Centrafrique : « Nous devons faire feu de tout bois pour dégager Touadéra du pouvoir », dixit le président du PARC Gaston Mandata N’Guérékata

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Répondant massivement à l’appel des « Douze Apôtres », ce conglomérat de jeunes Centrafricaines et Centrafricains passés initialement pour des « Liveurs », mais devenus depuis un certain temps de vrais Combattants de la Lutte pour un changement profond du système politique en cours dans notre pays, ils ont bravé le froid ou séché tout simplement le boulot pour prendre part dans la capitale française à la manifestation du 5 novembre 2022.

D’origines sociales diverses, certains ont fait le déplacement en familles de toute la France ou d’un pays européen, d’autres des Etats – Unis d’Amérique, à l’exemple du Pr Gaston Mandata N’Guérékata, président du Parti pour la Renaissance Centrafricaine et Doyen Associé à l’Université d’informatique, mathématique et sciences naturelles de Morgan – Baltimore. Estimés à plus de 300 âmes, ils sont venus pour constater la vacance du pouvoir créée par l’Imposteur de Bangui dans leur pays, le lundi 24 octobre 2022, par la publication du décret limogeant la présidente de la cour constitutionnelle de ses fonctions, en flagrante violation de l’article 102 de la Constitution, selon lequel « les membres de la Cour constitutionnelle sont inamovibles pendant la durée de leur mandat », d’une part, et, faisant suite à ce qui n’est rien d’autre qu’un véritable coup d’état constitutionnel, mettre en urgence en place un Conseil de Résistance et de Transition pour le retour à l’ordre constitutionnel dans les meilleurs délais, d’autre part.

Des interventions des uns et des autres, notamment celles des leaders ou de représentants des partis politiques présents à cette importante rencontre, à savoir l’URCA, le MLPC, le KNK, le BTK, le Chemin de l’Espérance, le MKMKS, le RPR, la MDSP et Autres, et celles des membres de la société civile parmi lesquels l’astéroïde « Oumuamua » dénommé « G – 16 » représenté par Ledo Ludovic et le Pr Jean – François Akandji – Kombet, sans oublier les organisateurs de cette manifestation et les rédacteurs du Mémorandum qui en est issu, en l’occurrence l’ancien Député de Mala Jean – Pierre Mara et « l’Ecrivain Public » Guy José Kossa, l’allocution spontanée du président du PARC a provoqué un tollé d’applaudissements dans l’assistance : «  ….Nous devons faire feu de tout bois pour dégager Touadéra du pouvoir ! Nous devons faire feu de tout bois pour dégager Touadéra du pouvoir ! Nous devons faire feu de tout bois pour dégager Touadéra du pouvoir ! » En réalité, cette solennelle et courageuse prise de position politique du président du PARC, le matheux Gaston Mandata N’Guérékata, a tout simplement eu le mérite de traduire par des mots justes la situation socio – politique dans laquelle se trouve actuellement la République centrafricaine et l’assentiment de toute l’assemblée et d’une très large majorité du peuple centrafricain.

En effet, en réponse à ce coup de force civil opéré par un individu obnubilé par la soif effrénée d’une présidence « ad aeternam vitam », le législateur a prévu, à l’article 28 de la constitution du 30 mars 2016, ce qui suit : « L’usurpation de la souveraineté par coup d’Etat, rébellion, mutinerie ou tout autre procédé non démocratique constitue un crime imprescriptible contre le peuple centrafricain. Toute personne ou tout Etat tiers qui accomplit de tels actes aura déclaré la guerre au peuple centrafricain. Toute personne physique ou morale qui organise des actions de soutien, diffuse ou fait diffuser des déclarations pour soutenir un coup d’Etat, une rébellion ou une tentative de prise de pouvoir par mutinerie ou par tout autre moyen, est considérée comme co-auteur. Les auteurs, co-auteurs et complices des actes visés aux alinéas 1 et 2 sont interdits d’exercer toute fonction publique dans les Institutions de l’Etat ».

C’est dans cette spectaculaire, invraisemblable et révoltante texture faite fondamentalement d’anarchie, de blocage de fonctionnement des institutions nationales, et de démission délibérée de ses nobles fonctions de garant de la « Res Publica » de celui qui a été déclaré élu par l’ANE par seulement 17% à l’issue des élections du 27 décembre 2020 marquées singulièrement par des actes de graves atteintes au Code de l’Intégrité Electorale, et desquelles plus de 300.000 Centrafricains ont été délibérément exclus, que se vautre aujourd’hui la jeune démocratie centrafricaine, chèrement acquise dans les années 90.

Devant cet état de non – droit et de non – loi, le législateur a aussi défini et arrêté la posture à entreprendre par tout citoyen ou groupe de citoyens, c’est – à – dire le peuple afin de restaurer la République et rétablir l’ordre constitutionnel par tous les moyens, le recours à la violence armée y compris. Ce mode de comportement à adopter est formellement consacré par les dispositions de l’article 29 de la constitution du 30 mars 2016 : « En cas de coup d’Etat, d’agression par un Etat tiers ou par des mercenaires, les autorités habilitées par la Constitution ont le droit et le devoir de recourir à tous les moyens pour rétablir la légitimité constitutionnelle, y compris le recours aux Accords de coopération militaire ou de défense en vigueur. Dans ces circonstances, tout citoyen ou groupe de citoyens a le droit et le devoir de s’organiser d’une manière pacifique, pour faire échec à l’autorité illégitime ».

Ainsi donc, le temps est grandement venu pour le peuple centrafricain sans exception, à travers les Centrafricaines et les Centrafricains de la Diaspora de se lever courageusement comme un seul homme « de l’est à l’ouest du sud au nord » pour « faire feu de tout bois », « renverser le régime de Bangui » déjà vacant et « abattre tout le système politique qu’il a incarné » depuis le 30 mars 2016 jusqu’au 24 octobre 2022. A l’instar des chasseurs du XVIIème siècle qui, lorsqu’ils n’avaient plus de flèches, se servaient du bois de mauvaise qualité trouvé sur place pour en fabriquer afin de rapporter coûte que coûte de la nourriture à la maison, tous les moyens doivent être utilisés pour tourner et fermer définitivement l’ère Touadéra. L’heure est déjà là pour tous de mettre en place un Conseil de Résistance et de Transition dont les missions prioritaires consisteront à organiser un Dialogue Politique Inclusif, faire taire les armes sur toute l’étendue du territoire national, réconcilier les Centrafricaines et les Centrafricains entre eux – mêmes, favoriser le retour des milliers de réfugiés et exilés, procéder à la réintégration de tous les fonctionnaires et agents de l’Etat radiés ou dont les salaires ont été illégalement suspendus, sans préjudice d’actions récursoire contre les auteurs de ces mesures, écrire une nouvelle constitution et organiser des élections véritablement démocratiques sans la participation des autorités de la Transition.

En définitive, ce sera la réponse la plus adéquate à toutes les dérives monumentales et les manquements graves décriés sur le processus électoral, d’une part, et au limogeage de la présidente de la Cour constitutionnelle, consacrant ainsi un vrai coup d’état constitutionnel. Car, à peine sorti d’une réélection problématique sans gloire et sans légitimité, l’Imposteur de Bangui, plutôt que de s’attaquer aux véritables problèmes du pays (institutions inefficaces, inutiles et budgétivores, extrême pauvreté, chômage massif des jeunes, économie au service des étrangers, accès aux services sociaux de base, contentieux social avec pratiquement tous les syndicats de travailleurs), a repris  du service, hélas mais dans ce qu’il sait faire le mieux : de la politique, rien que de la politique politicienne.

Malheureusement, une Nation ne vit pas que de politique ! Toujours fidèle à ses limites objectives qui l’empêchent de prendre la hauteur qu’exige la stature de chef d’Etat d’une République démocratique et pathologiquement aveuglé par un désir excessif de pouvoir sans limites, le voilà qui  vient d’engager, à la surprise générale, et à titre personnel, pour tout un peuple, un coup d’état constitutionnel, sans débat, ni concertations à aucun niveau, pour, à sa seule guise, modifier unilatéralement le régime politique en vigueur et ainsi imposer une nouvelle gouvernance solitaire et personnalisée. Exactement, tel un despote dans une sombre dictature : la majorité partisane obéira, les alliés, même humiliés, le remercieront et applaudiront ; quant aux contempteurs, ils ont perdu toute capacité de réaction !

Suivant, en effet, un cheminement stratégique pleinement assumé, après avoir cassé et neutralisé toutes les forces progressistes, démocratiques et citoyennes du pays, cette dernière initiative lui permettra, sans nul doute, de disposer désormais de tous les leviers de pouvoir de l’Etat et de la Nation, entre ses mains, lui tout seul. La réforme ainsi engagée viendra consolider et parachever l’installation d’une dictature, certaine en République centrafricaine. Au demeurant, il faut rester debout pour la simple raison que la Manifestation du 05.11.2022 devant l’ambassade de la RCA à Paris a été un Grand Succès, et la mobilisation de qualité avec une convergence de points de vue sur les questions fondamentales de l’illégitimité et de l’illégalité dans lesquelles se trouve Touadéra, du fait de ce que lui-même s’est disqualifié par son acte scélérat vis à vis de la Cour constitutionnelle.

Désormais, cette prise de conscience nationale doit être consolidée par de nouvelles rencontres et bâtie autour de la vérité selon laquelle la fonction de président de la République ne confère à quiconque un titre foncier sur le pays et la République centrafricaine n’appartient à personne en particulier. L’histoire nous enseigne en effet que chaque peuple a son propre agenda et quand il décide de le dérouler, rien ni personne ne peut l’arrêter ! Inéluctablement, il parvient à recouvrer sa légitimité et sa souveraineté, à l’instar des Algériens et des Soudanais, avant eux les Burkinabè, pour ne citer que ces exemples. Mais cela requiert de l’engagement dans le militantisme et du patriotisme dans l’action politique et citoyenne, notamment des élites, de la jeunesse et des forces progressistes.

A cet égard, et en considération de tout ce qui précède, les Centrafricaines et les Centrafricains appellent à la mobilisation générale et militent pour un sursaut national des progressistes et des patriotes, éparpillés dans plusieurs organisations, devenues sans envergure, ni épaisseur, atomisées qu’elles sont, par l’action de neutralisation des forces politiques et citoyennes, entreprises par le régime actuel, et pour un seul et unique objectif : construire des blocs politiques forts capables de porter, dans l’unité d’action, le combat qu’ils incarnent depuis le samedi 5 novembre 2022, afin de faire face à une dictature certaine qui ne se fixe plus aucune limite : ni légale, ni morale, ni éthique.

Cette œuvre de salut dont le pays de B. Boganda a urgemment besoin requiert de la part des acteurs politiques beaucoup d’humilité et de générosité, de la grandeur et de l’ouverture d’esprit, du don de soi et de l’oubli de soi : pour la nation et la patrie ; pour la démocratie et la justice sociale ; pour la République et l’Etat de droit.

Jean – Paul Naïba

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