Centrafrique : Mankeur Ndiaye souffle sur les braises pour embraser ce qui reste du pays de B. Boganda

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ÉDITORIAL DE BANGUI FM DU 18 SEPTEMBRE 2020
Pourquoi ?!
Non pas comme une interrogation, on connait la réponse, mais plutôt une sidération. Parce que la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca) souffle sur les braises en vue de faire exploser ce qui reste du pays, faisant, au passage, peu de cas de la neutralité que lui impose son mandat.
Il ne fait l’ombre d’aucun doute que le Représentant du Secrétaire général de l’ONU, le sénégalais Mankeur Ndiaye, joue les porte-flingues du régime de Bangui, exerçant une pression inadmissible sur les leaders de l’opposition, dans l’optique de les convaincre d’accepter l’inacceptable.
À preuve, le directeur des élections à la Minusca, un certain Arsène Gbaguidi, s’est littéralement transformé, comme on l’a appris de sources crédibles, en un conseiller juridique du gouvernement, se permettant de rédiger le projet de loi portant modification du Code électoral. Un texte soumis pour adoption à l’Assemblée nationale convoquée en session extraordinaire ce jour.
Le moins que l’on puisse penser, c’est qu’en poussant le gouvernement centrafricain sur cette voie peu recommandable de modification du Code électoral, un texte promulgué il y a moins de trois mois, les dirigeants de la Minusca confirment de façon éclatante qu’ils font désormais partie du problème centrafricain. Je l’ai déjà dit ici même. Pire, ils se sont parés des oripeaux de la forfaiture.
D’abord, parce qu’ils poussent le régime à méconnaître ce principe universel du Droit qui veut que la Loi soit de portée générale plutôt que spécifique et qu’elle ne doit subir une quelconque modification pour être adapté à une problématique particulière. Sinon, le charlatan de la Minusca qui se prend pour un expert ne se serait pas permis de proposer au gouvernement centrafricain un projet de texte portant modification du Code électoral afin de combler la double incompétence du régime et des membres de l’ANE. Car on ne peut pas réduire les délais légaux relatifs à la convocation du corps électoral juste pour palier l’incapacité d’un régime aux abois à organiser les élections à bonne date. Nos lois ne doivent pas subir des tripatouillages pour se conformer aux désidératas de ceux qui se sont montrés incapables de faire quoi que ce soit de façon efficiente depuis qu’ils sont à la tête du pays.
Question : à supposer que cette entreprise inique passe, serait-on obligé à l’avenir, pendant les années paires ou impaires, de retoucher une fois de plus, le Code électoral afin de rétablir les délais qu’on souhaite aujourd’hui réduire ? Comme on le voit, il s’agit d’une véritable pantalonnade. D’autant que le motif invoqué pour une telle manœuvre, qui serait relatif au respect du délai constitutionnel confine à un fétichisme calendaire de mauvais aloi. Pour la simple et la bonne raison qu’en prenant la tête du pays ce 30 mars 2016, le président Faustin Archange Touadera ne pouvait ignorer qu’il était tenu d’organiser les élections à bonne date afin de renouveler ou non son bail de cinq ans. Qu’a-t-il fait depuis ce temps en ce sens ? Mystère.
Ensuite, ce que le régime actuel, le président de la République en premier lieu, pense être de la sollicitude de la part de la Minusca envers lui, est en réalité une manœuvre pernicieuse aux conséquences dramatiques. En fait, les responsables de la Minusca font feu de tout bois pour entretenir l’instabilité afin de justifier leur présence sur le sol centrafricain. Cela saute aux yeux, même à ceux d’un aveugle.
En réalité, ce qui est en jeu, c’est la paix et la quiétude de nos compatriotes. Dans ces conditions, il appartient aux Centrafricains et aux seuls Centrafricains d’inventer une solution consensuelle pour éviter au pays un saut dans l’inconnu. Sachant qu’aucun individu possédant toutes ses facultés ne saurait envisager d’organiser des élections dans un contexte aussi dangereux, marqué par l’insécurité et l’incompétence de l’Autorité nationale des élections. Autant finir le recensement et proclamer automatiquement le vainqueur, sans passer par cette mascarade à laquelle on veut associer le peuple. Ça ne sera pas la première fois, puisque en 2015 déjà, le vainqueur de la présidentielle a été nommé et non élu. Pourquoi changer une habitude qui a l’air de si bien marcher ?
Adrien Poussou
ÉDITORIAL DE BANGUI FM DU 18 SEPTEMBRE 2020

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