Centrafrique : les en – dessous du pacte de réconciliation entre les acteurs de la crise du Nord – est

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Selon la Minusca, « les ressortissants de la Vakaga, de Bamingui-Bangoran et de la Haute-Kotto ont décidé d’enterrer définitivement la hache de guerre. Après deux jours d’intenses discussions, c’est par acclamation et à l’unanimité qu’ils ont signé un pacte de réconciliation, pour mettre fin à toute agression entre leurs communautés et privilégier le dialogue et la paix, pour l’intérêt suprême de la nation. C’était au cours d’une cérémonie qui a eu lieu, le mardi 10 novembre 2020 à Bangui, en présence du Président de la République, le Professeur Faustin Archange Touadéra ».

 

 

Ainsi donc, comme tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, d’après le professeur Pangloss dans « Candide » de Voltaire qui structurait de cette manière toute la philosophie des Lumières en s’adressant au philosophe allemand Leibniz, grand défenseur invétéré d’une conception naïve du monde, le représentant spécial du secrétaire général de l’Onu en Centrafrique, le sénégalais Mankeur Ndiaye, jubile et se félicite de la signature d’un pacte de réconciliation entre tous les acteurs des derniers sanglants et très meurtriers affrontements qui se sont déroulés dans les préfectures de la Valaka, la Bamingui – Bangoran et la Haute – Kotto, en septembre 2019 et février 2020, entre les forces coalisées RPRC – MLCJ –PRNC et le FPRC.

Cynique et masochiste, il a tout naturellement fermé les yeux sur les nombreuses pertes en vies humaines qui en ont découlé, entre autres le lâche assassinat du bébé Amin et de sa mère Assan, les enquêtes à mener pour d’éventuelles poursuites judiciaires contre leurs auteurs et la responsabilité directe et indirecte du Gangster de Bangui dans le financement de ces violences intercommunautaires dont le but consistait tout simplement à affaiblir militairement le FPRC. Ce qui a été fait.

A quelques semaines de la tenue des consultations électorales du 27 décembre 2020 dont le processus est émaillé de graves irrégularités et d’imperfections, de forts soupçons d’enrôlement d’étrangers et des hordes de mercenaires venus d’ailleurs sur les listes électorales, et d’entrée dans le jeu des groupes armés qui occupent plus de 85% du territoire, cette rencontre organisée  à Bangui du 9 au 10 novembre 2020, à l’invitation d’un certain Faustin Archange Touadéra, candidat à sa propre succession,  sur les frais de la princesse à raison de 30.000 Fcfa par jour sans oublier les loyers des hôtels, regroupant les représentants de ces bandits de grand chemin, des notables et autres dignitaires de ces zones sous leur contrôle, n’est pas anodine.

Elle a été plutôt une belle opportunité, selon des sources diplomatiques,  qui lui est offerte pour leur donner d’importants moyens financiers, matériels et logistiques, au nom et pour le compte du MCU, d’une part, et des consignes fermes, d’autre part, dans la mesure où la plupart d’entre eux sont eux – mêmes candidats aux prochaines  élections législatives, interdisant aux autres candidats de mettre pied dans ces localités et d’y battre campagne en toute sécurité ; ce qu’ils ont d’ailleurs commencé à le faire par le braquage du véhicule de la CRPS de Me Nicolas Tiangaye par les éléments de Mahamat Al – Katim à Kaga – Bandoro et le lâche assassinat du secrétaire général de la sous – fédération de PATRIE de Me Crépin Mboli – Goumba, à Kabo, il y a moins de trois moins. Telle est la raison d’être de ce farfelu pacte de réconciliation qui, fort étonnement, n’a pas été signé par les principaux leaders des groupes armés. Une semaine plus tôt, ceux – ci avaient apposé leur signature au bas d’un mémorandum qu’ils ont remis à la mission conjointe de l’Ua, la Ceeac et l’Onu, dans lequel ils exigeaient des pourparlers à l’extérieur avant la tenue des élections très hypothétiques du 27 décembre 2020, en dépit de l’assurance médiatique trop démesurée et irréaliste du gouvernement.

C’est dans ce contexte socio – politique particulièrement marqué la manipulation de l’opinion tant nationale et internationale par le Gangster de Bangui et les siens que doivent retentir et vibrer en tout centrafricain digne de ce nom les messages de John Prendergast , cofondateur de The Sentry, et Nathalia Dukhan, enquêteur principal à The Sentry, repris respectivement ainsi qu’il suit : «Alors que les puissances étrangères ont intensifié leur lutte pour l’influence en RCA, le pays est devenu un terreau fertile pour les réseaux criminels transnationaux. The Sentry maintient ses rapports et collaborera avec les décideurs, les banques, les organismes de réglementation et les forces de l’ordre concernés pour aider à résoudre les crises à plusieurs niveaux en RCA avec des actions concrètes pour soutenir la transparence, la responsabilité et une paix durable ».

«L’enquête d’un an menée par Sentry était rigoureuse, reposant sur des entretiens approfondis en RCA et sur plusieurs continents, ainsi que sur des documents, des photographies et des enregistrements vidéo qui soutiennent davantage les conclusions du rapport. Les personnes que nous avons interrogées ont systématiquement décrit des schémas et des dynamiques similaires qui se déroulent en ce qui concerne les réseaux d’acteurs français et russes alimentant l’instabilité en RCA. L’enquête de Sentry a identifié de graves problèmes de sécurité régionaux et internationaux alors que le pays se dirige vers une élection présidentielle incertaine. Les gouvernements et les organisations multilatérales engagés avec la RCA doivent prendre ces questions au sérieux. »

La rédaction

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