Centrafrique : ils se sont fondus dans la nature comme de petits lapins !

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L’un des tout premiers enjeux devant lesquels était confronté celui qui se présentait comme « le Candidat des Pauvres et l’Homme de la Rupture », était incontestablement la reconstruction de l’armée nationale, de la gendarmerie et de la police dont le non – professionnalisme des différents éléments, leurs activismes politiques, leur absence totale de patriotisme et leur ignorance des missions essentielles qui restent et demeurent les leurs auront été à l’origine des coups d’état que la République centrafricaine a connus, depuis le 15 mars 2003 au 23 mars 2013. Au sortir du sommet de Bruxelles du 17 novembre 2016, ce dernier avait expliqué que « l’aide internationale doit permettre d’investir dans l’armée et de réinstaller les déplacés internes et réfugiés centrafricains dans les pays voisins (Tchad, Cameroun), dont le total était estimé à 850.000 personnes ».

Avec des donateurs s’engageant à fournir « 2,268 milliards de dollars » sur trois ans, chiffre encore provisoire selon lui, l’objectif est atteint « à 141% », avait déclaré Faustin-Archange Touadéra, en référence aux 1,6 milliard USD jugés nécessaires pour 2017, 2018 et 2019. Au final, l’UE, qui se présente comme le premier donateur, a promis 778 millions de dollars d’ici à 2020 : 450 de la Commission, auxquels s’ajoutent 328 millions des États membres. Il s’agit de « soutenir les efforts que fournit la RCA pour parvenir à la paix, à la sécurité et à la réconciliation » et d’ « encourager le développement et la reprise économique, tout en continuant à fournir une aide humanitaire », selon un communiqué de l’UE, qui aide par ailleurs à la formation des soldats centrafricains à travers sa mission EUTM RCA lancée en juillet pour deux ans. La Banque mondiale, selon un de ses responsables, s’est engagée « au-delà des 500 millions USD » sur trois ans.

Quatre années plus tard, de ce à quoi tous ces fonds ont servi, un communicant du pouvoir publiait en 2020 dans un article ce qui suit :

« A en croire, le Chef suprême des armées Faustin Archange Touadera sa vision est de bâtir une armée républicaine jeune, pluriethnique, forte, puissante et dynamique afin d’assurer la protection de la population et l’intégrité du territoire nationale. « La RCA demeure toujours un pays post conflit. Il faut que les jeunes soient recrutés dans l’armée et ces jeunes aiment bien être incorporés dans l’armée. Avec l’État-major, le ministère de la défense et le gouvernement, nous ferons tout en notre pouvoir pour ces jeunes qui veulent protéger leur pays contre les dangers qui sont à venir, il faut les former pour sécuriser le peuple centrafricain et les institutions de l’État, afin de favoriser le développement du pays », a-t-il déclaré. Selon le Président de la République la paix en Centrafrique dépendra du travail qui est fait par l’armée. « C’est ainsi que nous voudrions prendre ce moment de féliciter nos jeunes, nous leur demandons de bien faire leur travail pour que la paix revienne doucement dans le pays », a-t-il souligné.

Quant au Chef d’État-Major des armées, le général Zéphyrin Mamadou, «l’État-major des armées est à la première ligne sur tous les fronts et doit assumer ces missions régaliennes et conjugue en même temps le déploiement des troupes sur le terrain, aux fronts et aussi coordonne la formation des jeunes recrues ». En outre, Zéphyrin Mamadou a fait savoir sa grande satisfaction. « Nos 1311 soldats, j’en suis persuader ont été bien formés. Leurs courages, leurs bravoures et leurs énergies débordantes sont les atouts majeurs pour barrer la route aux ennemis de la paix, au nom de l’Etat-Major des armées. Je tiens à féliciter les instructeurs FACA pour toute l’attention accordée dans l’encadrement de nos jeunes, le savoir être du militaire et la discipline dans les armées et aussi surtout de leurs inculquer la valeur fondamentale du militaire ». L’armée centrafricaine monte actuellement en puissance et fait face à la menace des groupes armés dont leurs capacités ont été considérablement réduites à l’issue des assauts lancés depuis un an pour libérer le territoire ».

Fort malheureusement, cet article est un article recommandé et est très loin de refléter la réalité du terrain. Car, non seulement, les forces de défense et de sécurité intérieures, en général, et l’armée, en particulier, dont on ne cesse de dire qu’elle a monté et monte en puissance, ne sont pas capables d’assurer des opérations de maintien de l’ordre dont l’objectif consiste à prévenir les troubles afin de n’avoir pas à les réprimer, mais surtout celles – ci sont prêtes à ôter leurs tenues, à se fondre dans la foule et à s’évaporer dans la nature, en cas d’annonce de menaces à venir. C’est ce spectacle de désolation, de sérieuses inquiétudes, et d’abandon des missions qui sont les leurs, celle d’assurer la protection des biens et des personnes, de veiller à la défense de l’intégrité du territoire national et de faire préserver les intérêts fondamentaux de l’Etat, auquel nous avons assisté hier à Bangui, quelques minutes après la propagation des folles rumeurs d’infiltration de la ville de Bangui par des rebelles de la Coalition des Patriotes pour le Changement.

« Au Pk 12 où nous nous sommes installés pour écouler nos produits, nous avons vu des gendarmes se déshabiller, abandonner leurs armes et se retrouver qui en pantalon Jean qui en tenue de sport pour se mettre à l’écart et laissant vide la brigade territoriale de la gendarmerie. Même la barrière est délaissée et le poste de contrôle où se trouvaient les fonctionnaires et agents de l’état chargés de racketter les passants et les sujets peulhs, totalement déserté. Ce n’est que plus tard, suite au défilé incessant des mercenaires du Groupe Wagner et rwandais et des éléments de la garde présidentielle vers Damara qu’ils sont sortis pour occuper leurs postes », nous a rapporté un vendeur à la sauvette. « Au Camp Kassaï, dans les différents régiments, au Palais de la Renaissance, à la Primature, dans les ministères, les banques où l’on voyait des gens qui attendaient leurs salaires, au Trésor public, c’était le Sauve – Qui – Veut ! Si des hauts gradés de l’armée, de la gendarmerie et de la police ont tous éteint leurs téléphones, les sous – officiers et les hommes de rang ont changé à la hâte de tenue pour chercher où se cacher. Au bord de l’Oubangui, les piroguiers ont été contraints d’augmenter les frais de leur pirogue devant le flux si accru des candidats à la traversée dont la plupart étaient des pontes du régime, leurs laudateurs et leurs communicants, difficilement identifiables », nous a révélé un pêcheur habitant Ouango – Sao.

Alors, que dire de cette armée qui monte en puissance ? Comment un régime si barbare, si criminel, si inhumain peut – il compter sur une armée de peureux, de déserteurs, de sprinters et de lâches ? Où étaient – ils ces mercenaires du Groupe Wagner et rwandais dont on vantait les prouesses à longueur de journée ? Pourquoi n’ont – ils pas pu empêcher les forces de défense et de sécurité intérieures de se déshabiller pour disparaître dans la nature comme des petits lapins ? « Un peuple conscient ne saurait confier la défense de sa patrie à un groupe d’hommes étrangers quelles que soient leurs compétences. Les peuples conscients assument eux-mêmes la défense de leur patrie », n’avait pas martelé Thomas Sankara ? De ce fait, que pourraient vraiment faire ces mercenaires russes et rwandais, si le peuple centrafricain devait décider de descendre dans la rue comme hier ? En faisant fuir les FDS qui ont abandonné un tant soit peu leur arme, leur bureau, leur poste, leur villa, leurs véhicules, leurs enfants et leurs épouses, par cet emportement, ce peuple ne veut – il pas tout simplement  signifier à l’Imposteur de Bangui que celles – ci préféreront sauver leurs vies que de se battre pour lui et son pouvoir manifestement illégal, illégitime et totalement faisandé ?

KassaMongonda depuis PK12

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