Centrafrique : les réseaux franco-africains de Karim Méckassoua

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Centrafrique : les réseaux franco-africains de Karim Méckassoua
RÉSERVÉ AUX ABONNÉS | 08 juin 2020 à 17h40 | Par Jeune Afrique
Mis à jour le 08 juin 2020 à 17h44
Présidents, ministres étrangers et hommes politiques centrafricains, Karim Meckassoua mobilise ses proches pour s’imposer dans l’opposition à Faustin-Archange Touadéra, dans l’optique de la présidentielle censée se tenir en décembre. Jeune Afrique détaille ces réseaux.
Le 28 mai, Karim Meckassoua faisait face aux juges de la Cour constitutionnelle de Centrafrique, afin d’y exposer son avis sur la réforme de la constitution proposée par l’Assemblée nationale et portée par les partisans du chef de l’État Faustin-Archange Touadéra (FAT).
Le président du mouvement Le Chemin de l’espérance y a réaffirmé son hostilité au projet, lequel prévoit « en cas de force majeure », un maintien du chef de l’État en exercice au pouvoir. « Cette possibilité du cas de force majeure est une arme qui peut être braquée contre l’alternance démocratique », a ainsi déclaré aux juges l’ancien président de l’Assemblée.
Le 5 juin, la Cour, qui avait été saisie mi-mai par le président Touadéra, semble lui avoir donné raison. À l’issue de ses audiences, celle-ci a conseillé au gouvernement d’organiser une concertation nationale afin d’aboutir à un consensus.
Lancé dans la course pour la présidentielle censée se tenir en décembre, Karim Méckassoua, qui fut brièvement ministre des Affaires étrangères en 2003, a en réalité mis ses réseaux en action depuis plusieurs mois, en Centrafrique et à l’étranger, afin d’empêcher FAT d’obtenir une réélection. Voici ses principaux soutiens.
En Centrafrique :
Gildas de Carême Benam
Après avoir présidé l’Association nationale des étudiants centrafricains (Aneca), il s’est engagé au sein de l’Association des victimes des événements de 2012-2014 (Aved). Avec Mamadou Stanislas Dangabo, chargé de mission à l’Assemblée nationale, il est aujourd’hui l’un des stratèges de la formation politique de Karim Méckassoua, Le Chemin de l’espérance, dont il est officiellement le coordonnateur.
Fari Tahéruka Shabazz
Très actif sur les réseaux sociaux, il a été le secrétaire général du Rassemblement pour la république de Alexandre-Ferdinand Nguendet avant de rejoindre Karim Méckassoua. Il est aujourd’hui le porte-parole du Chemin de l’espérance. Brièvement incarcéré en mars pour « troubles à l’ordre public », il est actuellement en liberté provisoire et en attente d’un procès.
Nicolas Tiangaye
L’ancien Premier ministre centrafricain Nicolas Tiangaye, à la Primature, à Bangui, en 2013.
L’ancien Premier ministre est l’un des hommes politiques centrafricains les plus proches de Karim Meckassoua, avec l’opposant Jean-Serge Bokassa. Si Tiangaye joue sa carte personnelle dans l’opposition, avec la Convention républicaine pour le progrès social, il peut parfois bénéficier du soutien de Meckassoua. Celui-ci a ainsi joué les intermédiaires en novembre 2019 pour favoriser sa rencontre avec le président congolais Denis Sassou Nguesso (DSN).
Moussa Hassabarassoul
Président du Comité local de paix du 3e arrondissement (CPLR) de Bangui, il est l’un des relais de Karim Meckassoua dans le quartier stratégique du PK5, d’où ce dernier est par ailleurs originaire. Ancien colonel et porte-parole du général Moussa Asimeh au sein de la Séléka, Hassabarassoul est l’un des principaux cadres de la jeunesse du mouvement de Meckassoua.
Jean-Francois Akandji-Kombé
Ce professeur de droit public et de droit social à l’université de la Sorbonne, à Paris, a été officiellement le conseiller juridique de Karim Meckassoua lorsque ce dernier était président de l’Assemblée nationale.
Actif dans la société civile et récemment signataire d’une tribune réclamant la démission du successeur de Meckassoua au perchoir, Akandji-Kombé continue de prodiguer des conseils à l’opposant.
A l’étranger :
Denis Sassou Nguesso
Le président congolais Denis Sassou Nguesso à Pékin, en septembre 2018.
LE PRÉSIDENT SASSOU NGUESSO EST CONSIDÉRÉ COMME SON « PARRAIN » DANS LA RÉGION.
Karim Meckassoua est bien introduit au Tchad, et surtout à Brazzaville – le chef de l’État est considéré comme son « parrain » dans la région. Les relations de Meckassoua avec le Congo sont anciennes : il a été administrateur de la société congolaise de gaz et de Servair Congo (dont Cendrine Sassou Nguesso, fille de DSN, était la présidente du conseil d’administration).
Son Chemin de l’espérance est en partie inspiré du projet développé par Denis Sassou Nguesso en 2002, « La nouvelle espérance ».
Alpha Condé
Le président guinéen Alpha Condé, en octobre 2016, à Conakry.
Si Karim Meckassoua a été proche des deux présidents déchus Blaise Compaoré (Burkina Faso) et Amadou Toumani Touré (Mali), il l’est encore du Guinéen Alpha Condé, lequel le reçoit encore volontiers en audience. Les deux hommes ont tout deux intégré (à quelques années d’écart) la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (FEANF).  Quand Meckassoua commence à y militer, en 1974, son aîné guinéen en est l’un des dirigeants.
L’opposant et le président ont encore en commun une amitié française, celle de l’ancien ministre Jean-Louis Borloo, reconverti dans les affaires.
Jean-Yves Le Drian
Très introduit en France, notamment au sein des réseaux de gauche, Karim Meckassoua a pu compter sur le soutien actif de Jean-Yves Le Drian après la chute de Michel Djotodia début 2014.
LE MINISTRE FRANÇAIS DE LA DÉFENSE EN AVAIT FAIT SON CANDIDAT POUR PRENDRE LA TÊTE DE LA TRANSITION.
Le ministre français de la Défense en avait alors fait son candidat pour prendre la tête de la transition centrafricaine, tandis que Laurent Fabius, patron de la diplomatie française, lui préférait Catherine Samba-Panza – laquelle sera finalement choisie.
L’amitié de Le Drian, désormais à la tête du Quai d’Orsay, et Meckassoua ne s’est pas démentie depuis, quitte à agacer la présidence centrafricaine.
Hassen Chalghoumi
Le Franco-Tunisien, imam de Drancy et président de la Conférence des imams de France, est une vieille connaissance de Karim Meckassoua.
En 2014, il avait par son entremise longuement rencontré le chef de l’État congolais, Denis Sassou Nguesso, alors médiateur dans la crise centrafricaine. Hassen Chalghoumi lui avait fait part de son projet de participer à une conférence mondiale sur la paix à Brazzaville. L’imam et l’opposant centrafricain sont encore en contact régulier.
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La rédaction

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