Centrafrique : le mercenaire Mankeur Ndiaye soutient Touadéra dans son deal avec des GA !

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DISCOURS DU REPRESENTANT SPECIAL DU SECRETAIRE GENERAL DES NATIONS
UNIES ET CHEF DE LA MINUSCA, M. MANKEUR NDIAYE
A L’OCCASION DE LA GRANDE RENCONTRE DE RECONCILIATION DES
COMMUNAUTES DU NORD-EST

 

 

Bangui, le 09 novembre 2020

Son Excellence le Président de la République et Chef de l‘Etat,
Son Excellence le Représentant Spécial du Président de la Commission de l’Union Africaine,
Son Excellence Honorable Président de l’Assemblée Nationale,
Mesdames/Messieurs les Ministres et autres représentants des institutions centrafricaines,
Messieurs les délégués des communautés Birao, Bria, Kaga-Bandoro et Ndélé,
L’initiative de la grande rencontre de réconciliation des communautés qui nous réunit en ce
jour, devant cet auguste assemblé, se veut l’épilogue d’un long processus qui n’aura ménagé aucun
d’entre nous dans notre quête collective d’une solution politique durable au différend qui éclata dans le Nord-est du pays. Depuis des mois nous nous sommes tous investi de manière concertée dans l’espoir d’assister à la réconciliation des communautés jadis unies par la même culture et le même terroir dans la grande nation centrafricaine.

La rencontre est un tournant décisif vers le parachèvement de l’élan de réconciliation qui a
retenu notre attention, mobilisé nos efforts et nourri les attentes des populations qui ne demandent qu’à retrouver la cohésion sociale et renouer la dynamique communautaire qui sous-tend la paix et le
bienêtre de tous, sans exclusion. Je ne peux donc cacher toute ma satisfaction d’être le témoin privilégié de l’aboutissement de nos efforts collectifs, tant la MINUSCA n’aura ménagé aucun effort pour contribuer au retour de la paix dans cette belle région comme elle le fait tous les jours dans le reste du pays. Je me réjouis davantage de cette initiative de réconciliation dont la diversité, la qualité et le niveau de représentation témoignent de la pertinence et présagent des solutions durables et
consensuelles. La présence de tous les acteurs et parties prenantes y compris les représentants des
Comités de Mise en Œuvre Préfectoraux témoignent, si besoin en est, de votre attachement à la paix et au retour de la cohésion sociale dans le contexte de mise en œuvre de l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation.

Je sais que certains d’entre vous ont entrepris un long voyage pour participer à ce dialogue,
témoignant ainsi de leur fort engagement en faveur de la réconciliation. Mais au-delà de l’engagement, l’initiative de ce jour est une invite à l’action pour la paix. Oui vous êtes invités à agir pour panser les plaies béantes frayées par ce différend. Vous êtes invités à agir pour chasser à jamais les démons de la division et exalter en chacun d’entre vous l’esprit de paix qui exige un regard partagé vers un futur commun de cohésion qui ne serait réalité que dans le sacrifice des prétentions sectaires au profit de l’intérêt illégitime de toutes les communautés qui aspirent à la réconciliation.
Cette ‘grande réconciliation’ est essentielle, à la fois, pour consacrer et renforcer les efforts de
ces communautés pour la paix et le vivre ensemble.

Depuis la signature de l’Accord politique pour la Paix et la Réconciliation en RCA et la mise
en place dans les préfectures des Comités de mise en œuvre préfectoraux et des Comités techniques de sécurité, ceux-ci se sont illustrés comme de soutiens forts aux processus locaux de paix et aux efforts de coexistence pacifique entre les communautés. J’en veux pour exemple le pacte de non-agression et de cohabitation entre les parties belligérantes de Bamingui-Bangoran, signé le 27 août à Ndélé et des initiatives telles que la déclaration de Birao « Ville sans armes », la table ronde inclusive qui s’est tenue du 12 au 14 juin 2019 à Kaga-Bandoro ou encore la signature d’un engagement sécuritaire à Ouadda le 14 août – mettant fin à un cycle de violence interethnique.

L’appui de la MINUSCA à ces mécanismes et à tous ces efforts de paix est et demeurera
inébranlable. Toutefois la clef du succès dans toute initiative de paix réside, au-delà de notre appui
multiforme et de la volonté politique du Gouvernement, dans l’appropriation par toutes les
centrafricaines et tous les centrafricains de l’agenda de la paix et de la réconciliation nationale.
C’est en cela que la présente initiative, portée par les communautés, reste symbolique à nos
yeux en ce quelle illustre que la paix est une œuvre collective qui requiert une large appropriation
nationale et implique une obligation positive de mise œuvre qui incombe à toutes les composantes de
la société centrafricaine, avec le soutien des partenaires internationaux qui y ont intérêt.
Dans la lignée de ces efforts de médiation locaux, je me réjouis de voir aujourd’hui s’ouvrir
encore plus largement un espace de dialogue afin que les acteurs de ces zones dessinent ensemble un
avenir commun aux couleurs de la paix et de la prospérité. L’opportunité s’offre à vous de promouvoir une dynamique régionale positive, fondée sur les principes contenus dans les accords locaux de paix et dans l’APPR. Cette opportunité, vous devez la saisir.

Enfin, comment ne pas souligner l’importance de votre démarche de réconciliation régionale à
l’approche d’élections déterminantes pour l’avenir du pays ? Le 27 décembre les Centrafricaines et les Centrafricains seront appelés aux urnes pour élire leur Président et leurs députés. Nous avons,
ensemble, fait le maximum pour l’enrôlement de près de 2 millions d’électeurs et il faut se féliciter de
cet accomplissement. Il nous faut maintenant poursuivre cet effort pour assurer la participation active et inclusive de toutes les composantes de la Nation à ce rendez-vous de la démocratie. Il vous appartient de créer les conditions de paix nécessaires pour porter la voix de vos frères et sœurs centrafricains dans les bureaux de vote. Votre démarche, aujourd’hui, est essentielle pour garantir l’avenir démocratique, revitaliser l’ordre constitutionnel et marquer la marche irréversible de la République Centrafricaine vers une paix durable.

Dans ce moment important, j’aimerais souligner les efforts conjugués de la MINUSCA, de
l’Union africaine et de la CEEAC ainsi que d’autres partenaires bilatéraux et multilatéraux de la
République centrafricaine, qui accompagnent au quotidien le Gouvernement et les groupes armés dans la mise en œuvre de l’Accord de paix. Cette mise en œuvre nécessite l’engagement sincère de toutes les parties signataires et, bien sûr, l’accompagnement des pays voisins, de la région comme de la sousrégion. Cette attention de la communauté internationale et cette synergie ne peuvent porter de fruits que s’il y a le même engagement au niveau local. En effet, les processus de paix locaux visent à faciliter la mise œuvre de l’APPR. La mise en œuvre de l’APPR concourt à garantir la paix, la
restauration et l’extension de l’autorité de l’Etat, le retour de l’Etat de droit, notamment celui de la
justice.

Ces efforts intégrés, sont susceptibles d’atteindre le plein succès seulement si les signataires de
l’APPR, respectent les engagements pris. Ce succès réside pour autant dans une appropriation
nationale plus effective de l’accord de paix et un rôle plus actif des autorités locales et traditionnelles
dans sa mise en œuvre qui doit se poursuivre dans l’inclusivité et à travers des projets fédérateurs,
susceptibles d’ameliorer la vie du plus grand nombre. C’est le lieu d’exhorter les représentants des Groupes Armés, à renoncer définitivement et durablement à l’utilisation de la force ; à accélérer leur dissolution tel que stipulé par l’Accord de paix ; afin de transiter vers des entités civiles et politiques, lesquelles participeraient pleinement à la vie de la Nation dans le cadre de la Constitution centrafricaine et en prélude à la nouvelle politique de décentralisation initiée par le Président de la République et son Gouvernement en vertu des dispositions pertinentes de l’Accord de Paix.
Je vous encourage tous, en outre, à faire preuve d’écoute et d’un esprit constructif dans le cadre
de cette grande réunion de réconciliation, portés par l’espoir et la volonté de dialogue pacifique des
communautés que vous représentez. Nous espérons, même si la représentation de femmes et de jeunes parmi vous n’est pas aussi forte que nous l’aurions voulue, que vous prendriez sur vous de refléter leurs préoccupations.

Je conclurai en rappelant l’ampleur de la tâche qui est la vôtre. Les communautés que vous
représentez attendent que vous retourniez de Bangui avec la paix à laquelle elles aspirent tant.
Aussi, je vous exhorte à mettre leur intérêt, leur désir de paix au-dessus de tout autre, car sans
la paix, il ne saurait y avoir stabilité et développement. La paix requiert un engagement inébranlable
pour consolider les acquis et éviter, à tout prix, une marche arrière. Aujourd’hui, vous réalisez un
investissement durable pour la paix. Demain, les Centrafricains et les Centrafricaines collecteront les
dividendes de vos efforts : la cohésion sociale, le développement et la prospérité.

Je vous remercie de votre aimable attention.

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