ces changements anticonstitutionnels, l’Ua a mis en place un mécanisme de réaction à travers l’institution d’un Conseil de Paix et de Sécurité dont la composition et le fonctionnement ressemblent, mutatis mutandis, au Conseil de Sécurité des Nations Unies. Ces deux organes interagissent par des consultations régulières, l’échange d’information et par la coopération pour donner plein effet aux décisions adoptées par le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Ua.

En Centrafrique, en 1999, ces deux organes ont favorisé la rencontre entre les groupes armés et le gouvernement à Khartoum ; ces pourparlers qui se sont poursuivis à Bangui, ont débouché, le 6 février 2019 à ce qui est communément appelé l’Accord de Paix de Khartoum.  Seulement, les mercenaires du Groupe Wagner qui étaient à la manœuvre, avaient tout mis en œuvre pour que ni les partis politiques de l’opposition démocratique, ni la société civile ne puissent y prendre part. Finalement, du fait de la roublardise d’un certain Faustin Archange Touadéra qui avait profité de cette période de trêve pour neutraliser militairement le FPRC de Noureidine Adam par l’entremise des guerres intercommunautaires de la Vakaga et de la Bamingui – Bangora, fin 1999 et début 2020, et de son refus systématique et catégorique de traduire en actes tous les engagements contenus dans cet Accord, nous avons assisté à la Déclaration commune de Kambakotta du 15 décembre 2020, dénonçant l’Accord de Paix de Khartoum et mettant en place la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC).

En ce moment – là, alors que le peuple centrafricain espérait tout naturellement que le Conseil de Paix et de Sécurité et l’Ua allaient intervenir et mettre la pression sur le régime de Bangui pour de nouvelles négociations avec toutes les forces vives de la nation, rien n’a été fait. La Ceeac et la CIRGL mises à contribution autour de ce qu’on a appelé « La Feuille de Route de Luanda », elles vont se révéler plusieurs mois plus tard totalement acquises à la cause de Touadéra. C’est le refus inacceptable et coupable de l’Ua, de la Ceeac et de la CIRGL de dénoncer les actes de graves entorses à la démocratie, la justice, aux droits de l’homme et à l’Etat, d’une part, et leurs compromissions avec cet individu qui a fait appel à des mercenaires du Groupe Wagner et rwandais au mépris des instruments juridiques internationaux et de la Convention sur l’élimination du mercenariat en Afrique, un texte adopté à Libreville en 1977 par l’UA, d’autre part, qui lui a finalement permis d’organiser la mascarade électorale du 27 décembre 2020, d’écrire une nouvelle constitution et de le faire adopter le 30 août 2023 suite aux consultations référendaires du 30 juillet 2023.

Depuis le limogeage de la présidente de la cour constitutionnelle Mme Danièle Darlan qui s’était farouchement opposée à sa volonté de doter la République centrafricaine d’une nouvelle loi fondamentale, Monsieur Faustin Archange Touadéra, au regard des dispositions de l’article 28 de la constitution du 30 mars 2016, est considéré comme un putschiste. En validant les résultats des consultations référendaires sus- évoquées, le 20 août 2023, sa cour constitutionnelle aux ordres a déclaré « légal et légitime » son coup d’état constitutionnel.

Mais, alors que le peuple centrafricain s’attendait tout logiquement à une condamnation très ferme de la part de l’Ua, de la Ceeac et de la CIRGL, conformément aux textes adoptés par la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine et qui sont au fondement de l’architecture africaine de gouvernance, à savoir l’Acte constitutif de l’Union africaine, la Déclaration d’Alger de 1999, la Déclaration de Lomé de 2000, la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance de 2007 et le Protocole portant création du conseil paix et sécurité de l’Union africaine de 2014, grande est sa surprise d’assister à un SILENCE TOTAL.

Non seulement, ce silence n’est rien d’autre qu’une insulte de trop pour le peuple centrafricain, mais surtout s’impose aussi comme un acte de compromissions et de violation très grave des textes susvisés. A quoi sert – il de condamner les coups d’état militaires si l’Ua doit tolérer tous « les putschistes en col blanc, plus nombreux, qui ne font l’objet d’aucune condamnation, manipulent, utilisent la fourberie et modifient les textes et les règles du jeu démocratie pendant les parties afin de rester éternellement au pouvoir », comme l’a déclaré le colonel Mamady Doumbouya de la Guinée à la tribune des Nations Unies ?

C’est donc toute honte bue que Moussa Faki Mahamat et le Comité des Sages de l’Ua ont décidé d’organiser une rencontre entre le pouvoir illégitime et illégal de l’Imposteur de Bangui, les acteurs politiques et la société civile à  Bujumbura. Une initiative jugée très maladroite et déstabilisatrice par le régime de Bangui : « Le Groupe des sages de l’Union africaine nous a adressé une note verbale nous informant de l’organisation d’un dialogue inter-centrafricain sans une concertation ou un travail préalable avec le Gouvernement. Les organisateurs doivent surseoir à cette démarche qui vise à nous déstabiliser. C’est un manque de respect à l’égard de notre pays », a déclaré la donzelle de Touadéra Sylvie Baïpo – Témon, ministre des affaires étrangères.

Ainsi donc, Moussa Faki Mahamat, l’une des brillantes intelligences du continent, jadis apprécié par Lestunami.net,  et l’Ua, à travers le Comité des Sages, viennent d’être victimes de leurs propres turpitudes. Ils méritent d’être traités de cette manière, car s’ils avaient été respectueux des valeurs de démocratie, de dignité humaine, de justice, de liberté, des droits de l’homme et de l’Etat de droit, et avaient condamné très fermement le coup d’état constitutionnel opéré par le voyou Touadéra et ses ouailles, ils auraient dû mériter de la gratitude du peuple centrafricain et inciter le pouvoir de Bangui à mettre de l’eau dans son vin vis – à – vis de l’Ua, la Ceeac et la CIRGL.

Avec les vagues en cours des coups d’état militaires et des contestations en cours contre la politique africaine de la France et ses soutiens à des dictateurs et des putschistes à col blanc, l’Ua et le Comité des Sages se doivent de se repentir et opter pour la stabilité et le respect scrupuleux de la constitution du 30 mars 2016. De la tenue de la rencontre de Bulumbura du 5 au 7 octobre 2023, et à un membre des partis politiques de l’opposition démocratique centrafricaine qui était présent à Paris lors du conclave du 25 septembre 2023 organisé par le président de l’URCA Anicet Georges Dologuélé, à qui nous avons donné la parole, nous avons retenu ce qui suit  : « Nous irons à Bujumbura pour exiger la condamnation très ferme de Touadéra par l’Ua pour coup d’état constitutionnel, son départ et le retour à l’ordre constitutionnel ».

La rédaction

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