Human Rights Watch n’a fait que décrire la réalité Et dire la sombre vérité sur ce régime maléfique
PAR PR JEAN–FRANÇOIS AKANDJI–KOMBE
Dans une lettre qu’il vient d’adresser à Human Rights Watch, le CRT se félicite de la
publication du dernier rapport de cette organisation sur la République Centrafricaine,
intitulé : « RCA, le rétrécissement de l’espace civique ». La lettre ajoute : « Ce document
constitue à nos yeux une contribution majeure à la prise de conscience internationale de la
grave dérive dictatoriale que connaît notre pays depuis quelque temps. Il représente aussi
un espoir pour les citoyens et les organisations de Centrafricains qui luttent pacifiquement
pour la liberté et la démocratie ».
A Bangui, au cœur du pouvoir, c’est peu de dire qu’on n’a pas du tout apprécié ce rapport.
La machine à mensonges et à stigmatisations a d’ailleurs été immédiatement mise en branle contre HRW et son responsable Afrique centrale, M. Lewis Mudge. De communiqués
incendiaires en déclarations dans les médias, ils sont traités de tous les noms et qualificatifs dont le pouvoir affuble habituellement les démocrates du pays : ennemis de la paix,ennemis du peuple, agents de l’étranger,agents de la CPC, et on en passe…
Mais pourquoi ce déversement de haine à l’état pur ? Que diable contient donc ce rapport ? En peu de mots, il décrit une situation. Une situation dans laquelle « Les journalistes, la société civile et les partis d’opposition subissent du harcèlement et des restrictions ». Il constate sur le pays « le spectre d’un État à parti unique de facto ».
Ce rapport ce sont des faits, constatés sur le terrain. On y trouve aussi interviews d’acteurs
aussi, du monde politique et de la société civile. A cet égard il est intéressant de noter que les acteurs dits de la « société civile du pouvoir » ont aussi été interrogés, dont un certain
Kossimachi, patron d’une milice au service de Touadéra, celui–là même qui insulte et menace à longueur de journée les démocrates et les chancelleries étrangères, qui appelle dans des vidéos et conférences de presse publiques incendiaires à leur appliquer des « sévices corporels », voire plus. Son interview est édifiante !
J’invite chacun à lire ce rapport : https://www.hrw.org/fr/afrique/republique–centrafricaine.
Chaque centrafricain sait que c’est la triste réalité de son pays qui y est décrite.
Dans son interview sur une radio de Bangui, M. Mudge précise que, pour HRW, il s’agit avec
ce rapport de prévenir le basculement complet dans la dictature et dans les crimes qui
l’accompagnent.
Force est malheureusement de constater que le basculement a déjà eu lieu. Les meurtres et les disparitions forcées sont déjà là, orchestrés par la milice de Touadéra, « Les Requins ». La répression politique est déjà là aussi, de même que l’instrumentalisation de la justice contre les citoyens, les lanceurs d’alertes et les leaders politiques, c’est–à–dire contre toute personne qui n’épouse pas la parole officielle du Dictateur. Le CRT, dont les dirigeants ont été condamnés et condamnés à l’exil, en savent quelque chose.
C’est pourquoi HRW doit prolonger et compléter son rapport…
Source : Bulletin citoyen d’information, d’éducation et de mobilisation du lundi 17 avril 2023 – Numéro 015