Centrafrique : Lettre ouverte du porte – parole du GTSC Paul – Crescent Béninga au ministre de la sécurité publique Wanzet Linguissara

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Bangui, 20 mai 2020

Monsieur le Ministre,
Je ne puis m’empêcher, au nom du peuple centrafricain, de vous poser les questions suivantes: où est monsieur Sidiki ABBAS ? Où est-ce que vous l’avez mis ? Où sont ses éléments qui ont suivi la formation des USMS pour être mis à la disposition du Gouvernement dans sa recherche de la paix durable ? Que faisait un criminel de guerre, avec tous ses éléments formés, dans votre cortège ? Avec qui avez-vous organisé son retrait et le leur ? Vous comprenez, au travers de mes questions, que je vous accuse d’avoir organisé et simulé le retrait de Sidiki ainsi que de ses éléments formés en vue du lancement des opérations USMS dans la région de la Nana Mambéré et de l’Ouham Pendé qu’il a si longtemps déstabilisée et endeuillée.
Assurément, vous me reprocherez de vous avoir accusé sans fondement, d’autant plus qu’il n’existe pas d’éléments de preuve qui engagent votre responsabilité directe ainsi que celle de ceux et celles qui vous protègent dans ce projet qui vise à créer l’instabilité dans la zone de la Nana Mambéré.
Non ! Monsieur le Ministre,
Je ne pourrais porter contre vous des accusations sans fondement. La manière par laquelle Sidiki s’est comme volatilisé de votre cortège laisse penser qu’il s’agit là d’une opération bien organisée, bénéficiant de votre complicité. Sinon, est-il envisageable que Sidiki se retire de votre cortège sans que vous en ayez eu le moindre soupçon ?
– Votre implication personnelle dans la « fuite » de sieur Sidiki
Monsieur le Ministre, Mon Général, il est inadmissible et impensable qu’un « brave » civil à l’image de Sidiki puisse se volatiliser du cortège des forces de défense et de sécurité dont vous faisiez partie sans que vous vous en rendiez compte. L’impression qui se dégage de cette mise en scène – et je vous rapporte ainsi ce qui se dit dans les rues de notre capitale – est que vous avez accompagné, mieux encore, escorté Sidiki pour qu’il regagne le maquis sans être inquiété en chemin, avec les éléments que vous veniez de lui former. Sinon, vous auriez pu réagir
vigoureusement lorsque vous avez remarqué l’absence de ce dernier lors de votre escale à Baboua. Alors que prise de panique, l’opinion était inquiète, vous avez fait le choix de regagner Bangui avec la certitude de ne pas encourir de sanctions disciplinaires et hiérarchiques. D’où tenez-vous cette assurance ? Et vous aviez raison : à ma connaissance, jusqu’à ce jour, personne ne vous a sanctionné …
– Le retrait de Sidiki est un non évènement pour le Gouvernement
Le silence dans lequel plonge le Gouvernement au sujet du retrait de Sidiki ainsi que de ses éléments du processus de paix et de l’initiative USMS donne à penser qu’il a pleinement participé à cette mise en scène. Si le Gouvernement avait la moindre volonté de traquer Sidiki, il aurait dû mobiliser aussitôt les FACA basées à Zoukombo et à Bouar aux trousses de ce mercenaire qui n’adhère pas au processus de paix engagé depuis plus d’un an.
Il ne fait aucun doute que le gouvernement a laissé Sidiki regagner le maquis. Quel est donc l’intérêt d’une telle manœuvre ? Des centaines de milliers d’argent dépensées pour former des rebelles qui ne croient pas à la paix ! Sidiki a démontré qu’il est plus intelligent que notre Gouvernement. Ses hommes ont bénéficié d’une formation militaire appropriée, ont découvert nos stratégies de défense et reprennent le maquis pour mieux nous combattre : félicitations ! Excellence Généralissime ! L’USMS est plus que jamais une officine de formation et de recyclage militaire pour les groupes armés. Jusques-à-quand allons-nous continuer à nous ridiculiser devant l’opinion internationale ?
– Votre démission est une nécessité impérieuse
Monsieur le Ministre,
Les tueries de Fatima et le report obligé de la JMA à Bambari nous rappellent que vous n’êtes pas à votre premier échec dans la gestion des situations sécuritaires de notre pays. Vous avez suffisamment démontré les limites de votre compétence dans la gestion du département de la sécurité publique. Nous avons, à cause de vous, perdu plusieurs fils et filles de ce pays. Il faut que cette situation cesse un jour. Pour ce faire, je vous invite à avoir le courage de présenter au Chef du Gouvernement votre démission.
Monsieur le Ministre,
Démissionnez pour sauver la vie du peuple centrafricain !
Démissionnez pour sauver la patrie centrafricaine !
Démissionnez pour honorer la mémoire des victimes tombées à cause de votre amateurisme !
Démissionnez pour honorer le corps de la gendarmerie auquel vous appartenez !
Démissionnez pour confondre vos complices !
Démissionnez pour permettre qu’un autre aille traquer Sidiki et ramener dans leurs corps ceux que l’État a formés avec le soutien du contribuable et de nos partenaires !
Démissionnez pour vous faire honneur à vous-même !

Bangui, 20 mai 2020

Par
Paul-Crescent BENINGA Chercheur en sciences sociales et Activiste de la société civile

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