Centrafrique : la triste et funèbre sérénade de l’après – Touadéra a – t – elle été entonnée par Tibor Nagy ?

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C’est la question qui trouble actuellement le sommeil de certains lanceurs d’alerte, de quelques professionnels des médias et de la majorité de la classe politique centrafricaine. Comme des tourbillons de poussière et des rafales de vent arrachant tout sur leur passage et annonçant l’arrivée imminente d’une féroce et impétueuse tempête, les signes annonciateurs d’un grand et triste événement, celle d’une fin de règne, sont perceptibles par des lyriques depuis quelques jours, nous rapportent des sources diplomatiques. L’annonce de ce grand complot international dont l’homme fort de Bangui est l’objet, a été officiellement faite par le sous – secrétaire d’Etat américain aux affaires étrangères Tibor Nagy, lors de son séjour de 48 heures dans la capitale centrafricaine.

Le nouveau Monsieur Afrique du département d’Etat US, ancien officier du service extérieur américain, un grand connaisseur de l’Afrique, où il a roulé sa bosse pendant plusieurs années comme ambassadeur, en Guinée et en Éthiopie par exemple, a débarqué chez Touadéra avec trois (3) importants dossiers dans sa cartable : l’Accord de Paix de Khartoum, l’organisation des prochaines échéances électorales et la présence russe et des mercenaires du Groupe Wagner dans le pays de Bokassa.

Dans un langage dénué de tout caractère sibyllin , Tibor Nagy n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour rappeler à son hôte l’urgence pour lui de réactiver cet accord mal au point, selon plusieurs signataires, en y associant cette fois – ci toutes les forces vives de la nation, pour un règlement pacifique et consensuel de cette crise qui n’a que trop duré. C’est à cette condition que pourront être organisées des élections démocratiques, libres, inclusives, transparentes, incontestables et incontestées. Pour finir, le diplomate américain a mis en garde tous ceux qui tenteraient de déstabiliser la République centrafricaine, en faisant directement allusion à la présence des soldats russes et des mercenaires du Groupe Wagner en Centrafrique et dans la garde rapprochée du président centrafricain. Evoluant dans l’absence totale de transparence et menant des activités opaques et manifestement douteuses, ceux – ci peuvent être utilisés pour créer un désordre électoral et faire embraser tout le pays.

Si Touadéra, en fin roublard, est resté comme toujours dans la position d’un élève attentif et attentionné face à son maître, hochant régulièrement la tête, son for intérieur et son subconscient bouillonnaient, par contre, de tristes souvenirs et de réminiscence. Ils lui rappelaient de manière plus ou moins distincte les mêmes mots et les mêmes argumentaires contenus dans la magistrale communication que Macron lui avait faite en septembre 2019, à Paris. Que faire maintenant ? Les mettre en application ou se résoudre comme il en avait fait avec les précieux conseils de Macron en les envoyant à la poubelle ?

Seulement ce que Touadéra ignore, c’est qu’il n’a plus son destin entre les mains. En effet, alors qu’au sortir de l’Elysée, il avait une carte à la main, celle de se rendre à Brazzaville, d’abord, d’écouter son grand – frère Denguès, ensuite, et rentrer au pays, enfin. Face à l’américain, il est désormais totalement dos au mur et doit tout simplement obéir. Et il a obéi en ouvrant les portes du palais de la Renaissance à l’ancien président François Bozizé et à l’ancien chef d’état de la transition Alexandre Ferdinand N’Guendet. Mais, il lui reste à réactiver l’Accord de Paix de Khartoum, en acceptant de s’asseoir autour d’une même table avec tous les Groupes Armés et toutes les forces vives de la nation, et à mettre un terme à la présence russe en Centrafrique. Deux choses qui lui semblent difficiles à réaliser, car ce serait donner l’occasion à ses pires ennemis de lui donner le coup de grâce, à savoir le pousser vers une transition politique avec ou sans lui.

Alors, jusques à quand pourra – t – il ainsi résister ? Et s’il devait soutenir ce statu quo, quel partenaire se risquerait – il dans ces conditions à l’aider au financement du budget des prochaines échéances électorales ? Et les organiser  dans quel contexte sécuritaire ? En persistant dans cette voie sans issue, Dieu ne l’aurait – il pas aveuglé, lui le diacre ? Sait – il au moins que les départs du commandant du 6ème bataillon camerounais, du commandant en chef des casques bleus Balla Kéita, et du représentant spécial adjoint Kennth Gluck participent effectivement d’une certaine volonté des différents partenaires de la République centrafricaine de voir enfin  les choses bouger de manière significative ? Que dit – il du changement du ton des institutions financières internationales de Bretton – Woods au sujet de l’état de nos finances publiques et de nos dernières demandes d’aides ? L’étau ne se resserrait – il pas dangereusement contre lui et son régime ?

Comme l’ambassadeur américain près les Nations Unies Bill Richardson avait bien fait comprendre au « Grand Léopard », à Kinshasa le 29 avril 1997, qu’il ne pourra plus jouer les uns contre les autres, et qu’il lui faut accepter sa « dernière chance » de partir « dans l’honneur et la dignité », Tibor Nagy est venu au nom des principales chancelleries occidentales lui chanter dans les oreilles une douce, mais triste et funèbre sérénade.

Jean – Paul Naïba

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