Dans un post – vidéo qui circule activement sur les réseaux sociaux depuis quarante – huit heures, le nouvel homme fort du Gabon, le général Brice Oligui Nguema qui a prêté serment ce lundi 04 septembre 2023 comme chef d’état de la transition, n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour accuser directement la communauté internationale d’être responsable de ce qui vient de se passer au Gabon, et au – delà, dans la majorité des pays francophones. « C’est vous qui soutenez les dictateurs et les 3èmes mandats en Afrique ; car, lorsqu’on tripatouille la constitution, on viole les règles du jeu, vous ne dites rien. Et puis, quand les militaires font un coup d’état, vous vous levez pour le condamner. C’est inacceptable ! »
Cette sortie médiatique sonne comme un véritable réquisitoire formulé contre la communauté internationale, à savoir l’Onu, l’Ue, les Etats – Unis, la France, l’Ua, la Ceeac et la Cemac, du fait de leur refus systématique de condamner vigoureusement les pratiques manifestement illégales du président Ali Bongo visant à violer la Constitution et à s’éterniser au pouvoir. Ce coup de gueule dépasse les frontières du Gabon et s’adresse particulièrement à l’Imposteur de Bangui et tous les représentants de la communauté internationale qui se sont fort étonnement tus sur les graves irrégularités qui ont marqué les élections groupées du 27 décembre 2020 à l’issue desquelles le candidat Touadéra a été déclaré élu par l’ANE par seulement 17% du corps électoral et desquelles plus de 300.000 Centrafricains ont été délibérément exclus.
A ce sujet, il faut noter que l’Union européenne a appelé le mercredi 23 août 2023 « à des processus démocratiques plus inclusifs et transparents » en Centrafrique, où une nouvelle Constitution approuvée par referendum permet au président Faustin Archange Touadéra de briguer un troisième mandat en 2025. En effet, la Cour constitutionnelle en Centrafrique a validé un projet de nouvelle Constitution, approuvé fin juillet par référendum à plus de 95% ; cette nouvelle loi fondamentale qui a été promulguée mais reste introuvable dans le Journal Officiel, supprime la limite de deux mandats présidentiels successifs et prolonge la durée de ces mandats de cinq à sept ans. Un changement dénoncé par l’opposition, qui accuse M. Touadéra de vouloir rester « président à vie ».
« L’UE prend note des résultats du référendum constitutionnel en Centrafrique », a écrit sur X (ex-Twitter) Peter Stano, porte-parole du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. Il a exprimé les « préoccupations » de l’Union « face à la polarisation continue du contexte politique ». « L’UE appelle à des processus démocratiques plus inclusifs et transparents » en Centrafrique, a-t-il ajouté. Les Etats-Unis ont aussi fait part de leurs « profondes réserves » à propos du taux de participation au référendum et appelé les autorités centrafricaines à annoncer une date pour la tenue des élections locales. Les principaux partis de l’opposition et organisations de la société civile avaient appelé à boycotter le référendum, de même que les groupes armés rebelles qui continuent de combattre, dans certaines provinces, l’armée épaulée par les mercenaires russes du groupe Wagner.
C’est justement ce langage de duplicité que dénonce le nouvel homme fort du Gabon et qui justifie les séries des coups d’état qui défraient ces derniers temps les chroniques en Afrique. Ainsi donc, au nom des intérêts opaques, les Etats – Unis et l’Ue tournent le dos aux valeurs de démocratie, de justice, de liberté et de l’Etat de droit dont ils ne cessent de se réclamer porteurs et défenseurs. Le cas de la République centrafricaine où l’Imposteur de Bangui collabore depuis 2017 avec des mercenaires du Groupe Wagner et rwandais, pourtant responsables et coupables de graves exactions de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, selon un rapport de l’Onu, où la Minusca dont le gros contributeur n’est rien d’autre que les Etats – Unis, entretient d’excellentes relations avec des forces non – conventionnelles et a apporté des moyens logistiques et matériels indispensables à l’organisation des dernières consultations référendaires, et où le fugitif et criminel Hassan Bouba se balade au vu et au su des forces onusiennes, est plus qu’inacceptable. A y regarder de près, outre les tares de leur classe politique, la RCA, en particulier, et l’Afrique, en général, « ne sont pas loin d’être désabusées par le modèle de la démocratie qu’on veut leur imposer. Une démocratie au rabais, à la ramasse et aux principes à géométrie variable, où des coups d’Etat constitutionnels sont tolérés quand ils ne sont pas justifiés par les « grands juges » et autres « maîtres penseurs » outre-Atlantique qui se veulent autant de donneurs de leçons, où des coups d’Etat militaires et autres modes d’accession anticonstitutionnels au pouvoir sont jugés à la tête du client quand cela arrange les intérêts de puissances occidentales ».
Par conséquent, « c’est l’inconséquence de cette politique du deux poids deux mesures de l’Hexagone, qui révolte aujourd’hui la jeunesse africaine en manque de perspectives et à la conscience de plus en plus éveillée. En d’autres termes, c’est cette politique d’hypocrisie de l’Occident qui l’a vu souvent s’accoquiner avec des présidents mal élus, des dictateurs de la pire espèce que des grandes puissances occidentales ont parfois travaillé à maintenir au forceps au pouvoir pour servir beaucoup plus leurs intérêts et ceux de ces satrapes que ceux de leurs propres peuples, qui est aujourd’hui décriée par une jeunesse africaine de plus en plus consciente de son rôle et de sa force. C’est dire si, sans faire l’apologie des coups d’Etat, l’Europe récolte aujourd’hui les fruits de la politique qu’elle a semée en Afrique. C’est pourquoi le Vieux continent gagnerait à changer fondamentalement de paradigme, dans ses rapports avec l’Afrique ».
Et pour cela, « l’UE a besoin de crever l’abcès des comportements condescendants et paternalistes de mauvais aloi envers l’Afrique, en son propre sein. Et ce n’est certainement pas en mobilisant une quelconque force européenne, soit dit en passant pour lutter contre l’expansion du terrorisme dans certains pays du littoral ouest-africain dans le secret espoir de contrer l’influence russe en Afrique, qui changera quelque chose à la donne. Au contraire, le continent noir semble aujourd’hui engagé dans un processus irréversible en vue de trouver sa propre voie. Aussi est-il temps que cesse cette forme d’infantilisation de l’Afrique qui, tout comme l’Occident avant elle, a besoin de temps pour construire, pas à pas, son mode de gouvernance. Un mode de gouvernance débarrassé de toutes les scories actuelles, en dehors de la camisole de force qu’on veut lui faire porter ici et maintenant. Et les turbulences actuelles, semblent participer de ce processus. En tout état de cause, qu’il soit civil ou militaire, l’histoire a souvent prouvé qu’aucun dirigeant, aussi puissant soit-il, n’est jamais plus fort qu’un peuple déterminé. Aux peuples africains d’écrire désormais leurs histoires respectives ».
La Rédaction