Centrafrique : l’Imposteur de Bangui poussé dans les orties par le BRDC : autopsie du cadavre du 3ème mandat

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FAUSTIN ARCHANGE TOUADÉRA POUSSÉ DANS LES ORTIES PAR LE BRDC : AUTOPSIE DU CADAVRE DU 3ÈME MANDAT

1. Après la perte de la guerre médiatique face à la constellation de lanceurs d’alertes, d’internautes, de médias indépendants et de livers des réseaux sociaux tous opposés à la politique pratiquée à Bangui; après la perte de contrôle total de l’appareil sécuritaire complètement phagocyté par l’organisation criminelle transnationale Wagner; après la défaite militaire cuisante face aux offensives de la CPC; après la perte de crédit de la diplomatie touadérienne confinée à un isolationnisme forcé; après la perte de la souveraineté budgétaire du gouvernement Moloua acté par l’accord sur la facilité élargie de crédit (FEC) avec le FMI ; après l’impuissance à briser le cercle vicieux de la récession, de l’inflation et de la crise monétaire, voilà que Faustin Archange Touadéra est en passe d’ajouter une nouvelle perle à son chapelet d’échecs.

2. La seule petite marge de manœuvre qu’il lui restait était politique. Mais elle vient à l’instant d’être réduite à la portion congrue car Touadéra se voit désormais obligé de passer sous les fourches caudines du BRDC. En effet, les propos liminaires prononcés par le porte-parole du BRDC, l’Honorable Martin Ziguélé, lors de la conférence du presse de ladite plateforme de l’opposition démocratique en ce 2 mai 2023, par son positionnement et les conséquences qui en découleront, obstrue à jamais l’avenir politique du clan Touadéra ainsi que le devenir du funeste projet de 3ème mandat.

3. Premièrement, le BRDC met en demeure la communauté internationale, au nom de sa propre crédibilité, de ne financer que des élections locales inclusives. Nous verrons plus loin que cette position stratégique adoptée par le BRDC ne manquera pas de mettre la communauté internationale, principalement les bailleurs des élections en Centrafrique que sont la MINUSCA, l’UE, la France et les USA, dans une situation assez inconfortable pour ne pas dire cornélienne.

4. Ou financer des élections à la gloire du despote de Bangui qui aura pris soin d’éliminer toute opposition, même intellectuelle, dans le pays. Ou, pour les représentants de ces pays et institutions multilatérales, mettre leur carrière en danger en refusant de cautionner la dérive dictatoriale du régime de Bangui donc en refusant de financer des élections couronnant la mainmise de Touadéra sur tous les pouvoirs.

5. Deuxièmement, et c’est là que cela devient intéressant pour nous et très stressant pour le clan Touadéra, le BRDC s’érige de toutes ses forces contre le coup d’État constitutionnel en gésine et dont l’élément déclencheur ne saurait être que la  » caricature de référendum » qui souhaite abroger la Constitution du 30 Mars 2016. Pour le BRDC la convocation d’un tel pseudo-référendum  » signifierait la fin du régime dictatorial du Président illégitime TOUADÉRA et le début du ralliement populaire pour exiger son départ ». Dans le prolongement de cette prise de position courageuse et patriotique, les leaders du BRDC exhortent les populations centrafricaines des quatre points cardinaux et de la diaspora à se tenir prêtes  » à se mobiliser pour participer aux actions et manifestations qui seront organisées dans les prochains jours ».

6. La détermination du BRDC à mettre fin à la chimère du 3ème mandat est toute aussi réelle que celle de Touadéra à forcer son maintien au pouvoir vaille que vaille, au delà de la fin de son second mandat. La confrontation est donc inévitable et le compromis impossible. Si le BRDC lance ces opérations civiques de protestation pacifique et légale, le pouvoir de Bangui n’aura que deux choix : les laisser jouir de leurs droits constitutionnels ou continuer de verrouiller l’espace publique comme le soulignait déjà le dernier rapport de Human Rights Watch (HRW).

7. Étant donné que le BRDC compte organiser des meetings, des marches, des sit-in, des manifestations, des concerts de casseroles, ou des journées villes mortes, stratégiquement ces mobilisations politiques devraient se dérouler au moment où le prix du carburant serait au-dessus de 2000 francs le litre pour toucher le plus grand nombre de Centrafricains, et cela en surfant intelligemment sur la grogne sociale. L’idéal serait d’organiser ces activités de protestations pacifiques quand le prix du carburant à la pompe tourne autour de 2500 francs, moment où la colère sociale serait à son paroxysme contre le gouvernement. Donc il reste au Premier Ministre Félix Moloua de s’assurer que les prix ne flamberont exponentiellement, sinon mécaniquement il perdra son poste. Et si par hasard un évènement imprévu, telle la fermeture des frontières avec le Cameroun ou le Congo ou même le blocage du corridor Douala-Bangui et/ou de la voie fluviale Brazzaville-Bangui, empêchait l’approvisionnement en carburant du pays, la situation serait mûre pour déclencher la mobilisation générale.

8. Est-ce que le pouvoir de Bangui prendrait le risque laisser les opposants jouir de leur droit constitutionnel de manifester pacifiquement ? Pour Touadéra prendre ce risque c’est redonner du souffle au BRDC surtout quand on sait que médiatiquement l’opposition démocratique communique beaucoup mieux que le pouvoir et que de telles manifestations auraient des échos énormes dans la presse nationale et internationale. Prendre ce risque de laisser le BRDC manifester, c’est ouvrir la porte à la libre expression du peuple centrafricain si muselé, qui pourrait enfin exprimer publiquement son rejet total de Touadéra et de sa clientèle. C’est donc donner au monde la preuve irréfutable que le régime est honni et extrêmement impopulaire.

9. Le seul point positif pour le régime de Bangui dans une telle configuration d’autorisation des activités légaux du BRDC c’est que cela permettrait de tordre le cou au dernier rapport de l’ONG Human Rights Watch (HRW) qui a épinglé le pouvoir banguissois en l’accusant de verrouiller tout l’espace publique.

10. Mais dans sa perfidie légendaire, le pouvoir de Bangui pourrait autoriser ces activités de protestations politiques, dans un premier temps, pour par la suite derrière provoquer des échauffourées et manœuvrer pour faire retomber la responsabilité de ces débordements sur le BRDC afin de le disqualifier voire de le dissoudre. Mais là encore, une telle perspective aussi cynique serait absolument contre-productive car catastrophique pour Touadéra. La répression n’est pas une option.

11. Mais on sait que dans les cercles du pouvoir il est coutume de répéter comme un mantra le mensonge selon lequel le BRDC serait financé à coup de centaines millions de francs par la France, les Etats et l’Union Européenne pour déstabiliser, et donc qu’il ne faut pas le laisser manifester. Ce qui signifie qu’il est fort plausible, suivant cette logique délirante, que par fanatisme méphistophélique et aveuglément aiguë, Touadéra décide quand même contre toute espèce de raison de tout simplement interdire au BRDC d’exprimer ses opinions à travers des meetings, marches et autres manifestations publiques pacifiques et légaux. Mais un tel choix non seulement démontrerait à la face du monde que les partenaires de la RCA et les ONG de défense des droits de l’Homme en Centrafrique avaient parfaitement raison de classer le régime de Touadéra parmi les pires dictatures de la planète, hypothéquant de ce fait définitivement toute possibilité de tenue son référendum bidon et des élections locales à venir, mais pire que ça, cela déclencherait un cycle de violence urbaine apocalyptique dont personne ne serait capable de l’arrêter. Plus personne ne pourrait alors investir ou financer le gouvernement d’un non-Etat devenu un véritable champ de bataille sinon un champ de ruines.

12. Quelle que soit l’option retenue par Touadéra, l’épopée du 3ème mandat prendra fin brutalement. N’eût été l’ivresse du pouvoir qui perdre toute raison, la décision la plus sage aurait été de mettre fin unilatéralement à ce funeste projet de coup d’État à travers le 3ème mandat.

Fari Shabazz Tahéruka

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