Centrafrique : M. Mankeur Ndiaye, tenez à vos élections bâclées et exclusives et vous verrez !

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Le chef d’état-major contraint le président Dacko à la démission

M. David Dacko a été contraint, ce mardi matin 1er septembre, de remettre le pouvoir à l’armée centrafricaine, a annoncé Radio-Bangui, en précisant que le chef d’état-major général, le général de corps d’armée André Kolingba, était désormais à la tête de l’État. La Constitution et les partis ont été suspendus. Des patrouilles militaires circulent dans la capitale, où le calme semble régner. La radio n’a pas annoncé de couvre-feu. Dans son allocution radiodiffusée, le général Kolingba a précisé qu’il avait  » exigé et obtenu  » la démission de l’ancien président. Il a pris cette décision  » en raison de l’état de santé du président Dacko et compte tenu de la tension politique qui règne dans le pays depuis six mois ». Les militaires français, au nombre d’un millier, sont consignés dans leurs cantonnements.M. Charles Hernu, ministre français de la défense, a déclaré mardi à Cherbourg qu’il s’agissait d’une  » affaire purement centrafricaine « , que  » les troupes françaises sont consignées  » et qu' » elles n’auraient à intervenir que pour protéger les citoyens français  » qui, selon lui,  » ne sont pour l’instant absolument pas en danger ».L’aéroport de Bangui est resté ouvert au trafic, mais les communications téléphoniques ont été temporairement interrompues.

Publié le 02 septembre 1981 à 00h00 – Mis à jour le 02 septembre 1981 à 00h00

M. Dacko, premier président de la République Centrafricaine, avait été chassé du pouvoir par Bokassa. Il était revenu à la tête de l’État le 20 septembre 1979, à l’occasion du renversement de l’empire par les militaires français lors de l’opération  » barracuda « . Il avait été élu à la présidence, le 19 mars 1981, son principal adversaire le plus sérieux, M. Ange Patassé, ayant obtenu plus d’un tiers des suffrages exprimés. Les élections législatives qui devaient se tenir dans les trois mois qui suivaient, avaient été reportées.

La situation politique à Bangui, aux prises avec une grave crise économique, n’a pas cessé de se détériorer Plusieurs mouvements, d’inégale importance, s’opposaient au gouvernement de M. Dacko. L’armée avait semblé, jusqu’à ce jour, se tenir à l’écart de la scène politique. Ses rangs comptent près de cinq mille hommes.

À la suite de l’attentat qui, le 14 juillet, dans un cinéma de Bangui, avait fait trois morts, dont un coopérant français, et trente-deux blessés, le président Dacko avait fait appel à l’armée et décrété l’état de siège. Il avait alors demandé à son chef l’état-major général, le général André Kolingba, de « prêter le concours de troupes nécessaires pour disperser tout attroupement formé sur toute l’étendue du territoire « . Revenant sur cette mesure, le 16 août, le chef de l’État centrafricain avait toutefois demandé aux forces armées de  » demeurer en état d’alerte et de poursuivre leur mission de surveillance et de sécurité ». Entre-temps, la présidence avait levé, le 10 août, l’interdiction frappant deux mouvements de l’opposition, le Front patriotique oubanguien – Parti du travail (F.P.O.-P.T.) de M. Goumba et le Mouvement de libération du peuple centrafricain (M.L.P.C.) de M. Patasse.

Les gestes conciliants, souhaités par Paris, avaient été suivis par la proclamation, le 25 août, d’une amnistie partielle. Le gouvernement centrafricain n’en avait pas moins publié, deux jours plus tard, un Livre blanc accusant l’opposition de se prêter à une tentative de  » déstabilisation  » du régime et mettant en cause des  » agents de la Libye et de l’Union soviétique « ……

Le Monde

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