Centrafrique : le directeur de cabinet du 1er ministre Alexis N’dui Yabéla arrêté et humilié par les « Affreux Blancs » du Groupe Wagner

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Le mercredi 27 mars 2024, les Centrafricains se sont réveillés avec « Une scène surréaliste », selon un reportage du correspondant de DW à Bangui : des mercenaires du groupe Wagner armés jusqu’aux dents  se sont déployés dans toute la ville pour effectuer les missions dévolues à la police nationale, celles du contrôle de routine et d’infraction. Sur  les différents et principaux axes routiers, ils ont procédé à des contrôles de véhicules et à des arrestations des conducteurs.  Une méthode bien connue de notre rédaction, celle qui consiste à prétexter une mission de contrôle en vue de déposséder des particuliers de leurs biens. Si cette pratique était et demeure régulière dans les zones à l’intérieur du pays où ces « Affreux Blancs » sont déployés, il faut dire que c’est la première fois que ce genre d’opérations est réalisé dans la capitale centrafricaine.

Ainsi donc, après avoir mis la République centrafricaine en véritables coupes réglées par les pillages systématiques des ressources minières et forestières, suivis de commissions des actes de graves atteintes des droits humains sur les populations civiles, conformément aux termes du contrat bilatéral signé avec l’Imposteur de Bangui et les siens, les voilà qui se substituent maintenant aux forces de défense et de sécurité intérieure. Si la majorité des Centrafricains avaient accepté favorablement leur intrusion dans la douane, du fait des pratiques légendaires de fraudes et de minorations des recettes, cette fois – ci ils n’ont pas pu contenir leur colère en les voyant effectuer les contrôles des véhicules des particuliers et de l’état, suivis de l’arrestation de leurs conducteurs et passagers conduits la CNS pour être spoliés.

D’après le reportage de Jean Fernand Koéna de DW, Eric Sabet est journaliste, il a les pièces afférentes à son véhicule, mais il a été arrêté. « Nous avons toujours assisté à la venue des forces conventionnelles ou non conventionnelles dans ce pays, ce n’est pas la première fois, mais ce qui s’est passé ce matin est vraiment aberrant, aberrant parce que c’est un travail qui devrait être fait par la police mais ce sont les Russes qui le font maintenant. J’ai été arrêté ce matin, conduit au niveau de CNS où j’ai passé plus de 5h de temps et les gens n’ont pas pris le soin de me dire pourquoi j’ai été arrêté et c’est là-bas que je me suis rendu compte que je ne suis pas le seul, il y avait des colonels de l’armée, de la douane même le directeur de cabinet du Premier ministre faisait partie des gens qui ont été arrêtés. On se pose la question si demain ça va être quoi ? Où est-ce que les gens veulent nous amener ? », s’est – il interrogé. « Même le directeur de cabinet du Premier ministre faisait partie des gens qui ont été arrêtés », s’est – il exclamé.
Vivien Gaba est député. Il a lui aussi été victime de ce contrôle et se pose de questions sur cette opération. « A ma grande surprise, ma voiture a été arrêtée et quand je suis venu demander pourquoi ma voiture a été immobilisée, j’ai vu tout une panoplie de Centrafricains, les attroupements massifs au sein du commissariat national de sécurité (CNS) tout en sachant que c’est le groupe Wagner qui procède au contrôle des véhicules et je trouve ça anodin et les Centrafricains sont mécontents : nous ne sommes pas prévenus, il n’y a pas eu de travail de prévention en amont », a – t – il confié.
Ce mécontentement des Centrafricains face à la substitution des officiers de police judiciaire par les mercenaires du Groupe Wagner, des prisonniers de guerre et des délinquants de la pire espèce n’ayant aucune qualification requise pour exercer cette mission de souveraineté nationale, démontre à suffisance que l’épais bandeau noir qui leur voilait les yeux et les empêchait de se rendre à l’évidence et comprendre la gravité des conséquences de leur déploiement dans leur pays, est vigoureusement arraché. Pour autant, s’en suivra – t – il une prise de conscience nationale pouvant déboucher sur une insurrection nationale ? Nous n’en sommes pas sûrs !
Et pourtant, l’extrême brutalité dont ne cessent de faire montrent ces mercenaires, est connue de tous et décriée non seulement par certains médias locaux, mais surtout dénoncée par des organisations internationales de droits de l’homme et les experts de l’Onu dans leurs multiples rapports. Ceux-ci ne sont pas venus en Centrafrique pour les beaux yeux des Centrafricains et travailler au retour de la paix et de la sécurité. Ils ont été déployés dans ce pays pour garantir une assurance – vie à l’Imposteur de Bangui contre le pillage de nos mines et de nos forêts. C’est pourquoi, le chercheur de l’IFRI Thierry Vircoulon ne s’était pas gardé de soutenir que  » Grâce à l’accord de paix, la captation de l’aide internationale qui était auparavant le privilège de l’élite au pouvoir a été élargie aux seigneurs de guerre. Ils ont maintenant accès, par des voies officielles et officieuses, à cette manne qui est l’une des principales ressources du pays. De ce fait, l’économie politique prédatrice des groupes armés – admise par tous avant l’accord de Khartoum et en voie de légalisation avec cet accord – ressemble de plus en plus à celle des dirigeants ». 
Et, à ce propos,  Nathalia Dukhan, enquêtrice senior et responsable du programme Wagner à The Sentry, de déclarer : « La République centrafricaine est devenue le laboratoire de la terreur du Groupe Wagner. Avec un nombre limité de combattants et le soutien actif du président Touadéra, le Groupe Wagner a réussi en seulement cinq ans à infiltrer et à contrôler la chaîne de commandement militaire de la RCA, ainsi que ses systèmes politiques et économiques. La Russie a révélé son plan de guerre psychologique et de domination – un type tout à fait nouveau de colonialisme ultraviolent. Sans une action globale et coordonnée urgente pour contrer cette menace, le réseau terroriste et prédateur du Groupe Wagner continuera à se propager et à semer la dévastation partout où il s’implante ».
Si, depuis 2017 à ce jour,  la non – réaction des Centrafricains face à ces actes d’une extrême gravité peut être justifiée par la peur institutionnalisée,  désormais avec le ciblage des autorités elles – mêmes, tel que nous l’avons vécu hier avec le contrôle des véhicules sur toutes les grandes artères à Bangui, il est fort à craindre que la honte et la fierté nationale puissent aiguiser leur ressentiment et inciter tout le monde à fédérer les énergies pour s’y opposer.
Dans tous les cas, l’humiliation subie par le directeur de cabinet du premier ministre Alexis N’dui Yabela, l’un des orfèvres de l’imposition de la constitution du 30 août 2023 et l’un des défenseurs les plus célèbres du Groupe Wagner, doit donner à réfléchir à l’Imposteur de Bangui et tous ses ouailles qui leur ont fait recours.
La rédaction

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