CENTRAFRIQUE: LES POLICIERS BIENTÔT EN GRÈVE…

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CENTRAFRIQUE: LES POLICIERS BIENTÔT EN GRÈVE…
Par Damoclès Diriwo

Depuis quelques jours, plusieurs agents et cadres de la Police centrafricaine mènent une campagne de sensibilisation à l’arabe pour prendre part à une assemblée générale prévue le samedi 14 mars prochain à l’effet de « définir les conduites à tenir par rapport au refus du gouvernement de payer leur nouvelle guise salariale conformément au décret d’application du Statut spécial de la Police » vieux il y a plus de dix ans.
A titre de rappel, c’était après plusieurs mouvements de grève que la cheffe de l’Etat de Transition d’alors, Mme Catherine Samba-Panza était obligée de signer le décret n°16.003 du 11 janvier 2016, portant application de la loi portant Statut spécial de la Police centrafricaine dont l’une des dispositions précisait que les effets financiers sont reportés à une date ultérieure. Avec l’arrivée du Pr Faustin Archange Touadéra au pouvoir, les policiers avaient espéré que leur calvaire allait enfin prendre fin parce que c’est du temps où Touadéra était Premier ministre, chef du gouvernement, que la loi portant Statut spécial de la police a été initiée par le gouvernement, débattue et adoptée par les députés, et promulguée par le président François Bozizé à l’époque.
Mais alors que les policiers devraient être payés conformément à la nouvelle grille salariale signée par la présidente Samba-Panza afin de leur permettre un équilibre vital dans leur existence et l’exercice de leurs fonctions comme c’est le cas chez les militaires et gendarmes, celui qu’ils appellent « mauvais président » (sic) c’est-à-dire Touadéra, a purement et simplement ignoré ledit décret d’application.
C’est après plusieurs grèves dont la dernière observée au mois de décembre dernier que le président Touadéra en personne (dont certains de ces ministres membres du gouvernement et conseillers à la Présidence de la République accusent de manque de volonté d’appliquer ledit décret en ce qui concerne la nouvelle guise salariale de la Police) a tactiquement poussé le Premier ministre Firmin Ngrébada a tactiquement mis en place par Arrêté n°059/PM.19 du 29 décembre 2019, un Comité interministériel chargé d’évaluer les effets financiers de la mise en œuvre du Statut spécial de la Police centrafricaine, ouvrant ainsi des négociations entre les représentants du syndicat autonome de la Police, du ministère des Finances et celui de la Sécurité publique.
Les travaux dudit Comité qui se sont déroulés du 08 janvier au 07 février 2020 avaient pris l’allure d’un exercice visant seulement à réviser en baisse la grille salariale signée par Samba-Panza. Les conclusions des négociations tripartites consignées dans un Rapport ont été déposées sur la table du gouvernement depuis février 2010. Un mois après, les policiers se seraient rendus compte du « refus poli du président Touadéra d’appliquer les pertinentes dispositions du décret d’application pourtant en vigueur ». Mieux encore, « il refuse de modifier ledit décret en signant un nouveau décret d’application à mettre en œuvre immédiatement comme pour les militaires et gendarmes », déclare un syndiqué de la police.
En effet, alors que depuis toujours les gendarmes et militaires promus à des grades supérieurs « prennent droit aux soldes inhérents à leurs nouveaux grades » (sic), les policiers centrafricains quant à eux sont condamnés à ne percevoir que des salaires de catéchistes même si leurs grades augmentent. C’est ainsi qu’il y a des policiers devenus commissaires et généraux de police mais qui continuent de percevoir les salaires de brigadiers voire de sous-brigadiers à cause de cette situation injuste, immorale, illégale, inique et scandaleuse de blocage des effets financiers liés aux avancements en grades.
L’assemblée générale du samedi prochain risque de se terminer par un préavis de grève. Et si grève il y avait, elle risquerait d’être des plus dures cette fois-ci d’après les dires de plusieurs policiers qui ne cachent pas leur détermination à obtenir gain de cause.
«Pas de casse mais les services, unités, centres, et institutions stratégiques de la police comme l’aéroport international de Bangui M’Poko, le Centre national d’émission des passeports biométriques, les unités et bureaux des passeport, carte de séjour, laissez-passer, carte nationale d’identité seront paralysés, y compris les unités opérationnelles comme la CNS, les FICU, les services de renseignements et les commissariats spéciaux de police en charge de l’émigration-immigration. Les frontières terrestres, aériennes et fluviales seront bloquées, la police judiciaire et la police antigang seront également paralysées, et seul Touadéra et son beau-fils Ngrébada semblent apparemment ignorer les conséquences d’une telle situation si elle venait à avoir lieu. Le mauvais traitement des policiers doit cesser », martèle un cadre de la police que nous avons rencontré.
Attention à la colère de la police.
(Suite au prochain n°)
Damoclès Diriwo
Source: MEDIAS+

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