Centrafrique : le ministre des finances et du budget Henri Marie Dondra doit rendre compte de sa gestion

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L’inamovible ministre des finances et du budget depuis l’élection et la prestation de serment du président Faustin Archange, le 30 mars 2016, Henri Marie Dondra a échappé mystérieusement à tous les remaniements successifs. Près de cinq ans plus tard, l’ancien directeur général du Fagace est toujours là, alors que l’union sacrée incarnée par le président de l’assemblée nationale Abdoul Karim Méckassoua avait volé en éclats par sa destitution en 2018 et que Charles Armel Doubane et Jean – Serge Bokassa, respectivement ministre des affaires étrangères et de la sécurité publique, ont été limogés. En dépit de sa gestion chaotique et de maints appels venant du camp des proches de Touadéra à son départ du gouvernement, il est toujours là, mais vient d’être élu député du 1er arrondissement de la ville de Bangui, à l’issue des calamiteuses élections du 27 décembre 2020. Quelles sont donc les raisons de cette longévité ?

De l’avis de l’homme, de sa famille biologique, des thuriféraires du régime et de leurs laudateurs, c’est sa compétence, son savoir – faire et son « génie si exceptionnel » qui ont milité favorablement à son maintien au poste de grand argentier de la République de 2016 à ce jour. L’aventure, en effet, a démarré en 2015, selon l’intéressé. Alors directeur général du Fonds africain de garantie et de coopération économique « Fagace », il a eu l’opportunité d’entrer en contact téléphonique avec celui qui s’est présenté à l’élection présidentielle de 2015 comme « le Candidat des Pauvres ». « C’était un simple coup de fil, mais il nous a lié jusqu’à aujourd’hui…(sic)… Faustin-Archange Touadéra avait une vision pour réformer le pays. Ses projets étaient cohérents, j’ai donc décidé de le suivre », s’était confié Henri Marie Dondra à nos confrères de Jeune Afrique. Mais de ces projets, en ce qui concerne les besoins prioritaires du peuple dans les domaines de l’éducation, de la santé et des infrastructures de base, et au sujet du respect scrupuleux des principes de la bonne gouvernance et de la transparence, afin de traduire en actes la politique de la rupture tant prôné par son mentor,  il n’en a rien dit, ni détaillé en termes de réalisations concrètes.

N’empêche que le premier ministre Firmin Ngrébada qui l’aurait présenté « temporibus illis » à Touadéra, ne s’est jamais gardé de vanter ses mérites à tout venant. « Il a gagné la confiance du président. Et il a fait beaucoup d’efforts pour prouver qu’il la mérite….(sic)…et  a su mettre en place plusieurs réformes pour assainir les finances publiques, gérer positivement le budget de l’État et augmenter les ressources intérieures du pays », avait – il clamé. De quoi à inciter l’intéressé à dresser un bilan très positif de sa gouvernance. « Notre pays a renoué avec la croissance économique ! Nous étions à – 37 % [en 2013], aujourd’hui, nous nous situons en moyenne autour de 4,5 % », n’a – t – il cessé de déclarer à ses nombreux visiteurs de jour et de nuit. Le secret de son succès résiderait dans sa courageuse décision visant à supprimer les exonérations fiscalo – douanières et les privilèges qui les accompagnent.« Ce sont des réformes difficiles et épineuses. Quand vous touchez à cela, vous touchez à de vieilles habitudes, et cela n’arrange pas certaines personnes qui profitaient du désordre, assure Henri-Marie Dondra à Jeune Afrique. Mais je le fais dans l’intérêt du peuple centrafricain. Alors, si je ne suis pas apprécié pour cela, par des gens qui ne visent que leurs propres intérêts, cela ne pose aucun problème. »

Parmi ses griots, il y a Pascal Bida – Koyagbélé et Frédéric Inamo. « Il s’est créé beaucoup d’ennemis avec ces réformes, et pas uniquement dans l’entourage du président », a confirmé Pascal Bida Koyagbélé, homme d’affaires proche de Touadéra. « Le système des mains levées, tout le monde en profitait, même des gens influents qui sont aujourd’hui dans l’opposition. Le fait d’avoir bloqué ça, cela ne pouvait que lui attirer des problèmes », a assuré encore celui- ci. « On a fermé les vannes en supprimant des exonérations inutiles et en faisant payer les taxes fiscalo-douanières à tout le monde. Et les résultats ont parlé », s’est félicité Frédéric Inamo, directeur général des douanes centrafricaines. Ce dernier, qui est aussi le neveu du président centrafricain, ne tarit pas d’éloge sur son ministre de tutelle. « Si nos résultats sont aujourd’hui positifs, c’est grâce à lui », ne cessait – il de clamer à qui veut l’entendre.

En réalité, tout cela n’est que de la poudre aux yeux, de la désinformation et une communication astucieusement conçue dans le seul but de manipuler l’opinion afin de divertir le peuple et l’empêcher de s’interroger sur l’une des pires calamiteuses gestions de nos finances publiques qu’aura été son long règne à la tête du ministère des finances et du budget. La preuve, les caisses de l’état seraient actuellement vides, au moment où nous mettons sous presse. Elles sont si vides que le gouvernement qui a supporté in extremis les paiements de salaires, des pensions et d’autres dépenses de fonctionnement du mois d’avril dernier, sur les ressources propres des banques de la place, aurait été contraint de faire parvenir une demande d’appui budgétaire à la représentation de l’Ue en Centrafrique. Cette sollicitude est restée sans suite jusqu’à ce jour ; c’est ce qui laisserait croire que les relations entre la République centrafricaine et l’Union européenne connaitrait tout logiquement des moments de tensions.

Une bien difficile et délicate situation que Mme Samuela Isopi a confirmée à demi – mots, au sortir d’une audience que lui a accordée Henri Marie Dondra, le vendredi 14 mai 2021 à Bangui, au ministère des finances et du budget. « Notre présence ici, témoigne que nous continuons de travailler ensemble pour créer les conditions nécessaires à la poursuite de nos aides. Le pays sort d’une période difficile, d’une crise qui a impacté négativement l’économie du pays et les finances publiques, et par voie de conséquence, les programmes mis en œuvre par le gouvernement avec le soutien des partenaires de la RCA. Il est question pour l’UE et la RCA de relancer le dialogue et la coopération sur les réformes et sur les objectifs de nos programmes, pour créer les conditions optimales pouvant nous permettre de continuer de travailler ensemble », a – t – elle déclaré.

Mais, alors que les propos ci – dessus sont de nature à soutenir effectivement et de manière claire et limpide comme l’eau d’une roche que rien ne va plus entre les deux parties en présence et qu’il est désormais question de rendre des comptes de la gestion de toutes les aides et subventions reçues afin de remplir les conditions nécessaires à la poursuite de cette coopération, Henri Marie Dondra, en accusé et en défenseur des causes perdues, a préféré tout simplement se verser dans le déni de la vérité et de la réalité, tout en se mélangeant les pinceaux et en se contredisant. « Je suis à la fois surpris et désolé de cette désinformation. L’UE poursuit sa coopération. Pour preuve, la cheffe de la délégation de l’Union Européenne avec qui nous travaillons régulièrement est venue me voir pour que nous puissions faire le point sur les différents projets que nous avons en commun. Vous êtes sans savoir que, pour bénéficier des appuis budgétaires, nous devrions remplir certains critères et nos équipes travaillent pour atteindre les objectifs fixés”. D’ailleurs, le comble de l’escroquerie n’est – il pas que les escrocs continuent à escroquer le peuple chaque jour, font semblant de chercher des solutions, continuent à mettre de l’argent de la communauté internationale dans leur poche, et restent à leurs postes en faisant semblant de n’être au courant de rien  ou d’avoir bien fait leur boulot ?

Ainsi donc, déjà isolé diplomatiquement, et après les mesures françaises de coupure d’aide budgétaire et du gel de la coopération militaire, le régime du Gangster de Bangui est contraint de faire face à des décisions de fermeture de toutes les vannes financières venant de la part des différents partenaires internationaux. Ad rem, quand nous savons que la France, c’est l’une des puissantes locomotives de l’Ue avec  l’Allemagne, notre porte – parole devant le conseil de sécurité à New – York, notre conseiller et gestionnaire-financier près les institutions financières internationales de Bretton – Woods, nous devons nous attendre à de très fortes tensions de trésorerie, précurseures d’inéluctables soulèvements sociaux, dans les jours à venir. Alors, l’heure est venue pour que le « surdoué » Dondra nous dise ce qu’il a fait de toutes les aides octroyées, d’une part, et de tous les crédits ouverts dans les lois de finances, d’autre part, de 2016 à 2021. Au nom des valeurs de la bonne gouvernance et de la transparence, nous avons l’humble devoir citoyen de lui demander des comptes et exigeons à tous les partenaires internationaux de commettre un audit indépendant de sa gestion avant de nouveaux décaissements à notre pays.

Imamiah – Imhotep Yamalet

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