Centrafrique : la dictature s’instaure avec la bénédiction des « affreux blancs russes » sous l’œil approbateur du G5

0
827

Enfin, elle n’est plus une fiction, le fruit de l’imaginaire de certains médias centrafricains qui en veulent au pouvoir de Bangui. Non seulement, elle est devenue une réalité visible et lisible dans la vie quotidienne de la majorité des Centrafricains et de toutes les institutions républicaines et nationales, mais surtout elle s’impose désormais comme mode de gouvernance.

Une gouvernance caractérisée ces derniers temps par des enlèvements, des arrestations et détentions arbitraires, des tortures, des assassinats, des perquisitions des propriétés privées sans mandat préalable légal du procureur de la république, des incendies des habitations, des suppressions des libertés, etc. Cette gouvernance s’appelle « DICTATURE », c’est – à – dire « un régime dans lequel une personne (dictateur), ou un groupe de personnes, disposant d’un pouvoir absolu, s’y maintient de manière autoritaire et l’exerce de façon arbitraire », selon Wikipedia. C’est la conclusion la plus juste et la plus incontestable à laquelle nous sommes parvenus, au lendemain de l’annonce de manière tacite et régulière des décisions d’interdiction de sortie du territoire national faite respectivement au président de l’URCA Anicet Georges Dologuélé, député de Bocaranga 1, et au président du MLPC Martin Ziguélé, député de Bocaranga 3 et président de la Commission – Finances, par un certain ministre de la sécurité publique et non par un juge en charge de l’instruction de leurs dossiers. De l’arbitraire, de l’abus de pouvoir et de l’autoritarisme guidé par un certain masochisme, en somme ! Pourquoi ?

Comme nous pouvons l’affirmer sans risque de nous tromper, ces mesures de restrictions des libertés, celles d’aller et venir,  prises arbitrairement à l’endroit de deux représentants nationaux, dans l’exercice de leurs fonctions et jouissant de l’immunité parlementaire, ne peuvent pas bien entendu être détachées de l’atmosphère délétère qui s’est emparée de la République centrafricaine, avant, pendant et après l’organisation des calamiteuses élections du 27 décembre 2020. Un environnement de dérives totalitaires et de graves violations des droits humains, chargé très fortement de malheurs, de tristesse, d’angoisse et de sérieuses inquiétudes, depuis l’invalidation de la candidature de l’ancien président François Bozizé Yangouvonda plusieurs mois après son retour inopiné au pays, le refus catégorique de dialoguer avec toutes les forces vives de la nation et les attaques de la capitale centrafricaine, le 13 janvier 2021, par les éléments de la Coalition des Patriotes pour le Changement CPC. Avec l’instauration de l’état d’urgence, d’abord pour une durée limitée à quinze jours et ensuite étendue à six mois par l’assemblée nationale, du couvre – feu et du déploiement des mercenaires russes du Groupe Wagner et rwandais en Centrafrique, conformément à des accords bilatéraux, pour des opérations de contre – offensives contre les villes sous occupation des rebelles de la CPC, qui s’en était suivie, la crainte des dérapages sur les droits fondamentaux des populations et du citoyen centrafricain était prévisible. Mais, comment en sommes – nous arrivés là ?

C’est depuis sa prise de fonction le 30 mars 2016 que celui qui se faisait passer pour le « Candidat des Pauvres » mais qui s’est entretemps mué en leur véritable bourreau, préparait l’avènement de ce régime dictatorial dans sa petite république caucasienne de Bangui – Kistan, « monopartiste, violent, criminel et prédateur des droits et des libertés ». « Qui veut aller loin ménage sa monture », disait Racine dans « Les Plaideurs ». Alors, tel un couple de moineau tissant son nid, l’homme avait jugé judicieux de saper les fondements de la démocratie centrafricaine, chèrement acquise après de durs et rudes grands sacrifices dans les années 90. D’abord, par le débauchage des cadres et députés des partis politiques siégeant à la représentation nationale, ensuite en modifiant les dispositions du règlement intérieur de cette institution interdisant le nomadisme ou la transhumance des députés, enfin par la destitution du président Abdoul Karim Méckassoua qui s’était farouchement opposé, au regard de l’article 60 de la constitution, au transfert de la compétence exclusive de l’assemblée nationale, en ce qui concerne la signature de tout contrat relatif aux ressources naturelles ainsi que des conventions financières, au profit du seul bureau de l’assemblée nationale. C’est fort de cette modification que Touadéra parviendra à obtenir la signature de l’Accord de Khartoum du 6 février 2019 qui finalement se révélera un vrai deal manifestement mafieux ou un acte avéré de compromissions entre lui, les mercenaires du Groupe Wagner et les groupes armés, en contrepartie d’octroi de contrats léonins portant sur des permis miniers, d’amnistie aux égorgeurs du peuple centrafricain, d’allocation de grade de généraux et de leurs nominations ainsi que de leurs représentants dans le gouvernement, à la présidence de la République, l’assemblée nationale, à la primature et à des hautes fonctions. Et ce, en flagrante violation de l’article 28 de la constitution.

Après avoir réussi à museler les élus de la nation à grands coups de billets de banque et dompter l’organe de contre – pouvoirs, il ne lui restait donc qu’ à restreindre les libertés individuelles et collectives et la liberté de la presse, en instituant une communication au parfum russe par l’entremise de son conseiller à la sécurité Valeri Zakharov et le recours à des faux panafricanistes, et en mâtant sévèrement toute manifestation pacifique, à l’exemple de l’utilisation des FDSI et des éléments de sa garde prétorienne contre le Mouvement « E ZINGO BIANI » et ses leaders, d’une part, et à instrumentaliser les autres institutions républicaines et nationales à des fins politiques afin d’asseoir toute son autorité et garantir la conservation de son pouvoir par tous les moyens, d’autre part. Dans cette optique, l’histoire de la République centrafricaine, pourtant riche en renseignements et rebondissements, retiendra son refus de mettre une nouvelle ANE en place dans un délai imparti de douze mois et d’en faire une institution fondamentale indépendante, impartiale et inclusive. Cette posture trahira sa ferme volonté de s’en servir comme d’un dispositif de fraudes massives, lors des catastrophiques élections du 27 décembre 2020 ; il en sera de même pour la cour constitution dont l’un des avis proposait la tenue d’une concertation nationale avant la convocation du corps électoral.

Tout cela, sur le plan interne, au vu et au su d’une opposition démocratique « covidée, mi – confinée et mi – déconfinée », à travers une COD – 2020 trop formaliste et non – pragmatique, et surtout d’une société civile totalement effacée et servilement inféodée au pouvoir de Bangui, et sur le plan diplomatique, sous l’œil trop bienveillant, trop amical et trop complice des Grandes Démocraties Occidentales.  A en croire que les valeurs et les nobles principes qu’elles prônent et défendent, sont différents des nôtres ! En effet, les principaux partenaires de la République centrafricaine, entre autres la France, les Etats – Unis, l’Ue et l’Onu dont les ambassadeurs et représentants ont siégé au sein du comité stratégique d’appui au processus électoral, mis en place en violation de la constitution par le premier ministre Firmin Ngrébada, et rivalisant d’attributions constitutionnelles avec le Cadre de Concertation, cautionneront l’institutionnalisation de cette dictature. Par leur silence sur l’absence totale de transparence dans le processus électoral, leur acceptation du retrait du droit de vote des réfugiés dans un pays où l’inclusivité et l’équilibre géopolitique intercommunautaire et national doivent être de mise, leur assistance financière notamment celle de l’Ue dont le coût est estimé à 21 millions d’euros sans contrepartie d’exigence de respect des valeurs démocratiques, des droits de l’homme, de liberté, de justice et de dialogue politique qui fondent leur société et la bonne et franche collaboration entre les forces onusiennes de la Minusca et les « affreux blancs » du Groupe Wagner accusés actuellement de graves exactions, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, ils ne peuvent ne pas avoir efficacement contribué à la liquidation et l’assassinat de la démocratie centrafricaine.

Par conséquent, la France de Diderot, Voltaire, Rousseau et Montesquieu, les Etats – Unis de James Madison, Abraham Lincoln et Martin Luther King, et l’Ue d’Adenauer, Spaak, Schuman et Monnet ont favorablement soutenu le Gangster de Bangui dans son entreprise diabolique. Aux leaders des partis politiques et à tous les combattants de la liberté de se lever pour restaurer la démocratie ! En se mobilisant massivement pour imposer, à l’IMPOSTEUR Touadéra, l’évacuation sanitaire du président de l’URCA et député de la nation, Anicet Georges Dologuélé, le lundi 29 mars 2021, date d’anniversaire de la mort tragique du Père fondateur de la République B. Boganda, dans un accident d’avion.

Jean – Paul Naïba

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici