Centrafrique : le ministre de la justice Arnaud Djoubaye Abazène impliqué dans les guerres intercommunautaires de Birao et Ndélé  

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Annexe 4.4 : Milice créée dans la Vakaga par des hommes politiques à Bangui

Au lendemain de la tentative infructueuse de la CPC de prendre Bangui en janvier 2021, un certain nombre d’hommes politiques originaires de la préfecture de la Vakaga ont organisé , a financé et déployé une milice composée de jeunes locaux armés pour bloquer les couloirs de trafic d’armes utilisés par la CPC pour entrer sur le territoire centrafricain dans la ville frontalière de Tissi (voir par. 31 dans le corps du rapport). Un autre objectif était de protéger la population locale des attaques des Misseriya soudanaises, similaire à celle qui a eu lieu à Boromata en décembre 2020 (voir S/2021/87, par. 37-41). L’initiative qui, selon des sources proches des intéressés, visait à faire preuve de loyauté et à trouver les faveurs du président Touadéra, a été menée par Arnaud Djoubaye Abazene, ministre des Transports et de l’Aviation civile, un proche de l’ancien chef de la Séléka Michel Djotodia, lui-même bien- liés à des groupes armés basés à Vakaga (RPRC, FPRC et MLCJ).

Le 7 février, un petit avion privé loué par le ministre des Transports et de l’Aviation civile (voir document 1 ci-dessous) a quitté Bangui pour Birao avec à son bord le « colonel » Soumail, commandant de la zone MLCJ de Birao. Selon des sources confidentielles, dont des représentants du MLCJ et du RPRC, avant le vol, Soumail aurait reçu huit millions de francs CFA (14 632 $). Comme l’ont confirmé des sources à Birao, Ali Abderamane, le chef d’état-major du MLCJ, était présent sur la piste d’atterrissage de Birao pour récupérer l’argent à l’arrivée de Soumail. Le même jour, le « général » du RPRC Mahamat Djouma a déployé un de ses camions pour transporter des jeunes et des éléments armés à Tiringoulou (préfecture de la Vakaga). Des sources du Panel ont révélé que des éléments des FACA à Ndélé ont également reçu une somme d’argent (apparemment 10 millions de francs CFA (18 000 dollars)) en février dans le cadre d’une initiative de recrutement similaire dans la préfecture de Bamingui-Bangoran. Des jeunes locaux ont ensuite été recrutés pour être déployés afin de sécuriser les routes connues du trafic d’armes dans la région. Au total, 112 éléments ont été recrutés et déployés dans la préfecture de la Vakaga.

Au cours de ses enquêtes, le Groupe a rencontré nombre de ces recrues déployées dans la préfecture de la Vakaga, plus précisément à Tiringoulou, Gordil, Boromata et Illa Idriss. Ils ont expliqué qu’on leur avait promis 35 000-40 000 francs CFA (64-73 $) par mois, et que bien que les armes utilisées eussent été les leurs, ils avaient reçu des munitions d’éléments des FACA basés à Ndélé et Birao. Toutes les recrues avec lesquelles le Panel s’est entretenu ont confirmé que leur engagement était basé sur une future intégration promise dans les FSI ou les FACA à travers le processus DDRR. À un endroit, les recrues ont expliqué au Groupe d’experts que leur hiérarchie leur avait dit qu’elles faisaient partie du programme USMS (voir S/2021/87, par. 81). Le Panel a confirmé qu’aucun programme USMS n’avait été lancé dans la préfecture de Vakaga au moment de la rédaction de ce rapport. Des sources ont révélé au Panel qu’à la mi-avril 2021, certains éléments avaient également quitté l’initiative en raison de retards de paiement et d’un manque de clarté quant à leur statut.

Des représentants des groupes armés du RPRC, du MLCJ et du FPRC basés à Birao et à Bangui ont expliqué au Groupe qu’ils étaient au courant de cette initiative. Ils ont décrit l’initiative comme étant le résultat d’une rivalité politique entre des politiciens basés à Bangui qui espéraient accroître leur position politique auprès du président Touadéra. Selon eux, la formation prochaine du nouveau gouvernement avait motivé ces hommes politiques – à l’origine affiliés à des groupes armés – à se présenter comme contrôlant la préfecture de la Vakaga et donc essentiels pour l’Etat centrafricain. Le ministre Abazene a nié son implication dans la création de ce groupe de milices et l’a décrit au Groupe d’experts comme une initiative spontanée de la jeunesse de la Vakaga. Le Groupe d’experts a noté que, selon des sources, l’implication des FACA dans la fourniture de paiements et de munitions à des éléments de la milice de jeunes dans la préfecture de Vakaga résultait de décisions qui ont contourné les dirigeants des FACA, qui n’étaient pas au courant des actions des éléments sur le terrain.

Source : Rapport du Groupe des Experts de l’Onu du 25 juin 2021

 

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