Centrafrique : la chasse au président Touadéra est ouverte

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Centrafrique : la chasse au président Touadéra est ouverte

                                                                                      Le président Faustin Touadera

LE RETOUR DES VIEUX DÉMONS

Les tuteurs et certains partenaires de la République Centrafricaine ont retrouvé leurs détestables réflexes. Pour sortir de la crise, une seule solution selon eux : changer de président, même s’il a été démocratiquement élu – voire, l’éliminer physiquement pour le remplacer par un serviteur cupide et docile, qui veillera sur leurs intérêts au détriment de ceux des Centrafricains.

Le président Touadera semble être devenu un gibier traqué dans la savane. Il ne s’agit pas là d’une élucubration journalistique. Certains signes ne trompent pas : de Paris à N’Djamena en passant par Brazzaville et l’Union Africaine, les menaces à l’encontre du chef de l’État centrafricain ne sont plus feintes.

On fait tout pour l’isoler. Ajoutez à ce tableau déjà très chargé les bruits de bottes menaçants à la frontière du Tchad. On annonce que des mercenaires soudanais, nigériens et tchadiens se sont regroupés et sont positionnés pour envahir Bangui le moment venu.

RENCONTRE A N’DJAMENA : AU MENU ? DU TOUADERA !

Le plat principal des agapes proposées par Idriss Déby à Emmanuel Macron était…du Touadera. Lequel a commis le crime de donner les clés du pré carré français aux Soviétiques !

Il faut donc en urgence trouver le moyen de l’éjecter du pouvoir et de mettre à sa place un nouveau dirigeant qui évincera les Russes de la Centrafrique, de façon à ce que la France retrouve sa prééminence ternie.

D’après nos sources, le dialogue a été rude entre les deux hommes. Idriss Deby, confronté à ses propres rebelles qui sévissent dans le Tibesti et le sud de son pays, a fait savoir au chef de l’Etat français qu’il n’avait pas le temps de s’occuper de la déstabilisation du président Touadera. Sa première préoccupation est, en effet, de protéger son trône contres ses propres rebelles et ainsi, d’essayer de mettre fin à l’influence russe qui ne cesse de s’étendre.

Du coup, la France s’est tournée vers l’Union Africaine pour accentuer les pressions sur le président Touadera, afin de mettre fin au cauchemar que représente le poids des Soviétique en République Centrafricaine.

La rencontre à Bangui entre Touadera et Moussa Fakir, président de la Commission Africaine a donc été rude. Car la présence soviétique a donné au chef de l’État centrafricain une pugnacité insoupçonnée, qui lui permet, désormais, de résister aux inacceptables pressions extérieures.

UNE INITIATIVE DE PAIX IMPOSÉE PAR LES RUSSES A KHATOUM

Aux dernières nouvelles, c’est donc l’initiative soviétique qui semble avoir été retenue. Celle qui a été initiée par le panel des facilitateurs de l’Union Africaine soutenue par la France risque de se fondre dans la première.

C’est ainsi que nous apprenons, avec stupéfaction, que des pourparlers vont se dérouler le 24 janvier 2019 à Khartoum (Soudan), entre le Gouvernement centrafricain et les rebelles, sous les auspices de l’Union Africaine nous dit-on. Ce serait le président Touadera en personne qui aurait donné l’information.

On peut aisément supposer que ce sont les Russes qui mènent la danse. Si on a ajouté « sous lesauspices de… », c’est uniquement pour ménager la France et l’Union Africaine. Voilà bien encore une victoire de Poutine ! Ce sont désormais les Soviétiques qui sont les maitres de l’horloge en Centrafrique. La France donne l’impression d’être hors-jeu.

Et pourtant, n’a-t-elle pas encore sa place dans la résolution du dilemme centrafricain ?

Ses avions de chasses type Mirage 2000 n’ont –ils pas récemment survolé une colonne de rebelles, en appui à une opération de force de l’ONU à Bambari ?

Nous n’avons cessé ici de rappeler que c’est le bon sens qui doit prévaloir. Seule, une coalition des forces centrafricaines, françaises et russes sera capable de mettre fin aux exactions sur les populations qui n’en peuvent plus et sauver la Centrafrique.

LES RUSSES NE PEUVENT PAS SE SUBSTITUER AUX FRANÇAIS

Les Centrafricains ont certainement beaucoup de griefs contre l’ex- puissance coloniale. Les razzias arabes pour le compte des esclavagistes français, toute la période coloniale, caractérisée par l’inhumanité et les exactions des sociétés concessionnaires à l’encontre des populations, ont profondément marqué la personnalité et la mémoire du peuple centrafricain, prompt à considérer le Français comme le diable, malgré la part cultuelle et la langue qu’ils ont en partage.

Après l’indépendance, l’Hexagone n’a cessé de s’impliquer dans la politique de la jeune République. En faisant et en défaisant les Rois. En choisissant les présidents. En organisant des coups d’état. En intervenant militairement pour protéger ses intérêts. Ce passé pernicieux de la France a, incontestablement, joué un grand rôle dans l’instabilité chronique de la République Centrafricaine.

Du coup, les Russes en démagogues avisés, n’ont aucune difficulté à rappeler aux Centrafricains, le passé douloureux laissé par la France.

Ce nonobstant, il faut reconnaître l’aide que l’ex-puissance coloniale a apportée à la jeune République : soutien à la mise en place de l’administration naissante, paiement du traitement des fonctionnaires, etc…

A cause des dirigeants cupides qui n’ont cessé de piller les caisses du jeune État, la France continue à être un partenaire inévitable de la République Centrafricaine. Sans son implication, sans ses forces armées pour soutenir les FACAS, la paix risque de ne pas revenir dans le pays de Boganda, à condition, toutefois, de ne plus instrumentaliser les bandes armées pour tenter de déloger les Russes.

Le survol par des Mirage 2000 de la ville de Bambari, violentée et mis à sac par les sanguinaires de l’ex-Séléka, vient rappeler que le pays ne peut pas se passer de la présence et de l’influence françaises. S’impliquer dans la recherche de la paix sans manipulation de l’Union Africaine, c’est la seule urgence actuellement pour la France.

Les soupçons de complots, ourdis avec la complicité de certains chefs d’États de l’Afrique centrale, pour éliminer le président Touadera, ne peuvent que renforcer l’animosité des Centrafricains à l’égard de la France. Et leur faire oublier que les Russes sont là essentiellement pour profiter des matières premières du pays et satisfaire leurs intérêts.

La question cruciale que doivent se poser les Centrafricains, c’est, en effet : que font exactement les Russes en Centrafrique ?

Quels rapports entretiennent-ils avec les rebelles ?

Ne jouent-ils pas double jeu en négociant en catimini avec les ex-Sélékas ?

Soutiennent-ils réellement les forces centrafricaines dans la lutte contre les rebelles ?

Ont-ils la volonté d’appuyer les FACAS sur le terrain pour réduire les rebelles et capturer leurs chefs ?

Qu’ont-ils promis aux responsables sélékistes lors des pourparlers de Khartoum qu’ils ont initiés ?

 

NÉCESSITÉ POUR POLITIQUES CENTRAFRICAINS DE S’ENGAGER DANS LA BATAILLE

Barthélémy Boganda aimait à le dire : il faut être « Tous ensemble ».

Sa maxime reste d’actualité : ce sont tous les Centrafricains qui doivent s’unir à leurs dirigeants pour résister aux assauts de violences qui n’ont jamais été aussi menaçants.

Quant aux politiciens, ils doivent taire leurs palabres politiciennes. Ils doivent assumer leur mission de défenseurs de la Nation. La priorité absolue, ce ne sont pas leurs joutes politiques. C’est le combat contre les ennemis de la République, ces bandes armées de mercenaires étrangers qui la font vaciller.

Il faut taire les différends, il faut se mobiliser avec les autorités pour mettre fin aux souffrances des Centrafricains et lutter contre la partition du pays.

Le patriotisme doit habiter tous les Centrafricains.
Sinon, ils pourront être considérés comme les complices de la chasse au président Faustin-Archange Touadera.

Chasse qui n’est rien d’autre qu’une tentative de faire main basse sur tout un pays.

JOSEPH AKOUISSONNE DE KITIKI

ANI

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