Centrafrique : le calme, c’est bon !

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ÉDITO DE BANGUI FM DU 04.03.2020

Le calme, c’est bon !

Cette phrase que la légende attribue au président Denis Sassou Nguesso devait être le mantra qui ensoleille les actions des autorités centrafricaines, surtout en cette période incertaine, où l’on s’inquiète tous de l’avenir du pays. Hélas, triple hélas, certains actes posés par ce gouvernement sont de nature à menacer gravement la cohésion nationale et la paix sociale.

Avant d’aller plus avant, beaucoup s’étonneront de cette sortie, ils ont raison, puisque cela fait plusieurs mois que suivant les exigences de mes géniteurs, notamment de ma maman chérie, je me suis éloigné des rivages corrupteurs de la politique centrafricaine, cessant de produire des éditoriaux sur Bangui FM. Mais étant exigeant à l’égard de la vie et ayant en horreur la lâcheté ainsi que les injustices, j’aurais la conscience troublée si je demeurais silencieux face à l’arrestation arbitraire de Fari Tahéruka Shabbaz.

On nous signale que ce compatriote que du reste je n’ai jamais rencontré de toute ma vie se serait rendu ce mardi à la Compagnie nationale de sécurité (CNS) pour faire le suivi d’une plainte qu’il aurait lui-même portée contre un autre compatriote qu’il aurait accusé d’avoir dérobé son téléphone portable et qu’il s’est retrouvé, fort étonnement, en garde à vue. On l’aura compris, à ce jour, nous ignorons ce dont on lui reproche mais nous pouvons aisément imaginer son crime. Alors son crime ?

C’est d’être trop virulent sur les réseaux sociaux contre la politique du président Faustin Archange Touadera, de vitupérer à longueur de journée ses errements ainsi que les pratiques détestables de son entourage !

Or, on ne peut imputer une quelconque malveillance à Fari Tahéruka Shabbaz qui ne fait rien d’autre que de souhaiter voir son pays être mieux gouvernés. Il le fait à sa manière, c’est-à-dire sans nuance et avec véhémence. C’est le propre même des idéalistes me diriez-vous. Quand il critique les dirigeants à qui nous avons confié pour un temps la destinée nationale, Fari Tahéruka Shabbaz est dans son rôle d’activiste. C’est d’ailleurs un droit qui lui est garanti par la Constitution du 30 mars 2016 sur laquelle le président de la République a prêté le serment mais qui, d’après les mauvaises langues de Bangui, est superbement ignorée par ce dernier comme de la première chemise à Clovis.

Critiquer les dirigeants, c’est aussi cela la démocratie à laquelle aspire notre pays et dont l’une des premières valeurs reste et demeure la liberté d’opinion. Nos autorités doivent se souvenir de cette célèbre citation de Voltaire : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire ».

Il leur incombe donc de démentir Fari Tahéruka Shabbaz en faisant en sorte que l’avenir du pays soit le plus dégagé possible et que les avis de tempête qui se multiplient s’éloignent. Nos dirigeants doivent vaincre son scepticisme en lui démontrant par des actions concrètes que leur option est la moins mauvaise et que Fari a tort de les critiquer. La solution n’est nullement de le priver de sa liberté. Non ! il s’agit là d’une mauvaise publicité faite à notre pays qui est entrain de ressembler, de l’avis même des observateurs crédibles, à la Corée du Nord.

Alors messieurs, libérez Fari Tahéruka Shabbaz qui présente toutes les garanties de représentativité et qui pourrait se présenter librement devant les autorités judiciaires du pays pour répondre de ses actes.

Ce faisant, les sceptiques n’auront plus aucune raison de comparer notre pays à la Corée du Nord où il n’existe aucune liberté, sans parler de la liberté d’opinion. En définitive, les dirigeants du pays doivent savoir que le calme, c’est même très bon.

Lu Pour Vous
La rédaction

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