Centrafrique : Honte à vous M. Laurent Ngon Baba et à tous les députés – traitres à la patrie !

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Faut – il en pleurer ? En rire ? S’en offusquer et se taire ou s’en plaindre et s’en révolter dans un baroud d’honneur, tel un gladiateur, abandonné par tous et livré à lui – même, son bouclier et son glaive à la main, condamné à se battre dans l’arène contre des fauves affamés et enragés, et déterminé à arracher sa liberté au prix de sa vie et de son sang ? Mais de quels combats et de combien d’hectolitres de sang, doit – on encore en parler ? D’héroïques batailles et du sang en abondance, des centrafricains  n’en ont –t – il livrées et versé en abondance tant à Bangui que dans nos villages, nos communes, nos sous – préfectures et nos préfectures, depuis l’attaque de la ville de Ndélé, le 10 décembre 2012, par les éléments de la Séléka et leurs hordes de mercenaires patentés ? N’était – ce pas au nom de la paix, de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale, fatigués de courir, de mourir, de pleurer, d’enterrer leurs morts et de faire leurs deuils, qu’ ils avaient décidé d’aller aux urnes et de confier la gestion de leur destinée au président Touadéra et à leurs représentants nationaux ? Etroitement surveillé par ces derniers, conformément aux dispositions de la constitution du 30 mars 2016, et en fonction de leur rôle de contre – pouvoir,  n’avait – il pas pour missions essentielles d’assurer la défense de l’intégrité du territoire national, la protection des biens et des personnes et la préservation des intérêts fondamentaux de l’Etat ? Voilà de pertinentes questions qui se bousculaient dans la tête des centrafricains, il y a quelques jours, à la veille de la séance parlementaire consacrée au débat sur la présentation de la déclaration de politique générale du gouvernement Ngrébada2.

Anxieux et très inquiets de son issue, les combattants de la liberté, les démocrates convaincus, les observateurs avertis de la vie politique centrafricaine, des professionnels des médias et des lanceurs d’alerte ont été un tant soit peu rassurés, suite aux informations émanant de certains états – majors de certains partis politiques faisant état du refus par leurs députés et d’autres de se laisser corrompre par le premier ministre Ngrébada et révélant que le 1er vice – président de l’assemblée nationale Jean – Symphorien Mapenzi a été copieusement hué par ses collègues après une prise de position sur un aspect technique du débat à venir.

Malheureusement, au fur et à mesure que le temps s’égrainait et que l’on s’acheminait inexorablement vers l’heure H, les atermoiements des uns et les hésitations des autres à confirmer leurs positions laissaient plus ou moins transparaitre clairement que l’espoir tant souhaité et entretenu n’était plus permis, que le miracle tant voulu par tous ne se produira pas et que surtout le sursaut patriotique tant promis par certains élus de la nation dont l’esprit patriotique et la fibre nationale étaient encore loin d’être profanés et corrompus par l’environnement politique ambiant puant, n’aura pas lieu.

Effectivement, comme il fallait s’y attendre, après plus de 8 heures de débats, sans véritablement grand intérêt, boycotté par le chef de file de l’opposition démocratique, le député Anicet Georges Dologuélé, et dont la qualité des interventions restera dans les annales comme l’une des plus minables de l’histoire de toutes les législatures centrafricaines, sur 131 votants dont 122 pour contre 5 non, 3 abstentions et 1 bulletin nul, la déclaration de politique générale du premier ministre Ngrébada a été adoptée  sans grande surprise.  Mais, si à l’énoncé des résultats, une joie immense illuminait le visage de l’intéressé lui – même, de ses ministres et des représentants nationaux acquis à sa cause et qui attendaient déjà impatiemment le versement du reliquat du prix de l’achat de leur conscience et du salaire de la trahison du peuple centrafricain, l’atmosphère était tout bien différent loin de l’hémicycle de l’assemblée nationale.

En effet, au même moment, dans les quartiers, les restaurants, les débits de boisson, les taxis et bus, les états – majors de certains partis politiques, et dans les rédactions de certains médias, c’était la colère. Une colère qui traduisait le sentiment légitime, chez les uns et les autres, d’avoir perdu à cet instant précis quelque chose fondamentalement précieux, à savoir, d’abord, leur dignité d’appartenir à une communauté d’hommes libres et liés par des années d’histoire, de culture et de vie en partage, ensuite, leur fierté d’être un peuple vivant sur sa propre terre, héritée de leurs ancêtres et de leurs aïeux et acquise après tant de longues et héroïques luttes, de rêves brisés, d’interminables pleurs, de deuils incommensurables et de grands sacrifices, enfin, leur souveraineté, en tant que peuple indépendant, ayant la maîtrise de sa destinée et capable de s’exprimer et de décider respectueusement dans le concert des nations. A ce sujet, ils ont totalement raison et aucun argumentaire si scientifiquement objectif, solidement argué et incontestablement établi ne saurait prouver le contraire et calmer cette colère citoyenne.

Pour la simple raison que, si pour les princes du pouvoir de Bangui, leurs thuriféraires et leurs laudateurs fieffés, la procédure de présentation de la déclaration de politique générale du premier ministre Ngrébada était un exercice démocratique tout à fait normal et répondait fondamentalement aux exigences consacrées par les dispositions de l’article 54 de la constitution du 30 mars 2016, sa mise en route n’était en réalité pour les combattants de la liberté, les démocrates convaincus, les observateurs de la vie politique nationale, des professionnels des médias et des lanceurs d’alerte, qu’un alibi astucieusement conçu par le président Touadéra pour faire valider l’Accord de Khartoum par les élus de la nation. Ceux – ci soutiennent, en outre, que cet accord ayant imposé « de facto » et « de jure »  la mise en place de nouvelles institutions, officiellement sonné le glas du régime de Bangui, du fait de sa capitulation tacite, lors des négociations à Khartoum, et de la reconnaissance de la suprématie militaire des GA qui occupent plus de 85% du territoire national, et décrété l’enfouissement dans les poubelles de tout son programme politique et autres projets de sociétés sur la base desquels il a été élu, le débat à l’assemblée nationale ne pouvait donc tout naturellement que porter sur la validation de cet accord, et  non, comme on voudrait bien le faire croire, sur une quelconque déclaration de politique générale, et l’appropriation de tout son contenu par les députés, en tant qu’acteurs politiques et représentants nationaux. Et c’est ce qui a été fait, à grands coups d’argent.

En conséquence, par cet acte hautement ignoble, irresponsable et indigne des élus de la nation qui ne peut avoir d’égal que le degré inouï du mépris, d’insouciance et de totale indifférence qu’ils n’ont jamais cessé d’afficher publiquement vis – à – vis  du peuple centrafricain, de ses décisions et de ses besoins prioritaires, le président de l’assemblée nationale Laurent Ngon Baba et tous ses collègues sans exclusive et toutes tendances politiques confondues viennent solennellement d’essuyer leurs pieds pleins de souillures sur les recommandations du Forum de Bangui, de démissionner de leur rôle de contre – pouvoir et de gardien de la constitution,  de légitimer les raisons sus – évoquées de la colère du peuple  qui  s’amoncelle lentement mais sûrement  tels de gros et sombres nuages dans notre ciel, de porter gravement atteinte à l’existence de notre pays en tant qu’état souverain et indépendant, et de désacraliser les valeurs de travail, de justice, d’égalité, d’intégrité, d’impartialité, de compétence, du don de soi pour l’autre, d’intérêt général et du sens élevé du devoir pour la patrie que les architectes de notre pays ont inventées et sur lesquelles reposent l’organisation et le fonctionnement de notre Etat.

Par la validation de cet Accord de Khartoum, en violation des termes de son article 18 et des dispositions de la constitution, et après la nomination des  représentants des groupes armés dans le gouvernement, à la présidence de la République, à la primature et dans les entités périphériques, désormais la fonction publique centrafricaine sera ouverte à des braqueurs, de hors – statuts et de déchets intellectuels, la justice rendue non pas au nom du peuple, mais par le justiciable et le justicier, selon le droit de la force, nos régions érigées en gouvernorat militaire ou comité de mise en œuvre préfectoral placé sous l’autorité directe des mercenaires qui ont pour noms Abbas Sidiki, Mahamat Al – Katim, Nourreidine Adam et Ali Darass, et les forces de défense et de sécurité, l’armée comprise, n’auront plus pour missions substantielles, la défense de l’intégrité du territoire national, la protection des biens et des personnes et la préservation des intérêts fondamentaux de l’Etat, mais seront dorénavant diluées en nombre minoritaire dans les unités spéciales mixtes de sécurité et les brigades chargées de contrôler les couloirs de transhumance des éleveurs – peuhls et de leurs bétails, à la recherche de verts pâturages et des terres fertiles  et les pistes de convoyage de bœufs. C’est ce qui signifie en français facile, l’adoption de cette déclaration de politique générale du premier ministre Ngrébada par les élus de la nation.

Honte donc à M. Ngon et à tous ses collègues députés – traitres à la patrie, corrompus, cupides et lâches !

Aux centrafricaines et aux centrafricains maintenant  de s’organiser et de se lever comme un seul homme pour arracher leur liberté et leur dignité et  rejeter la nouvelle servitude dans laquelle Touadéra, avec la complicité active de leurs représentants nationaux, a décidé de les plonger !

Jean – Paul Naïba

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