Centrafrique : le journaleux Albert Yaloké – Mokpème tire la sonnette, Bangui menace de tomber aux mains de la CPC

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ALBERT YALOKÉ-MOKPEM TIRE LA SONNETTE D’ALARME, BANGUI MENACE DE TOMBER AUX MAINS DE LA CPC

1. Dans une interview exclusive accordée le 11 octobre 2021 au quotidien en ligne centrafricain Oubangui Médias, le Ministre-Conseiller Porte-Parole de la Présidence de la République, Albert Yaloké-Mokpem, parle très longuement de la panique et du désarroi qui frappent le régime du Pr Faustin Archange Touadéra. Tordant le cou aux dénégateurs qui nient la réalité de la menace de renversement du régime de Bangui par la CPC il affirme pour sa part que le Palais de la Renaissance voit « que les pressions viennent de toutes parts »

2. Interrogé sur la prétendue montée en puissance des FACA et de leurs alliés Wagner, il fait le constat suivant : « Ils ont libéré des villes, ils progressent dans leur marche, mais malheureusement les rebelles qui se sont dispersés dans la brousse reviennent (…) ». L’image d’Épinal du contrôle à 90% du territoire national par les troupes gouvernementales et Wagner vole subitement en éclat. Dans le même temps, la Présidence de la République reconnaît pour la première fois que la CPC n’a jamais été militairement vaincue mais elle s’était plutôt « dispersée dans la brousse » avec armes et bagages. Ce qu’en langage militaire on appelle un repli tactique.

3. La panique qui ronge le communiquant du Palais de la Renaissance n’est pas feinte. On sent que le porte-parole Albert Yaloké-Mokpem, qui nous présente l’état d’esprit torturé actuel du chef de l’État, est comme ce dernier dépassé par les évènements. Il lance même un SOS, un appel au secours désespéré :  » (…) il nous faut des hommes, il nous faut du matériel et vous voyez les difficultés que nous avons »?. Il relève également les problèmes de tensions de trésorerie qui accable le pouvoir de Bangui. En le lisant on comprend aisément pourquoi leur moral est dans les chaussettes. Car malgré tout le tapage médiatique pour ne pas dire malgré toue la propagande soviétique, la réalité c’est qu’il n’y a pas assez de FACA, pas assez d’armes et de moyens d’action, pas assez d’argent vu que les caisses sont vides.

4. On imagine le timbre de voix brisée du cacique du pouvoir quand il lance complètement décontenancé au journaliste de Oubangui Médias que « nos forces de défense et de sécurité sont en alerte et se préparent à faire face à des éventualités ». Comme on le voit, il ne s’agit pas que de rumeurs. Si les FDSI sont en alerte maximale c’est bien parce que la menace est réelle. Le Porte-Parole Albert Yaloké-Mokpem poursuit dans sa lancée et explique en toute franchise qu’il y « aura des poches de crise par endroit dans tout le pays. Nous nous préparons à cela, même Bangui n’est pas à l’abri ». Le mot est lâché « MÊME BANGUI N’EST PAS À L’ABRI ». Peur sur la ville.

5. Donc contrairement aux satellites du MCU, aux mange-miettes du pouvoir qui répètent avec démagogie aux Centrafricains « il n’y a rien, vaquez à vos occupations », le Porte-parole de Touadéra qui parle en son nom, qui est au cœur de l’appareil d’État, qui a accès aux informations les plus stratégiques, reconnait pour sa part qu’il y a réellement péril en la demeure. Le régime Touadéra menace de s’écrouler à tout moment. Et le communicant de Touadéra de reconnaître également que « La bataille est médiatique ». Encore une autre bataille de perdue visiblement.

6. Débordé de toutes parts avec des pressions incessantes, des urgences multiples, des moyens résiduels, des défaites militaires en cascade, une bataille médiatique harassante, le Porte-parole tente une explication : « Nous savons très bien qu’il y a des grandes puissances derrières ces groupes armés ». Précision : dans le langage du régime de Touadéra « grandes puissances » est un synonyme de la « France ». Ainsi, selon Touadéra et son porte-parole ce sont les groupes puissances qui appuieraient les troupes de la CPC. Contredisant lui-même son propre constat précédant qui indexait le manque de tout. Sans parler d’une chaîne de commandement de piètre qualité. Une chaîne de commandement militaire qui accumule les étoiles de généraux mais qui est incapable de produire une véritable doctrine d’emploi des forces. Sans compter également la cacophonie politique qui a pour conséquences des hésitations fatales, des absences rédhibitoires, des décisions mauvaises.

7. Actualité oblige, la voix autorisée de Touadéra essaie de vendre les éléments de langage du Palais de la Renaissance sur les tueries de Matchika. Éléments de langage qui voudraient nous faire croire malhabilement que ces massacres ignobles seraient l’œuvre de l’UPC. Mais il s’emmêle les pinceaux dans son explication. Voyez vous-même : « Quand on parle de Bambari, de Ngakobo, d’Alindao… c’est le même mode opératoire(…) ils s’attaquent maintenant aux convois ». Alors de deux choses l’une. Ou le mode opératoire est le même ou alors c’est différent mais pas les deux à la fois. Il ne peut pas soutenir d’un côté que le mode opératoire de la CPC est le même pour ensuite dire « ils s’attaquent MAINTENANT aux convois ».

8. Là, le communicant de Touadéra est pris dans son propre piège et reconnaît avec nous que le mode opératoire de la CPC est bien connu de nous tous. Or le mode opératoire à Matchika est « nouveau ». Jusqu’à aujourd’hui la CPC n’avait jamais agi ainsi. En revanche, ce mode opératoire est absolument le même trait pour trait à celui des Wagner. Nous l’avons vu à Bossangoa, à Koui, à Bang, à Bouzou, à Bézèrè, à Bambari (camp des déplacés) et partout ailleurs quand on parle de massacres de masses de civils. En tout cas, merci au Porte-parole de Touadéra de confirmer que le carnage de Matchika porte bien la marque des Wagner et non celle de la CPC.

9. La dernière tentative d’attaque de la MINUSCA ou de se défausser sur la MINUSCA est juste dérisoire et affligeante. Dérisoire car il est clair comme de l’eau de roche, d’après ses propres mots que tous les indices pointent vers la responsabilité accablante des Wagner et leurs complices FACA dans les tueries de Matchika. Et affligeante car il lance une accusation contre la MINUSCA pour quelques lignes plus bas reconnaître qu’ils n’ont pas encore vérifié ces allégations fallacieuses. Jugez par vous-même : « Sur le cas Bambari, il y a eu des témoignages que les éléments de la Minusca ont été sollicités pour la sécurité du convoi mais l’équipe n’est pas venue. Nous vérifions tout cela. »

10. Au final, ce que l’on retient de cette interview c’est que le Président Touadéra est conscient du danger de mort qui guette son régime. Qu’il est conscient de ne plus disposer d’une marge de manœuvre. Il n’espère plus qu’un miracle pour sortir indemne de cette épreuve décisive.

Cette interview n’est pas de nature à rassurer les FACA, car ils savent désormais qu’ils sont en sous-effectif, qu’ils sont sous-équipés, qu’ils fe raient face à des grandes puissances,
et qu’ils n’ont pas à espérer toucher leurs PGA vu qu’il n’y a plus d’argent. Dans ce cas, à quoi bon se battre quand le minimum à savoir les PGA ne sont même pas garantis et que la bataille est perdue d’avance vu le déséquilibre des forces en présence ?
Cette interview ne rassure pas non plus les partisans politiques de Touadéra car ils savent maintenant avec certitude que la situation sécuritaire du régime est volatile. Le régime peut tomber à tout moment. Mais dans ce cas, à quoi bon s’afficher de la sorte en défendant un régime qui va tomber et risquer de s’exposer à de probables futures représailles ?

Oubangui Médias

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