Centrafrique : L’énigme de dengbe (antilope) et de nkonon (Hippotame) : ces erreurs de communication publique qui alimentent le centroscepticisme

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De mars 2016 à ce jour, le sort de certains politiques au pouvoir, de leurs collaborateurs et des postulants potentiels qui aspirent à gouverner en RCA est amplement lié à leur communication. Et des erreurs qu’ils ont pu commettre en la matière. Certaines auraient pu être préjudiciables, mais finalement ne l’ont pas été. D’autres ont contribué à brouiller l’image de certains de leurs patrons, tandis que d’autres enfin sont tout simplement irréparables.

Le 14 novembre 2019 est fêtée en Centrafrique en différé, la journée mondiale de l’alimentation (JMA) à Bambari, ville en zone UPC du chef rebelle Ali Darassa, située à 400 km au nord de Bangui. En 2018, la [même] JIMA prévue a dû être annulée, alors qu’elle devrait faire l’objet d’une grande fête avec le déplacement des autorités.

A Bambari ce jour-là, le Chef de l’Etat, à la tête d’une importante délégation gouvernementale, du corps diplomatique et, particulièrement en présence de la population de la Ouaka, s’est autorisé un meeting en langue nationale dans lequel l’on peut entendre qu’il s’est assimilé à une antilope (dengbe) et, désigne un opposant à son pouvoir, qu’il prend pour un hippopotame (nkonon). Et il finit, sur ce, par provoquer, de son propre chef, une erreur de communication [publique], de la plus préjudiciable qui soit, sans aucun doute une énième polémique qui embarrasse l’opinion et particulièrement la centrosphère.

Or en Centrafrique, le contexte social en général a montré que la communication des institutions est le premier sujet d’interrogation des citoyens mais nous assistons, au quotidien, à une dramatique inefficacité communicationnelle qui fait manquer aux actions politiques sa recette persuasive.

Et, effectivement, il y a de quoi s’interroger : plus la politique de communication de l’Etat est incohérente, c’est-à-dire portée par un objectif politique clair : repousser la Centrafrique des citoyens, avec une stratégie explicite, moins cette politique est inefficace.

Ce discours du Président de la République serait mal déchiffré par ceux qui s’indignent, a écrit en commentaire sur Facebook, Roger Andjalandji, un des principaux responsables du mouvement politique, MCU, qui soutient le Chef de l’Etat. Selon lui il s’agit d’une ‘’allégorie’’. Donc une représentation indirecte du Président, dengbe, apte à vivre sur terre et de l’opposant, nkonon, adroit aussi bien sur terre que sous l’eau. ‘’En clair, écrit Roger Adjalandji, quand on a qu’un pays, il faut éviter de mettre le feu. L’exilé à un pays, le pays d’accueil n’est pas son pays. C’est le résumé et le sens de l’accord de paix du 06 février 2019.’’ Une explication bouffonne de la parole politique.

Mais nulle part dans le monde, un homme d’Etat ne peut se permettre d’utiliser une énigme animalière et ou cétartiodactyle pour transmettre un message à une population soit-elle habitante d’une région de la savane. La Centrafrique n’est pas un zoo ou un parc aquatique où il faut impérativement utiliser un langage des gardes touristiques ou des chasseurs d’hippopotames. Encore faut-il connaître ce code de communication avec ses signes linguistiques. Quel était le projet de communication publique de la JMA 2019 qui va nécessiter l’usage de la sémiologie, de la sémantique animalière pour haranguer une population acquise à sa cause, pour contrer son adversaire politique ?

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