Centrafrique : les en – dessous du choix de la ville de Bangui pour siège en Afrique centrale des BRICS

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Selon le site de la présidence « La Reaissance », nous avons appris qu’au terme de sa visite de travail en République Centrafricaine, Madame Larissa ZELENTSOVA a décerné à titre exceptionnel la médaille des Projets stratégiques des BRICS au Président de la République, Son Excellence Pr Faustin Archange TOUADERA. La cérémonie de cette décoration s’est déroulée ce mercredi 23 novembre 2022 à 15 H dans le salon des Ambassadeurs en présence de l’honorable Simplice Mathieu SARANDJI, President de l’Assemblée Nationale, de Félix MOLOUA, Premier ministre et de quelques membres de son Gouvernement ainsi que des membres du Cabinet présidentiel.
Souvent dédié aux Hautes Autorités en fonction, ce titre exceptionnel a été décerné au Président TOUADERA pour son rôle dans la promotion des BRICS à l’international.
Après la ville de Saint Louis au Sénégal, la ville de Bangui est choisie par l’Alliance des BRICS pour loger son siège en Afrique Centrale. Mme ZELENTSOVA a même proposé que la capitale de la République Centrafricaine devienne le siège de son organisation pour les pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique Centrale. « Après avoir travaillé avec votre équipe, d’experts, j’ai compris que vous avez repris le vieux rêve de la construction des Etats de l’Oubangui-Chari et l’avez agrandi en voulant faire de la Centrafrique une nouvelle puissance pour tout le continent et une locomotive pour l’avènement d’une Afrique », a déclaré Mme ZELENTSOVA. Enfin, la Présidente des BRICS a salué le courage et la détermination du Président TOUADERA pour son soutien à la naissance d’un monde nouveau, mais surtout pour l’affirmation de la souveraineté de son pays à travers une coopération avec les BRICS.
Mais au – délà de cette cérémonie, des mots et de la théâtralisation, nous devons nous interroger sur les en – dessous politiques du bien – fondé de cette mission et du choix de la ville de Bangui pour le siège en Afrique centrale des BRICS. Selon Christian MELLINGER, dans une tribune des progressistes publiée le 25 octobre 2022, les BRICS sont depuis 2011 un groupe de cinq pays (en anglais : Brazil, Russia, India, China, South Africa) se réunissant une fois par an autour de leurs intérêts économiques sur le plan international. Ils essayent de faire entendre une autre voix que celles du G20, du FMI et de l’OMC.

Cependant, le traitement infligé à leurs peuples par des pays comme la Russie, l’Inde ou la Chine montre la fragilité politique du club de ces émergents. Faute d’ériger un véritable Etat de droit, ils se réfugient dans la propagande, la brutalité voire la répression de toutes formes d’opposition.

« L’Inde n’a pas seulement un problème de pauvreté, elle a surtout un problème de déshumanisation » écrivait le cinéaste indien Raja Menon. La condition des femmes de ce pays est sujette, dans les transports en commun comme ailleurs, à l’agression sauvage, au viol puis à la mort. En 2013 le film « Les femmes de l’autobus 676 » avait suscité l’indignation à l’étranger et dans toute l’Inde. En Chine, la liberté individuelle ne peut exister que sur les progrès d’un Etat de droit. C’est tout le contraire que prône le dirigeant communiste Xi Jinpi qui, sous couvert de « réformes » pour le bien commun, a conduit à la mise en place d’un système de fichage numérique à grande échelle et de détention préventive (Tibétains, Ouigours…) avec 150.000 chinois emprisonnés sans aucune forme de jugement. En Russie, les manœuvres de propagande de Vladimir Poutine pour convaincre les citoyens russes « que l’on vit mieux à l’Est qu’à l’Ouest » reposent le plus souvent sur la falsification de la réalité des pays occidentaux devenus « décadents ». Les jeunes générations urbaines, sans oublier celles du Brésil confrontées à la dictature de Bolsonaro, ou bien celles des noir(e)s d’Afrique du Sud où la mixité sociale reste un terreau fragile malgré l’organisation de programmes économiques égalitaristes, nous montrent la voie à suivre. Les BRICS ont encore du souci à se faire, comme il en va des grands équilibres mondiaux entre Orient et Occident.

De ce qui précède, nous pouvons affirmer légitimement sans nous tromper que l’illégitimité absolue qui caractérise le pouvoir vacant ou inexistant du régime de Bangui constitue l’une des conditions remplies pour que ce dernier appartienne à cet ensemble de pays membres des BRICS. Déclaré élu par l’ANE par seulement 17% du corps électoral à l’issue des scrutins groupés du 27 décembre 2022, singulièrement marqués par des actes de graves irrégularités dont l’incontestabilité a fini par leur dénier tout critère de démocratie, de transparence, d’inclusivité, de liberté, de sincérité, de crédibilité et d’intégrité électorale, et desquels plus de 300.000 Centrafricains ont été délibérément exclus, Touadéra a fait depuis lors de son pays une prison à ciel ouvert, où la liberté d’expression est contrôlée par les mercenaires du Groupe Wagner, où règne une politique de chasse aux opposants, et où est interdite l’organisation des réunions publiques par des partis politiques. Isolé, de ce fait, diplomatiquement, et verrouillé financièrement par la France et les institutions financières internationales de Bretton Woods, le recours aux BRICS permettrait sans doute au régime de Bangui d’extirper la tête hors de l’eau et espérer bénéficier de quelques subsides de leur part dans les meilleurs délais.

En effet, plongée dans de sérieuses difficultés, la compagnie publique d’électricité sud-africaine était en négociations avec la New Development Bank (NDB), la banque des BRICS, pour des lignes de crédits estimées à quelques 780 millions de dollars en 2019. L’objectif était de redresser financièrement l’entreprise afin de lui permettre de maintenir sa capacité de production énergétique. Pour le gouvernement sud-africain, le soutien financier arrivait au bon moment alors que l’entreprise publique Eskom faisait face à d’énormes difficultés de production et de distribution d’électricité, avec ses capacités mises à rude épreuve par une demande qu’elle ne pouvait plus satisfaire et qui l’avait poussé à des délestages en série depuis presque une semaine.

Confronté à de sérieuses difficultés financières, le choix de la ville de Bangui pour le siège en Afrique centrale des BRICS apparaît donc comme une belle opportunité pour le régime de Bangui !

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