Centrafrique : les menaces se précisent contre le pouvoir de Bangui

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Il est aujourd’hui incontestable que, lors de la dernière rencontre de Ndjamena entre Macron et Déby, beaucoup de choses ont été dites à propos du pouvoir de Bangui. Si les deux interlocuteurs n’en ont pas révélé grand – chose, au cours de leur conférence de presse, c’est parce qu’ils ne voulaient pas tout simplement en parler.

Toujours est – il que quelques jours plus tard des informations ont commencé à fuiter sur ce qui a été réellement dit entre le « Bonaparte d’Afrique Centrale » et son illustre hôte ; et des opposants au régime de Déby sont montés au créneau pour annoncer clairement un projet de déstabilisation en cours de la République centrafricaine. Dans un article intitulé « les dessous de la rencontre Macron et Déby », la très sérieuse radio allemande Deutsche Welle en a fait l’écho et  est même allé loin en affirmant qu’un mouvement des forces tchadiennes avec des chars vers le pays de B. Boganda était déjà en branle. L’opposant tchadien Kingabé a qualifié ce qui se mettait en place d’un mouvement inhabituel.

Que le Tchad ait massé actuellement des troupes à la frontière avec la RCA, comme disent les uns, ou que Déby ne l’ait pas fait, comme veulent le faire croire d’autres, tel n’est pas le problème. Ce sur quoi les centrafricains doivent s’interroger, n’est rien d’autre que la situation de la crise institutionnelle, politique, sécuritaire et socio – économique dans laquelle semble s’embourber actuellement leur pays. Une véritable situation de cul – de sac.

Parler des origines de cette situation combien dramatique que connaissent les centrafricains et que vit la République, c’est avoir le courage politique de dénoncer la politique de fourberie et du non – respect de la parole donnée qui a longtemps caractérisé la gouvernance de ce pays par le mathématicien de Boy -Rabé et qui a  fini par faire casser à jamais le ressort de confiance qui existait entre lui et toutes les forces vives de la nation, d’une part, et entre son régime et tous les partenaires traditionnels de la RCA, sans exclusive, d’autre part.  Ajouté à cela son rapprochement avec la Fédération de la Russie et les mercenaires du Groupe Wagner et son refus d’opter pour le processus de l’initiative africaine de paix de l’UA, l’homme a décidé de signer son arrêt de mort. Telles ont été les principales raisons évoquées par Macron et Déby, lors de leur rencontre.

Pour ce faire, tout doit être mis en œuvre pour l’emmerder au maximum et l’annonce du mouvement des troupes tchadiennes vers Doba où des éléments de la Séléka sont en conclave et en formation depuis plus de trois mois, n’est pas anodine et  participe du déclenchement du déroulement ou plus exactement de la mise en œuvre des stratégies y relatives.

C’est dans ce contexte que l’on vient d’apprendre que les anciens chefs d’Etat, Djotodia et Bozizé, seraient sortis de leur réserve pour demander respectivement au président Touadéra, comme étant  leur  proposition de sortie de crise, la vice – présidence et la primature. Et ce, au moment où le processus du dialogue est interrompu à jamais. Dans la même foulée, il a été rapporté à la rédaction que deux généraux des forces armées centrafricaines auraient déjà été contactés et n’attendraient que l’ordre pour passer à l’action. Tout cela, dans un contexte de mobilisation générale de tous les groupes armés, y compris les Antibalaka depuis l’arrestation de leur coordonnateur général et le transfèrement d’un des leurs lieutenants à la Haye, sur ordre du pouvoir de Bangui, selon des sources policières françaises.

Comme nous pouvons aisément le constater, à l’allure où vont les choses, l’on s’acheminera inéluctablement vers une nouvelle transition, à l’exemple de celle qui a mis fin brutalement au règne du KNK et qui a installé aux commandes de la gestion des affaires de la cité la nébuleuse Séléka, avec toutes les conséquences dont la République et le peuple centrafricains en ont pâti et continuent d’en pâtir.

Désormais, honni par tous ses pairs de la Cemac et de la Ceeac, isolé diplomatiquement,  son aîné Omar El – Béchir en proie ces derniers temps à un soulèvement populaire suite à l’augmentation du prix du pain, et  n’ayant aucune proposition courageuse pour extirper son pays et son peuple de cette crise, Touadéra n’a plus son destin entre les mains. Il sera contraint de subir les dictats de tous  sans exception. Avec l’entrée dans la danse du puissant Groupement Syndical des Travailleurs de Centrafrique, dès la semaine prochaine.

Jean – Paul Naïba

 

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