Centrafrique : Mme Sylvie Baïpo Témon, Thierry Vircoulon de l’Ifri a raison, le statu quo devient inacceptable !

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En Centrafrique, la victoire du Président Faustin- Archange Touadéra à la présidentielle du 27 décembre 2020 a été validée par la Cour constitutionnelle le 18 janvier 2021, malgré les attaques des groupes rebelles qui ont entaché le scrutin.

« Deux électeurs sur trois n’ont pas pu voter, principalement à cause de l’insécurité surtout au nord-ouest du pays », a relevé Sylvestre Ntibantunganya, le chef de la mission d’observation de la CEEAC (Communauté économique de l’Afrique Centrale).

Après avoir été déclaré vainqueur avec 53,16% des voix, le Président appelé à la réconciliation nationale après un scrutin controversé.

« Aujourd’hui, si nous sommes des démocrates, on doit pouvoir accepter ce que nos institutions ont décidé. Je suis très heureux et je remercie le peuple centrafricain qui a renouvelé sa confiance en ma personne pour conduire sa destinée et je voudrais aussi remercier toute la communauté internationale qui n’a pas lésiné sur les efforts pour nous aider à renforcer notre ancrage démocratique », avait déclaré le Président Touadéra le 18 janvier 2021.

Il avait aussi tendu la main à l’opposition, rappelant qu’il était toujours temps de dialoguer. Il avait par ailleurs annoncé l’organisation d’un dialogue national dont la date n’est toujours pas connue.

– La réconciliation nationale au point mort

Le processus de réconciliation nationale a été enclenché en Centrafrique avec l’installation le 2 septembre 2021 de la trentaine de membres du comité d’organisation du dialogue républicain.

« Rien n’est avancé avec le processus dudit dialogue. Le dialogue républicain qui se veut pourtant inclusif fait déjà face à ses premières divisions, avec la non-participation des mouvements rebelles, notamment ceux formant la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) rassemblés autour de l’ex-président François Bozizé, qui multiplient des attaques à travers le pays, indépendamment du déploiement de la force de l’ONU (MINUSCA) et de la présence des soldats russes chargés par les autorités centrafricaines de participer à la sécurisation du pays », a souligné, Philippe Bodo, politologue centrafricain, interrogé par l’Agence Anadolu.
« Alors que le comité préparatoire dévoilait les grandes lignes du dialogue républicain promis par le Président Touadéra, les principaux représentants de l’opposition ont annoncé, le 30 octobre dernier, leur retrait dudit comité. Le Président de la république avait annoncé que le dialogue devrait se tenir vers la fin d’année 2021. Nous sommes déjà en 2022 et la date de cette rencontre reste toujours inconnue », explique le politologue.

Pour participer à ce dialogue républicain, l’opposition centrafricaine a exigé un quota équitable des partis politiques et la présence des groupes armés.

– Le casse-tête des groupes armés

« Ces groupes armés qui sont actuellement dans la Coalition des patriotes pour le changement étaient hier les alliés du pouvoir », a rappelé Sosthène Guetel, le président en exercice de la coalition de l’opposition (COD2020), dans une déclaration à l’Agence Anadolu

« Il est indispensable que ces groupes armés soient au dialogue inclusif pour dire que cela ne va plus se répéter. Une fois qu’on aura compris leurs problèmes, si l’on peut trouver des solutions, qu’on en trouve, et qu’on ne peut plus parler de groupes armés en Centrafrique. C’est cela notre démarche. », a-t-il ajouté.

Le gouvernement centrafricain, s’il s’est dit prêt à engager un dialogue avec l’opposition démocratique, exclut pour l’heure de négocier avec les « mercenaires étrangers » membres des groupes armés, comme Ali Darassa qui est Nigérien d’origine.

En décembre 2020, la CPC a lancé une offensive à deux semaines de l’élection présidentielle pour empêcher la réélection du Président Touadéra, finalement reconduit. La coalition rebelle commandée par l’ancien président Bozizé a participé à des combats les plus violents contre les forces pro-gouvernementales et les Casques bleus de la Mission des Nations unies en Centrafrique (MINUSCA). Début janvier 2021, ses membres se sont brièvement emparés de la ville de Bangassou, dans le sud-est du pays, et ont causé la mort de deux Casques bleus le 18 janvier dans les environs de la ville.

– Offensives et contre-offensives, la guerre s’éternise

En même temps, les troupes centrafricaines, assistées par des Casques bleus de la force de maintien de la paix de l’ONU, mais aussi par des centaines de militaires rwandais et de paramilitaires russes, ont lancé une contre-offensive depuis la capitale Bangui contre la CPC, qui a permis de libérer la plupart des localités occupées par les rebelles.

Le 7 octobre 2021, l’ONU a condamné « avec fermeté » la CPC et les autres groupes armés qui continuent de semer insécurité et désolation au sein de la population et les appelle à déposer immédiatement les armes.

Une semaine plus tard, le Président Faustin-Archange Touadéra annoncé dans une allocution un « cessez-le-feu unilatéral immédiat » et « la fin des opérations militaires et de toute action armée sur l’ensemble du territoire national ».

« Je viens vous annoncer ce soir la fin des opérations militaires et de toute action armée sur l’ensemble du territoire national, à compter de ce jour, 15 octobre 2021, à minuit », avait-il annoncé.
Il s’agit d’un engagement pris par le gouvernement auprès des chefs d’État la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL). « Un engagement qui figure sur la feuille de route pour la paix, issue du dernier sommet de l’organisation sous-régionale. Les principaux leaders de la CPC, à l’exception de Nourredine Adam et de Ali Darass, respectivement leaders du FPRC et de l’UPC, ont signé l’engagement de cesser toute action armée sur le territoire national ».

« Ce n’est pas une décision facile à prendre, reconnaît Touadéra. Le cessez-le-feu unilatéral immédiat est la démonstration, si besoin en était encore, de ma ferme volonté de privilégier la voie du dialogue et non celle des armes, dans le règlement de la crise qui secoue notre pays ».

Dans une réunion tenue par vidéo conférence, le 14 janvier courant, les ministres des affaires étrangères de le CIRGL ont constaté que cette feuille de route n’est pas respectée surtout par des groupes armés qui continuent à perpétrer des attaques.

« Une fois de plus, l’histoire de notre pays, celle qui s’écrit avec un grand « H » est en train de s’accomplir sans une véritable emprunte, au sens positif du terme, de nos hommes politiques. La très remarquable et condamnable absence de nos hommes politiques soi-disant de premier plan dans la recherche d’une solution salvatrice dans un conflit hautement politique a fini par dégoûter et révolter nos concitoyens qui se sentent plus que jamais seuls, abandonnés à leur triste sort », affirme de son côté Franck Saragba, député de Nanga Boguila et cofondateur du collectif des futurs-élus et acteurs socio-économiques en Centrafrique, dans une déclaration à AA .

« En définitive, le statu quo politique en Centrafrique est inacceptable. Il est contre le genre humain et contre le progrès de notre pays », a-t-il conclu.

https://www.aa.com.tr/fr/afrique/centrafrique-l%C3%A9ternel-statu-quo-/2477677

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