Centrafrique : le site minier de Ndassima bombardé par deux mystérieux aéronefs

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Il y a quelques jours, le site humanglemedia.com a rapporté qu’un hélicoptère de combat russe appartenant au groupe de sécurité Wagner a bombardé, le jeudi 6 janvier 2022, un site minier en République centrafricaine, tuant deux civils et en blessant dix autres. Une erreur de ciblage, selon le haut commandement de la République centrafricaine et les mercenaires du Groupe Wagner. « L’hélicoptère russe avait bombardé au cours des deux dernières semaines la localité de Bambari avec l’intention de harceler et de chasser des éléments du groupe rebelle Unité pour la Paix en Centrafrique (UPC) de la région », a déclaré une source militaire de premier plan à HumAngle.

Pour être plus précis, ce sont deux explosifs qui ont été largués vers 2 heures du matin CAT sur plusieurs positions stratégiques du site. D’où des dégâts importants : des contenairs incendiés, des morts, et de nombreux blessés dont certains ont été transférés à l’hôpital de Bambari, d’autres ont été transférés vers la capitale Bangui, située à 385 Km. « Pour le moment, nous ne connaissons pas le nombre de mercenaires russes qui ont été tués ou blessés lors de l’attaque, mais certains témoins oculaires disent avoir vu un mercenaire Wagner blessé être transféré à l’hôpital de Bambari parmi les victimes », ont affirmé des sources sécuritaires locales.

Comme annoncé un peu plus haut, le recours à ces méthodes de bombardements plus ou moins intensifs la nuit relève tout simplement d’une nouvelle stratégie de combats, adoptée et mise en œuvre par les Forces armées centrafricains et leurs supplétifs russes et rwandais. Ces attaques aériennes viseraient à forcer les rebelles de l’UPC du général Ali Darass, chef d’état – major de la Coalition des Patriotes pour le Changement « CPC », à se rendre, après avoir été psychologiquement démoralisés. Cependant, non seulement ces bombardements causent d’importants dégâts collatéraux en pertes humaines et matérielles au sein des populations civiles, mais surtout semblent ne pas être trop efficaces, puisque apparemment les cibles atteintes ou neutralisées sont loin d’être celles initialement retenues et visées. Et justement, les arguties avancées par le haut commandement militaire centrafricain et les responsables des mercenaires du Groupe Wagner, selon lesquelles le site minier de Ndassima a été littéralement canardé par « erreur de ciblage » paraissent difficilement soutenables et vraisemblables.

Ce raisonnement est d’autant plus pointilleux, objectif et pertinent que, d’après de gentilles indiscrétions de certains spécialistes en stratégie militaire, la ville de Ndassima ne peut pas constituer un objectif militaire tant pour les Faca que les russes qui en ont totalement le contrôle depuis et qui y ont déployé de gros moyens techniques pour l’exploitation et l’exploration du site, en contrepartie de leurs engagements vis – à – vis du pouvoir de Bangui. De ce fait, elle ne peut nullement représenter un danger ou une sérieuse menace pour leur présence dans cette zone au point où ils devaient se tirer entre les jambes afin de se protéger. En outre, il n’est de secret pour personne que, suite aux nombreux affrontements de Boyo, dans la ville de Bambari et tout autour ces derniers temps, il n’y aurait plus de présence d’élements de l’UPC si agressifs et si menaçants en nombre, signalée dans la préfecture de la Ouaka. Le plus gros des combattants de l’UPC et de la CPC se serait plutôt replié dans la Haute – Kotto, et précisément à Ouadda, Ouadda – Djallé, Sam – Ouandja, Yalinga, Nzacko et Autres.

Par conséquent, diantre pourquoi le haut commandement militaire pouvait – il se laisser séduire par cet argumentaire dont la légèreté ne souffre d’aucune contestation au sein de l’opinion tant nationale qu’internationale ? Tout simplement parce que ne sachant que dire au grand public et au peuple centrafricain, au lendemain de cette attaque si soudaine, si inattendue et si violente, il a été convenu que les « Amis Russes », experts en communication, en désinformation, et en manipulation de l’opinion puissent trouver la parade y relative afin de rassurer les uns et les autres. C’est à cet effet que les égorgeurs russes du Groupe Wagner ont payé et obtenu la publication de ce torchon publié en Anglais par un site inconnu des Centrafricains et dont l’impertinence du contenu ne fait l’ombre d’aucun doute.

En réalité, depuis cette nuit vers 2 heures du matin CAT jusqu’au moment où nous mettons sous presse, seuls quelques agents de renseignements étaient au courant de ce qui s’est réellement passé : l’attaque du site de Ndassima par deux mystérieux aéronefs. Informé à son tour dans les heures qui ont suivi les bombardements, le compatriote qui tient le site « Touadéra doit partir » a écrit sur sa page Facebook ce qui suit : « LE BILAN DES BOMBARDEMENTS DU SITE DE NDASSIMA PAR UN AVION FURTIF NON IDENTIFIÉ : BCP DE CADAVRES DE MERCENAIRES RUSSES ET FACA JONCHENT LE SOL D’AUTRES CORPS SONT ACHEMINÉS À BAMBARI ET DES INSTALLATIONS(USINES ET CENTRES DE FORMATIONS)CONSTRUITES PAR LES RUSSES SONT TOTALEMENT DÉTRUITES ET CALCINÉES,LE DÉGÂT EST ABYSSAL POUR LES FACA ET LEURS ALLIÉS MERCENAIRES RUSSES ».

Tout naturellement, la rédaction du Letsunami.net a lancé l’alerte pour en savoir davantage. Mais si certaines sources locales indépendantes, les autorités préfectorales y comprises, ont rapporté que des blessés ont été transférés de Ndassima à Bambari et à Bangui, aucune d’entre elles et aucun de ses correspondants n’ont été en mesure d’informer le grand public de ce qui était à l’origine de ces exactions. Ce ne sera que plusieurs jours plus tard, précisément le 10 janvier 2022, que CNC reviendra sur les faits dans un article et révélera que « l’attaque est survenue la semaine dernière vers 2 heures du matin alors que tout le staff dormait encore sur la base d’exploitation minière de Ndassima. Des explosifs largués par un hélicoptère de Wagner auraient coûté la vie à deux personnes, et blessés 10 autres. L’état-major parle d’une erreur de cible. Et si c’était de la population civile dans un village ? »

En fait, selon des informations de sources militaires et diplomatiques en notre possession, ce sont deux drones en provenance d’un pays étranger qui ont bombardé le site minier de Ndassima, cette nuit du jeudi 6 janvier 2022 vers 2 heures du matin, faisant de sérieux dégâts humains et matériels. Si certaines d’entre elles n’ont pas hésité un seul instant à pointer du doigt la société Axmin dont les permis d’exploitation et d’exploration ont été arrachés illégalement pour être cédés à une entreprise russe proche du Groupe Wagner, d’autres ont tourné le regard vers la mission Barkhane et des forces spéciales françaises qui voudraient, par cet acte, signifier au pouvoir de Bangui qu’il est grandement temps de cesser toute coopération avec les mercenaires russes, conformément aux termes de la résolution 2605 du 12 novembre 2021 et aux recommandations du Rapport du Groupe des experts de l’Onu du 25 juin 2021.

 

La rédaction

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