Centrafrique : mécontentement généralisé et bruits de scission au sein des Faca

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Le chef d’état – major particulier du président de la République, le général de corps d’armée Jean – Pierre Dollé Waya a été missionné, le samedi 14 novembre 2020, par son patron pour présider le grand rapport des FDS. Selon le site d’état ACAP, «  le but de ce grand rapport qui l’a conduit successivement à la gendarmerie, la police ainsi qu’au camp militaire de Kassaï consiste à attirer leur attention sur les comportements à adopter lors des prochaines échéances électorales ». Agissant en véritable « missus dominucus », « ce dernier a indiqué que la période électorale qui s’amorce est sensible et que les FDS doivent rester loin de la politique et se contenter de leur mission régalienne, qui est celle de la sécurisation du processus ».

« Je mets en garde tous militaires, gendarmes et policiers qui se risqueront  à tenir des réunions à caractère politique et autres, pouvant compromettre le bon déroulement des élections à venir. Les FDS sont apolitiques et sont censées défendre la patrie en l’occurrence les échéances électorales en cours » a-t-il déclaré. D’après lui, la souveraineté d’un pays dépend des FDS et à ce titre, il faut être loyal envers la République et surtout faire preuve de solidarité et de professionnalisme durant toute cette période. Les éventuelles troubles ne seront pas tolérées.

Pour finir le Journal a Rappelé «  que le 1er Octobre 2020, un plan de sécurisation intégrée des élections a été signé à Bangui  en présence du premier ministre, le ministre de la Défense Nationale et de la reconstruction de l’Armée, le ministre de la Sécurité Publique, le représentant adjoint de la MINUSCA, le commandant la Force de la MINUSCA, le chef d’Etat-Major des Armées, le Directeur Général de la Gendarmerie Nationale, le Directeur Général de la Police Centrafricaine et le commandant de Force UNPOL ».

Cette sortie médiatique se serait passée inaperçue, si elle n’avait pas contenu de propos à caractère hautement politique et subversif à l’endroit des officiers, de sous – officiers et des hommes de rang réunis tous sous le drapeau, ce jour – là. Porte – parole du chef suprême des armées dont il est entretemps devenu « le porteur de la sacoche », le général sans troupes comme l’avait traité le président Denis Sassou Nguesso était porteur en réalité d’un message de menaces à notifier à tous ceux qui, aides de camp, agents de sécurité et chauffeurs de commandements, ont été régulièrement mis en position de détachement, dotés des moyens de l’Etat, pour assurer la sécurité de certaines personnalités, parmi lesquelles l’ancien président de la République François Bozizé.

Sans fioritures, il les a accusés de prendre part à des réunions politiques avec  des leaders des partis politiques de l’opposition démocratique dans le but de mettre en place une transition politique. Il s’en est suivi un communiqué leur demandant de se présenter le 18 novembre 2020 à l’état – major pour affaire les concernant individuellement. Si, des sources locales proches du ministère de la défense nationale ont révélé que certains ont effectivement déféré à cette convocation, la plupart d’entre eux l’ont tout simplement boycottée. C’est cette défiance vis – à – vis du haut commandement militaire qui aurait justifié la tentative du désarmement, avec effraction, des éléments de sécurité de l’ancien président François Bozizé, lors de la cérémonie funéraire de l’épouse de Jean – Serge Bokassa, au stade Omnisports à Bangui.

Cette situation si déplorable n’est en réalité que l’éclatement d’une crise très profonde qui mine cette armée, depuis l’avènement du Gangster de Bangui au pouvoir le 30 mars 2016. Même s’il ne fait aujourd’hui aucun doute que les maux dont elle souffre remontent à plusieurs années, il n’en reste pas moins que leur dangereuse accentuation pendant sa gouvernance doit interpeller tout centrafricain digne de ce nom. En effet, en dépit d’importants et substantiels soutiens des différents partenaires de la République centrafricaine, dans le cadre bilatéral et multilatéral, aux multiples projets de réforme du secteur de la sécurité, elle n’a jamais réussi à acquérir les qualités qui fondent toute armée moderne, à savoir une armée apolitique, républicaine, disciplinée, loyale, légaliste, serviable et nationaliste.

Cultivant le culte de la personnalisation du pouvoir, Touadéra, tout comme ses prédécesseurs, en a fait plus une garde prétorienne pour sa propre protection et celle de son pouvoir qu’une véritable armée au service de la défense de l’intégrité du territoire national, de la sécurité des biens et des personnes et de la préservation des intérêts fondamentaux de l’Etat. Le recrutement des hommes qui la composent, leur promotion, leur affectation, leur inscription sur le tableau d’avancement et leurs traitements répondent à des critères d’ethnicisme, de clientélisme et de népotisme. Tout naturellement, la conjugaison de toutes ces laideurs ne pouvait et ne peut qu’en faire une armée de partisans, de lâches, de lèches – bottes, d’affairistes, de déserteurs et de traîtres à la patrie.

C’est ce qui nous a été rapporté par des sources proches de l’état – major, au lendemain de la démonstration spectaculaire de Jean – Pierre Dollé – Waya et des agitations trop imprudentes et trop libérales du directeur général de la sécurité présidentielle. Celles – ci ont affirmé et soutenu qu’il règne désormais au sein de la grande Muette centrafricaine un mécontentement général et généralisé et des bruits de scission. En un mot, d’un côté ceux qui ont été recrutés par Touadéra, de l’autre ceux qui se réclament de ses prédécesseurs. A ce rythme, si aucune initiative courageuse n’est prise dans les meilleurs délais par le chef suprême des armées pour calmer les ardeurs de ceux qui se comportent en « Tontons Macoutes » ou en « Lucky Luke » dans les FDS, il y a fort à craindre, dans un contexte de climat politique trop délétère voire électrique, que de nouvelles tensions ne viennent s’ajouter dans les tout prochains jours à celles que nous connaissons actuellement.

La rédaction

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