Centrafrique : M. Touadéra, qui va financer la loi de programmation militaire de 2019 à 2023 ?

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Les autorités légales et légitimes de la République centrafricaine ont abandonné la gouvernance du pays entre les mains de la Minusca et des différents partenaires internationaux. Ce qui les intéresse, c’est le pouvoir et la jouissance à outrance de tous ses avantages. Tels sont en substance les propos tenus par le chef de file de l’opposition, Georges Anicet Dologuélé, lors de l’une de ses sorties médiatiques, il y a plusieurs semaines. Il avait raison et il continue à ce jour d’avoir raison.

Comme les faits l’ont confirmé et continuent de le corroborer tous les jours que Dieu fait sur cette terre des hommes, depuis son accession à la magistrature suprême de l’Etat, le 30 mars 2016, et la nomination de son premier ministre, le 2 avril de la même année, Touadéra et Sarandji n’ont jamais cessé de poser dans leurs faits et gestes quotidiens leur ignorance délibérée de leurs missions régaliennes, républicaines et constitutionnelles et  leur total mépris du peuple centrafricain qui pourtant leur a confié dans les urnes la gestion de sa destinée.

C’est ainsi qu’en dépit des efforts fournis par la communauté internationale, à savoir l’EUTM, la France, les Etats – Unis, la Chine et tout dernièrement la Fédération de la Russie dans le cadre de la restructuration des forces armées centrafricaines, en assurant leur formation et en les dotant d’armes de guerre et d’équipements militaires, matériels et logistiques, aucune volonté politique clairement définie, affichée, traduite formellement en chiffres et inscrite dans la loi de finances n’est venue de leur part. Non seulement pour soutenir tous ces appuis multiples, multiformes et substantiels à garantir la paix et la sécurité nationale et nécessaires à la restauration de l’autorité de l’Etat et au retour des milliers des familles déplacées dans leurs villages et communes, mais surtout pour rendre effectivement opérationnel le redéploiement des tous les éléments des forces de défense et de sécurité dont les missions premières se résument un peu partout dans le monde à la protection des biens et des personnes, la défense de l’intégrité du territoire national et à la préservation des intérêts fondamentaux de l’Etat. La résolution du conseil de sécurité autorisant l’embargo sur les armes en destination de la République centrafricaine et l’absence des moyens financiers ont toujours été depuis plus de deux (2) ans leurs seuls moyens de défense.

En réalité, ces raisons qui revêtent un caractère foncièrement erroné puisqu’il a été prévu dans cette même résolution des exceptions offrant des possibilités à la République centrafricaine d’acquérir officiellement des armes pourvu que leur provenance soit préalablement connue et qu’elles peuvent être contrôlées et stockées , ont fini par apparaitre au grand jour comme des alibis de nature à occulter leur absence de volonté et de courage politiques à vaincre l’insécurité et à en finir avec tous les  seigneurs de guerre et les nombreux groupes armés qui occupent plus de 85 % du territoire national, tuent impunément, volent, violent, détruisent des biens publics et privés, incendient des villages entiers et des greniers et contraignent par la méthode des razzias des populations entières à d’incessants déplacements, à l’exemple des dernières tueries et exactions commises à Alindao et à Ippy par les éléments de l’UPC d’Ali Darass.

Interpellé par l’assemblée nationale, au lendemain du regain de ces hostilités à Batangafo, Bambari, Berbérati, Alindao, Ippy et à Bangui, le premier ministre Sarandji va plutôt instruire les élus de la nation de se substituer à son gouvernement pour faire un véritable plaidoyer à l’endroit du conseil de sécurité et de la communauté internationale en faveur de la levée de l’embargo, et ce, à quelques jours du délai de renouvellement du mandat de la Minusca. 24 heures plus tard, ses instructions seront scrupuleusement suivies puisqu’une lettre  intitulée « Cri d’Alarme » et dûment signée par le président de l’assemblée nationale au nom de tous les représentants nationaux, sera adressée au secrétaire général de l’ONU. Sommé ensuite de s’expliquer sur les raisons du blocage du processus de paix de l’initiative de l’UA, il usera de la même méthode afin de contraindre les élus de la nation à agir en lieu et place du gouvernement et à rédiger une autre correspondance au président de l’UA en vue de lui demander de faire des propositions de nomination d’un interlocuteur au président Touadéra, de retenir le nom du pays d’accueil de cette rencontre, de fixer la date et d’arrêter le budget y relatif. Pour éviter, enfin, d’assumer ses responsabilités de premier ministre et toujours dans sa logique de divertir l’opinion, il demandera à son ministre de la défense nationale, Mme Noelle Marie Koyara, de soumettre à l’approbation de l’assemblée nationale un projet de loi de programmation militaire de 2019 à 2023 .

« Le projet de la loi sur la programmation militaire 2019-2023 adopté par acclamations par les députés Mardi dernier. Un texte établissant bien évidemment les dépenses du ministère de la défense, et visant à doter les forces armées centrafricaines (FACA) de moyens d’action.

Selon le rapport, il faudra des allocations budgétaires annuelles afin de permettre aux FACA de mettre en œuvre les programmes planifiés par les cadres documents relatifs au cadre politico-stratégique, étalés sur cinq (5) ans:
– 2019 : 46 936 725 521 FCFA ;
– 2020 : 45 102 779 986 FCFA ;
– 2021 : 41 243 978 331 FCFA ;
– 2022 : 41 872 834 172 FCFA ;
– 2023 : 40 787 268 498 FCFA .

Le texte de cette loi de programmation militaire prévoit entre autres dépenses, le recrutement de 9.800 hommes de troupe, l’achat d’équipements militaire, et la construction de centres de formation ».

Seulement, autant cet important document semble enfin traduire en chiffres une politique nationale dans le secteur de la sécurité et de la défense nationale, née de la volonté réelle  des autorités légales et légitimes, autant sa mise en œuvre dans les jours à venir laisse plus d’un observateur de la vie politique nationale et plus d’un expert budgétaire plus que perplexe à jamais, faute de prévision des différentes sources de son financement.

En effet, comme toute programmation, cet ambitieux programme ne peut valablement être opérationnel et atteindre avec efficacité et efficience ses objectifs à court, moyen et long termes à lui fixés par ses architectes et le ministère de la défense nationale, que s’il est préalablement fait l’objet d’un débat à l’assemblée nationale et d’une adoption, comme tel en a été le cas, mais surtout que s’il est inscrit dans la loi de finances 2019, en ce qui concerne le montant de 46 milliards de Francs CFA et les actions à réaliser au titre de cet exercice budgétaire et pour le compte du ministère de la défense nationale.

Son inscription dans les dépenses de ce département revêt aux yeux de tout expert budgétaire un double titre : traduire de manière claire et officielle la volonté de Touadéra et Sarandji à faire des coupes sombres dans les budgets de la présidence de la République et de la primature par exemple et de mettre la main à la poche et encourager les autres partenaires comme l’UE, la France, les USA, la Chine et la Fédération de la Russie à en faire de même. Est de l’ignorance de la part de ceux qui ont élaboré cette loi de programmation militaire ? Est- ce tout simplement l’expression visible d’un refus délibéré ? Mais comment voulez – vous que les autres puissent vous aider si vous – mêmes vous ne  les  aidez pas à vous aider ?

Dans tous les cas, la non – inscription dans la loi de finances 2019 de la part de l’Etat centrafricain devant être allouée au financement de cette loi de programmation pose un problème d’absence de volonté et de courage politique et n’est pas de nature à inciter les partenaires à mettre la main à la poche.

Les autorités légales et légitimes de la République centrafricaine ont abandonné la gouvernance du pays entre les mains de la Minusca et des différents partenaires internationaux. Ce qui les intéresse, c’est le pouvoir et la jouissance à outrance de tous ses avantages. Tels sont en substance les propos tenus par le chef de file de l’opposition, Georges Anicet Dologuélé, lors de l’une de ses sorties médiatiques, il y a plusieurs semaines. Il avait raison et il continue à ce jour d’avoir raison.

 

Jean – Paul Naïba

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