Centrafrique : Ismaël Agnagano, homme d’affaires… Ou espion gabonais à Bangui ?

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CONFIDENTIELS

Ismaël Agnagano, homme d’affaires… Ou espion gabonais à Bangui ?

La famille de ce Gabonais arrêté en Centrafrique le 24 février dénonce une détention arbitraire. Mais, selon les informations de Jeune Afrique, les autorités de Bangui le soupçonnent d’espionnage au profit des services de renseignement gabonais.

POLITIQUE GABON

Mathieu Olivier

L’affaire menace d’empoisonner les relations entre le Gabon de Brice Clotaire Oligui Nguema et la Centrafrique de Faustin-Archange Touadéra. Voici un peu plus d’un mois, le 24 février, l’homme d’affaires gabonais Ismaël Agnagano, patron de deux sociétés spécialisées dans l’audit et la sécurité privée, a été interpellé à Bangui.

Depuis, il est incarcéré dans les locaux de l’Office central de répression du banditisme (OCRB) et sa famille tente d’obtenir des explications et de mobiliser la diplomatie gabonaise, notamment le ministre des Affaires étrangères du gouvernement de Raymond Ndong Sima, Régis Onanga Ndiaye, ainsi que le président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema.

Accusé d’espionnage

Auprès de nos confrères de RFI, le père du détenu a déclaré que son fils était victime de certains de ses concurrents centrafricains, notamment depuis qu’il a remporté un appel d’offres dans le cadre de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac). Il affirme que la vie de l’homme d’affaires serait aujourd’hui en danger.

Né à Port-Gentil le 16 juin 1988 et décrit sur ses papiers d’identité comme comptable de profession, Ismaël Agnagano est établi à Bangui depuis sept ans. Il dispose même, selon les informations de Jeune Afrique, de la nationalité centrafricaine, laquelle lui a été accordée avec l’assentiment du ministre de l’Intérieur Henri Wanzet Linguissara.

Dès lors, quelles sont les raisons de son arrestation ? Selon nos sources, Ismaël Agnagano est soupçonné d’espionnage, de faux et d’usage de faux. Les autorités centrafricaines le soupçonnent ainsi d’avoir utilisé ses sociétés et son activité économique à Bangui pour dissimuler des actions de renseignement au profit du pouvoir gabonais.

Des enregistrements illégaux saisis

Toujours d’après nos informations, Ismaël Agnagano aurait travaillé avec un policier gabonais nommé Oumar Adzibaga, cadre à Libreville de la Direction générale de la documentation et de l’immigration (DGDI, précédemment Cedoc), en charge des renseignements extérieurs. À ce titre, il aurait transmis des informations sur le fonctionnement du pouvoir centrafricain.

Les autorités centrafricaines ont pu analyser les communications de l’interpellé. Sur la base d’une série de documents audio, elles l’accusent notamment d’avoir procédé pour le compte des renseignements gabonais à des enregistrements illégaux de plusieurs personnalités de Bangui et de figures de l’entourage de Faustin-Archange Touadéra. Parmi celles-ci figureraient notamment Sani Yalo, Prince Borel Yaounga Yiko, Pascal Bida Koyagbélé, ministres et proches conseillers du président Touadéra, Jean-Baptiste, un neveu du chef de l’État, Hervé Kogboma, directeur général de la BGFI à Bangui, Alfred Poloko, président du Conseil économique et social centrafricain, ou encore l’homme d’affaires Dede
Sombo.

Jeune Afrique

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