Centrafrique : le Parrain des Parrains réunit ses lieutenants à Bangui

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DISCOURS DE SON EXCELLENCE LE PROFESSEUR FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, CHEF DE L’ETAT,
A L’OCCASION DE LA RENCONTRE DE RECONCILIATION DES COMMUNAUTES DU NORD-EST
BANGUI, 9 NOVEMBRE 2020
– Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement ;
– Monsieur le Premier Vice-président de l’Assemblée Nationale ;
– Monsieur Michel DJOTODIA AM-NONDROKO, ancien Chef d’Etat de la Transition, Ambassadeur pour la promotion de la paix universelle ;
– Mesdames et Messieurs les Présidents des Institutions de la République ;
– Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement ;
– Monsieur l’Ambassadeur Représentant Spécial du Président de la Commission de l’Union Africaine ;
– Monsieur le Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies ;
– Monsieur l’Ambassadeur Représentant le Président de la Commission de la CEEAC ;
– Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Représentants des Organisations internationales;
– Messieurs les Garants et Facilitateurs ;
– Mesdames et Messieurs les Membres des Communautés de Bamingui-Bangoran, de la Haute-Kotto, de la Vakaga et de la Nana-Gribizi ;
– Distingués Invités ;
– Mesdames et Messieurs ;
Je suis heureux d’avoir à prendre la parole aujourd’hui, à l’occasion de cette rencontre historique qui, je l’espère vivement, marquera le début d’une nouvelle ère vers de belles destinées pour la République Centrafricaine et particulièrement pour les régions et communautés du Nord-Est.
Je voudrais, au nom de la République, souhaiter la bienvenue à tous nos compatriotes venus des provinces pour prendre part à cette rencontre pour la paix et la réconciliation entre nos Communautés.
Cette rencontre nous permettra, j’en suis persuadé, de sceller à jamais les liens séculiers de fraternité entre nos compatriotes du Nord-Est, qui ont été malheureusement entamés par des intérêts égoïstes.
– Mesdames et Messieurs ;
– Chers Participants,
Est-il besoin de rappeler que depuis son indépendance, il y a 60 ans, la République Centrafricaine est exposée à de récurrentes crises politico-militaires qui ont rendu les conditions de vie précaires, amplifié la paupérisation de nos populations, freinant ainsi l’émergence de notre pays.
Nous savons tous que la crise militaro-politique profonde de 2012 a plongé le pays dans des violences intercommunautaires, provoqué l’effondrement de l’autorité de l’Etat, la dislocation de la cohésion sociale et le déplacement massif de milliers de nos compatriotes tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays et dont les séquelles demeurent jusqu’à présent.
Il est également nécessaire de rappeler qu’en plus des crises militaro-politiques, il y a aussi des conflits intercommunautaires alimentés par les groupes armés, qui détériorent les relations entre les ethnies dans certaines régions et dont les impacts sont plus graves qu’on ne peut l’imaginer.
C’est le cas des récentes hostilités qui ont embrasé la Région du Nord-Est et occasionné de nombreuses pertes en vies humaines et d’importants dégâts matériels.
– Mesdames et Messieurs ;
– Chers Participants,
Dès le déclenchement de ces violences, j’ai instruit le Gouvernement de tout mettre en œuvre pour créer les conditions d’apaisement en vue d’un retour à la sécurité, à la paix et de la réconciliation nationale.
En effet, ces violences meurtrières ont détérioré les relations entre les ethnies Kara, Rounga et leurs alliés, dans les Préfectures de la Vakaga, de la Haute-Kotto et du Bamingui-Bangoran.
Ces crises sont malheureusement entretenues par certains groupes armés pourtant signataires de l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation du 6 février 2019.
Sous mon autorité, le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, avec l’appui des Garants et Facilitateurs, a immédiatement engagé des séries de rencontres, des pourparlers avec les acteurs de la crise ainsi que les autorités locales.
Une mission d’enquête judiciaire a même été dépêchée à Ndélé pour faire la lumière sur ces violences et établir les responsabilités.
Tous ces efforts ont permis de créer les conditions d’apaisement et de dialogue qui ont conduit à la signature d’un pacte de non-agression entre les différentes communautés du Bamingui-Bangoran.
Aussi, voudrais-je féliciter le Gouvernement et témoigner toute ma gratitude à la communauté internationale et aux leaders communautaires qui ont travaillé sans relâche pour obtenir des cessez-le-feu dans les différentes Préfectures du Nord-Est.
Mesdames et Messieurs ;
Comme vous le savez, depuis mon accession à la magistrature suprême de l’Etat, et dans le cadre de mes responsabilités de Père de la Nation, j’ai eu le devoir d’épuiser tous les moyens possibles pour épargner à mes concitoyens les maux d’une guerre fratricide et destructrice.
J’ai frappé à toutes les portes, ouvertes ou fermées, pour trouver un chemin approprié pour une paix définitive en vue du développement de notre pays.
Ma vision pour l’émergence de notre pays ne pourrait se faire sans la paix et la sécurité.
C’est cette conviction qui nous a tous guidé et conduit à la signature de l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation, le 6 février 2019.
En signant cet Accord, les groupes armés s’étaient engagés à renoncer à l’usage de la force pour le règlement des différends et à adhérer au processus DDRR pour une paix définitive et durable dans notre pays.
J’émets le vœu que la rencontre d’aujourd’hui consacre l’heureux aboutissement de tous les efforts consentis pour une paix durable dans cette partie de notre territoire.
– Mesdames et Messieurs ;
– Chers Membres des Communautés de Bamingui-Bangoran, de la Haute-Kotto, de la Vakaga et de la Nana-Gribizi ;
Le monde entier vous observe ; la République entière observe ces moments uniques qui pourraient marquer un tournant décisif vers la pacification de la région du Nord-Est, voire de tout le pays.
Je vous exhorte à mettre à profit ce temps que vous allez passer ensemble afin de poser des jalons solides pour une paix durable. L’avenir de nos régions et de notre pays tout entier en dépend.
Vos régions, je dois vous le rappeler, sont dotées d’immenses ressources dont l’exploitation devrait permettre à tout un chacun de vivre décemment et de contribuer au développement de notre pays.
Depuis 2016, l’Etat a commencé à faire sa part dans le développement des régions.
En effet, le Plan de Relèvement et de Consolidation de la Paix en Centrafrique, adopté au lendemain de ma prise de fonction, regorge de nombreux projets pour la région du Nord-Est.
Malheureusement, les violences intercommunautaires dans cette partie du territoire n’ont pas permis la mise en œuvre de ces projets, alors que d’autres régions sont actuellement en reconstruction.
S’agissant des groupes armés, le Gouvernement a manifesté sa bonne foi après la signature de l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation, en posant certains actes dans le cadre des engagements pris.
Il en est ainsi de :
– la mise en place d’un Gouvernement inclusif avec les représentants des groupes armés ;
– la création des mécanismes de mise en œuvre de l’Accord ;
– le démarrage du processus DDRR ;
– la création et l’opérationnalisation de certaines Unités Spéciales Mixtes de Sécurité (USMS) ;
– la mise en place du processus de création de la Commission Vérité, Justice, Réparation et Réconciliation;
– la création d’un Comité d’intégration des ex-combattants et d’harmonisation des grades pour ne citer que cela.
Tous ces efforts visent à réunir les conditions d’un retour à la sécurité et à la paix nécessaires au développement de notre pays.
En effet, les partenaires n’attendent que ce climat apaisé pour appuyer efficacement les régions.
J’attache donc un intérêt particulier au respect des engagements pris, au respect de la parole donnée. Ce n’est que de cette manière que nous pouvons ramener la paix et la sécurité dans notre pays.
Mes Chers Compatriotes ;
Le 27 décembre 2020, le peuple centrafricain sera appelé à exercer son droit fondamental qui est celui de choisir librement ses dirigeants.
Mon vœu le plus ardent est que les scrutins présidentiel et législatifs se déroulent dans la paix, la dignité et de manière libre et transparente.
Les assises de ce jour doivent contribuer à mettre définitivement fin aux conflits fratricides entre les communautés de la région du Nord-Est et favoriser la tenue des élections libres et apaisées dans ladite région, comme sur l’ensemble du territoire national.
Mes Chers Compatriotes ;
Je saisis cette occasion pour partager avec vous mon rêve, celui de voir un jour notre pays enfin débarrassé du tribalisme, du clanisme, du népotisme, du régionalisme, du patrimonialisme, du communautarisme et de toutes les antivaleurs qui ont causé la misère de son peuple.
Je rêve de voir un pays uni où les filles et fils ne se distinguent que par le travail opiniâtre et l’effort ; un pays définitivement débarrassé des démons de la division, de la méchanceté, de la haine, de la violence ; un pays où règnent la paix et l’harmonie.
Je sais que ce rêve est aussi celui de tous les concitoyens épris de paix et soucieux du développement harmonieux de notre pays.
Je vous exhorte donc à prendre en compte, au cours de ces assises, les revendications, les aspirations légitimes de nos concitoyens de la région du Nord-Est, de ces femmes et enfants qui sont privés de soins de leurs maris et de leurs pères et qui ne demandent que la paix et la sécurité pour s’épanouir.
Oui ! Ces revendications pèsent d’un même poids, sinon plus que les intérêts égoïstes de ceux qui alimentent les conflits intercommunautaires.
Nous devons nous élever au-dessus des sentiments périmés de supériorité d’un clan sur un autre, d’une tribu sur une autre, d’une région sur une autre.
Nous sommes tous des Centrafricains, égaux devant la loi, sans distinction de race, d’origine ethnique, de région, de sexe, de religion, d’appartenance politique et de position sociale.
– Mesdames et Messieurs ;
– Chers participants,
Avant de terminer mes propos, je tiens à réitérer mes remerciements aux Garants et Facilitateurs pour leur appui constant en faveur de la stabilisation de notre pays, la République Centrafricaine.
J’encourage les représentants des différentes communautés à continuer à faire preuve d’ouverture, de sagesse et de patriotisme afin que cette rencontre serve réellement à sceller durablement la réconciliation dans la région.
J’exhorte les groupes armés présents dans cette région à s’inscrire dans cette dynamique et à soutenir conformément à l’esprit de l’APPR-RCA les efforts et l’élan des communautés en vue d’une véritable réconciliation et du vivre ensemble.
Il me reste à vous dire la conviction que j’ai, de voir sortir de vos assises, des conclusions de la plus haute importante pour une paix définitive et durable dans le Nord-Est de notre pays.
En vous associant à ces vœux, je déclare ouverts, les travaux de la grande rencontre de Réconciliation entre les Communautés du Nord-Est de la République Centrafricaine.
Je vous remercie.
La Renaissance

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