CENTRAFRIQUE: LES POLICIERS DEMANDENT LE LIMOGEAGE DE LEUR MINISTRE

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Rien ne va plus entre le général de brigade de la gendarmerie Henri Wanzet-Linguissarra, ministre de l’Intérieur chargé de la Sécurité publique, et les agents et cadres du corps de la Police. Ces derniers reprochent beaucoup de choses au ministre allant de la mauvaise gouvernance à la maltraitance des policiers et à la discrimination pratiquée de façon visible et ostentatoire par le ministre qui ne privilégierait que les gendarmes au détriment de la Police.
« Il ne nous aime pas, tout ce que nous faisons n’est jamais bien apprécié par lui. Il bloque nos avancements et nos salaires, ce qu’il ne fait pas aux gendarmes. Nous voulons d’un nouveau ministre qui ne soit ni policier ni gendarme. Sinon, nous allons boycotter le travail et on verra les conséquences », lâche un policier au cours de leur réunion, et les autres policiers l’applaudissent à rompre les bras.
« Tu as tout dit, nous n’avons rien à y ajouter. Que le syndicat écrive au chef de l’Etat pour l’informer de la position de tous les policiers, car trop c’est trop », déclare à haute voix un autre cadre de la police.
La semaine dernière, le peuple a assisté, médusé, à une intervention radiodiffusée très musclée du Directeur général de la Police centrafricaine, le colonel Bienvenu Zokouè, qui s’en est pris à son ministre sans prendre des gants. En vérité, le patron des flics centrafricains n’a joué qu’au porte-parole des policiers qui en ont franchement marre du général Henri Wanzet-Linguissara…
« On ne gouverne pas un département avec du mensonge », avait lâché avec un ton grave le DG de la police centrafricaine sur les ondes de la radio Ndèkè Luka le mercredi 17 avril dernier, dans une cinglante réponse et un démenti mémorable aux propos du général Henri Wanzet-Linguissara, ministre de l’Intérieur chargé de la sécurité publique, parlant des sujets camerounais auteurs de faux et usage de faux aggravés dans la confection et la signature des passeports nationaux.
Cette colère des policiers s’origine de l’affaire des 8 sujets camerounais faisant partie d’un réseau de faussaires de 11 personnes interpellées par la police dans le 8ème arrondissement, et arrêtés pour faux et usages de faux.
«Ces gens ont une machine de fabrication » pouvant permettre de falsifier « à la fois les cartes de séjour, les permis de conduire et les cartes grises (…). Le ministre a appelé le Directeur de la surveillance du territoire pour lui conduire à son cabinet toutes les personnes arrêtées et toutes les pièces saisies », à révélé le colonel Zokouè.
Mais les Camerounais ont été mis en liberté dans des conditions qui demeurent floues selon des sources policières, puis expulsés le 13 avril au Cameroun sur ordre du ministre de la Sécurité publique, Henri Wanzet Linguissara, alors que la police judiciaire était sur le dossier qu’elle devait présenter au parquet afin que ces criminels soient jugés et condamnés.
La décision d’expulsion de ces faussaires camerounais prise par le ministre Wanzet n’est pas du goût des policiers qui tenaient à ce que les enquêtes soient menées jusqu’au bout, peut-être que d’autres complices centrafricains ou non devaient être traqués et arrêtés, et le réseau démantelé et mis hors d’état de nuire. La mesure d’expulsion cache des choses.
Plus grave encore, le membre du gouvernement aurait conservé chez lui les machines, ordinateurs et autres pièces servant à fabriquer les documents parallèles. «Ces matériels sont les preuves de leur forfait et devraient être présentés au parquet et gardés en lieu sûr notamment dans un magasin ou un entrepôt de la police et non chez le ministre. Par cet acte, on peut le tenir pour complice de ce délit», rapporte un policier sous couvert de l’anonymat.
Le DGPC s’est par ailleurs inquiété des propos tenus par son chef de département. « Lorsque le ministre dit qu’il a piégé ses subordonnés, on ne peut pas le faire ». [Mais] « Cela n’étonne pas parce qu’il a l’habitude de le faire. Il a piégé ses homologues ministres, tout le gouvernement pour les amener à Bambari » au mois de janvier 2019 pour la célébration en différé de la Journée mondiale de l’alimentation (JMA) qui n’avait finalement pas eu lieu à cause des attaques armées des éléments de l’UPC d’Ali Darass. « Aujourd’hui, il veut nous piéger, mais on ne peut pas piéger la police », a déclaré le DG de la police qui ne s’est d’ailleurs pas arrêté là. Il a fait d’autres révélations accablantes contre le ministre Linguissara. « Il vous souviendra que dans un passé récent, nos services à l’aéroport ont réussi à arrêter 5 sujets tchadiens de moralité douteuse à bord d’un vol. Nous avons fait un soi-transmis au cabinet du ministre avec un arrêté portant expulsion du territoire centrafricain. Le directeur de cabinet a signé mais notre ministre a refusé de signer », a révélé le colonel Zokouè. Où se trouvent actuellement es sujets tchadiens suspects? Seul le ministre Linguissara le sait.
Dans les pays où les deux têtes de l’exécutif se respectent, Wanzet Linguissara aurait dû être limogé sans tarder, après l’échec de la JMA, pour incapacité notoire et prévarication. Il aurait même dû être mis en examen pour intelligence présumée avec les malfaiteurs terroristes, mercenaires et rebelles. Surtout qu’il a été sur le terrain à Bambari et ses environs, et donc a pu vérifier la situation réelle avant de revenir à Bangui faire ces déclarations faussement rassurantes.
Le mécontentement des policiers a atteint son paroxysme lorsque le ministre Henri Wanzet-Linguissara a dépossédé la police du dossier des faussaires camerounais qu’il va confier à la gendarmerie, son corps d’origine, tout en remettant en cause la prouesse et la qualité du travail fait par les policiers en affirmant qu’il y’aurait un « piège »(sic) dans tout le travail fait par la police depuis l’investigation, l’opération de démantèlement du réseau et de l’arrestation des faussaires, jusqu’au démarrage de la procédure judiciaire et notamment l’audition des délinquants présumés.
Mais d’après nos enquêtes, le ministre Wanzet-Linguissara aurait dépossédé la police de ce dossier pour protéger un des délinquants présumés qui serait son beau-frère. C’est ce qui se raconte dans les milieux de la police, lequel corps est en boule depuis les déclarations inquisitoriales du ministre contre la police qui n’a pourtant fait que son travail et qui, au lieu d’être félicitée par le premier responsable de la sécurité publique, est plutôt récompensée en monnaie de singe à travers les propos désobligeants du généralissime Linguissara.
Aux yeux des policiers centrafricains, le ministre Wanzet Linguissara n’est plus crédible et n’a plus sa place à la tête de ce département parce qu’il protège des criminels et faussaires comme les sujets camerounais et tchadiens dont nous parlions tantôt. Raison pour laquelle il doit partir.
Mais une autre raison s’ajoute aussi à la précédente: les cadres et agents de la police promus à des grades supérieurs depuis plus d’un an ne bénéficient toujours pas des salaires inhérents aux nouveaux grades qu’ils détiennent, « à cause du ministre Linguissara » (sic).
Dans les pays où les chefs d’Etat et du gouvernement ont la tête sur les épaules, le ministre Linguissara aurait dû être limogé avec le DG de la Police qui a aussi manqué du respect envers son chef hiérarchique qu’il a sali publiquement. Mais avec Touadéra, on fait avec ce désordre, ce qui est grave pour la stabilité des institutions et la vie de la population. C’est triste.
Affaire à suivre.
Par Damoclès Diriwo
Source: MEDIAS+

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