Centrafrique : la Sodeca et le paradoxe de l’accès des populations à l’eau potable

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Pays enclavé, situé en Afrique Centrale, la RCA est qualifié de « château d’eau » car drainé par deux bassins ; celui du Chari au Nord et de l’Oubangui au Sud. A cela s’ajoutent les nappes d’eau souterraines profondes. Le potentiel hydraulique du pays est estimée à environ un milliard (1.000.000.000) m3/an. Malgré ce potentiel assez important, le taux d’accès des populations à l’eau potable demeure très faible. L’existence de la SNE, aujourd’hui SNE + SODECA, n’a pas permis de pallier cette situation de pénurie et de la qualité de cette ressource pourtant abondante.

Face à cette situation, les pistes de réflexion sont multiples : 1- les capacités techniques et opérationnelles de la SODECA sont-elles suffisantes ? 2- la privatisation de la SODECA est-elle une solution ? 3- la gouvernance du secteur permet-elle de répondre à l’attente de la population ? Telles sont les réflexions qui se posent pour pouvoir apporter des réponses idoines à la situation actuelle.

Les capacités techniques et opérationnelles nous amènent au domaine des ressources humaines et techniques dont dispose la SODECA. Au niveau des RH, la société dispose de techniciens capables de faire face, mais qui méritent aujourd’hui d’être renforcés. Au niveau technique, les équipements et installations (réservoirs, conduits, pompes, etc. ) sont dépassés, car ne peuvant répondre à la demande actuelle (offre et demande). Le circuit de distribution pose un problème de la qualité des équipements de distribution qui sont pour la plupart en amiante et très dangereux pour la santé des consommateurs. Toutes les installations en provinces, à savoir Bambari, Bossangoa, M’BAÏKI pour ne citer que ces chefs – lieux de préfecture sont dégradées et inopérantes. L’approvisionnement en consommables (produits chimiques) n’est pas fiable et il se pose très souvent un problème de rupture de stocks.

La privatisation de la SODECA est-elle une solution ? Cette question mérite un peu de recul et pose un problème de souveraineté, car l’eau est une ressource fondamentale à la vie et la santé des populations. L’Etat doit être garant en terme de protection de la quantité et de la qualité. La privatisation doit être faite en tenant compte de ces paramètres. A ce titre, le capital de la société peut être cédé à un pourcentage qui, en aucun cas et pour quelque motif que ce soit, ne devra mette  l’Etat en position de faiblesse.

La gouvernance de la SODECA est-elle suffisante pour garantir à la population centrafricaine l’accès à l’eau en qualité et en quantité ? Le véritable nœud gordien de la prospérité de la SODECA en particulier et des sociétés d’État, en général,  trouve des éléments de réponse dans les pesanteurs liées à l’environnement politique et institutionnel en vigueur et dans lequel sont moulées les autorités politiques et administratives de notre pays.

En effet, au niveau institutionnel et juridique le non-respect des règles ( OHADA) pour la désignation du DG de la SODECA est relevé. A ce titre, les critères de compétences sont foulés au pied au profit des critères subjectifs de népotisme, de tribalisme, d’amitié ou familial.. Le contrôle général des offices publics dont la charge incombe à un certain Arthur Piri, parent direct du Gangster de Bangui,  est de fait mis en place pour enrichir le régime et ses tenants, car il ne respecte pas les procédures édictées par la Loi de 2008 relative aux offices publics en RCA. Au niveau politique, il n’existe pas une réelle volonté pour rendre la SODECA prospère. Les ressources financières générées servent à satisfaire les besoins du régime en place et non celle de la SODECA et donc de la population. Le DG, une simple marionnette, n’est désigné que pour satisfaire cette cause, comme cela se passe dans l’univers infernal de la mafia sicilienne. Ce mécanisme ici décrié est valable pour toutes les sociétés d’État en RCA. Tous les pouvoirs qui se sont succédé, ont pris en otage les offices publics pour satisfaire leurs envies personnelles et égoïstes.

Fort de qui précède, les propositions de solutions sont d’ordre holistique et spécifique: 1- Améliorer la gouvernance de la SODECA en appliquant et en respectant les textes et vigueur ; 2- mobiliser un financement pour un projet d’amélioration et d’extension du réseau de la SODECA avec les puits relais dans la ville de Bangui ; 3- mobiliser un financement pour un projet de développement des agences d’adduction d’eau potable dans principales villes du pays ( Bambari, Bouar, Bossangoa, Berberati, M’Baïki, Sibut, Bangassou, Bria, etc); 4- garantir la fourniture en consommables par l’établissement d’un contrat formel avec une entreprise reconnue internationalement.

Dans tous les Etats du monde et toute administration digne de ce nom, la prospérité d’une entreprise nationale dépend de la gouvernance institutionnelle et de l’environnement politique. Car gouverner n’est rien d’autre que  servir et non se servir. Aujourd’hui, le constat est amer en RCA. Le pouvoir actuel est caractérisé par un partage sans mesure du gâteau entre les différents protagonistes de la crise, au détriment de la population, de sa souveraineté et de ses droits tant élémentaires que vitaux. Il est grand temps que  le peuple centrafricain se réveille et choisisse à l’avenir  des dirigeants déterminés à le servir et non à utiliser ses voix pour s’enrichir et l’offrir en potence à des mercenaires de tout acabit et à des organisations nationales et internationales, mafieuses et criminelles.

Un compatriote qui a requis l’anonymat

 

 

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