Centrafrique : les tergiversations du pouvoir

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UN PAYS EN VOIE DE « SOMALISATION »

80% du territoire sous le joug impitoyable d’ex-Sélékas et autres mercenaires, qui les administrent avec leurs propres lois ; le code pénal centrafricain remplacé par la charia, du fait de fanatiques religieux : le pays est désormais « un grand corps malade » qui sombre, inexorablement, dans un coma que les autorités ont du mal à contrôler.

Les Centrafricains ont la douloureuse impression que leur pays leur échappe. La passivité et la complicité des puissances occidentales ne font qu’aggraver la situation. Les gouvernants donnent l’impression d’être en sursis dans une capitale devenue un bunker illusoire.

La MINUSCA, avec ses menaces que les rebelles balaient du revers de la main, se livre à des manœuvres de diversion, pour dissimuler son échec dans sa mission de paix en Centrafrique. Ses Casques bleus violeurs ont fini par la discréditer aux yeux des Centrafricains.

La France, qui devrait être le fer de lance de la recherche de la paix et qui sait mieux que quiconque l’état de délabrement de la Centrafrique, se livre au contraire à des menaces et des intimidations, n’hésitant pas à évoquer une rupture de ses relations diplomatiques avec la Centrafrique alors que, Paris le sait très bien, sans une implication militaire forte dans le combat contre les rebelles, son ex-colonie risque de connaître le même sort que la Somalie.

Le drame centrafricain, avec environ deux cent mille morts depuis le début du conflit et vingt morts en moyenne chaque jour, n’intéresse apparemment pas l’opinion internationale, qui semble rester indifférente devant les souffrances endurées par la population. L’évêque de Bangassou, Monseigneur Juan José Aguirre, vient pourtant d’accuser les Casques bleus de violences commises sur les femmes.

Le contingent pakistanais, en particulier, se serait livré à Bangassou à des actes d’une brutalité intolérable sur une femme enceinte. Démunies de tout, les Centrafricaines se retrouvent souvent obligées de se prostituer pour des rations militaires.

Partout dans le pays, montent les cris de détresse des suppliciés. Partout dans le pays, des milliers de Centrafricains se sont vus contraints de prendre le chemin de l’exil. Et, pour beaucoup, sans espoir de retour.

QUESTIONS ESSENTIELLES A POSER AUX DIRIGEANTS

Alors que le pays brûle, que, tous les jours, les échos sinistres des massacres ébranlent les murs des ministères, le gouvernement demeure particulièrement avare de commentaires et d’initiatives.

Gouverner, c’est aussi informer les citoyens pour qu’ils sachent où en est le niveau des périls. Quel est, par exemple, le degré d’engagement des FACAS face aux rebelles ?

A quoi servent les armes et les soldats russes ?

Où en est le DDRR qui était censé permettre de trouver le chemin de la paix et de la réconciliation nationale ?

A quelle action d’urgence les fonds de l’aide internationale vont-ils être affectés ?

Le président Touadera envisage-t-il de changer de gouvernement, puisque celui qui est en place actuellement a apparemment échoué dans sa mission de paix et de désarmement des factions rebelles ?

Les chancelleries ont-elles fait pression sur le président centrafricain pour qu’il accepte un indigne statut, avec deux Républiques en Centrafrique : l’une chrétienne, l’autre musulmane ?

Tout se passe comme si un complot détestable avait été ourdi sur le dos des Centrafricains. Si non, pourquoi laisser les bandes armées créer des califats dans les provinces qu’elles occupent ?

Pourquoi ne pas engager contre elles des actions militaires fortes pour les désarmer ?

De Bambari à Bangassou et jusqu’à Obo, il est à craindre que la partition du pays ne soit en marche. Assurément, la République Centrafricaine est entrée dans une dure et longue nuit, sans qu’aucune aube d’espoir ne semble surgir à l’horizon.

QUE FAIRE POUR ARRÊTER LE DÉCLIN ?

Puisque les rebelles ne veulent pas négocier, si non à leurs conditions, le gouvernement Sarandji 2 va devoir faire son travail de protection des populations et de défense du territoire. Il faudra que la MINUSCA, les FACAS et les forces internationales s’engagent dans des actions militaires fortes, pour arrêter et désarmer les chefs rebelles. L’armada internationale en Centrafrique a les moyens de mettre fin au chaos qui ébranle ce pays. Tout est question, d’abord et avant tout, de volonté politique.

Les Centrafricains ne laisseront jamais leur pays se laisser dépecer par des hordes étrangères. C’est une question d’honneur et de souveraineté. S’il veut sauver son mandat, le président Touadera devra changer de paradigme. Et peut-être songer à une médiation internationale, avec un suivi confié à un Conseil de Sages. L’exemple de l’Afrique du Sud, qui a mis en pratique le concept de Ubuntu pourrait servir de modèle, mettant en exergue des valeurs d’humanité, de mise en commun, de partage, pour le bien de tous.

JOSEPH AKOUISSONNE DE KITIKI

ANI

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